Signification
"Prendre quelqu'un pour un lapin de six semaines" signifie prendre quelqu'un pour un idiot, un naïf, un ignorant, quelqu'un de facile à berner. C'est le fait de tenter de tromper, de mentir ou de manipuler quelqu'un en le sous-estimant, en pensant qu'il est assez stupide pour gober n'importe quelle histoire. On l'utilise pour indiquer à son interlocuteur que son but est évident, que son entourloupe a été démasquée, que l'on n'est ni dupe ni idiot.
Cette expression est généralement employée sous la forme négative : "Ne me prends pas pour un lapin de six semaines !" pour dire "Ne me prends pas pour un naïf !" ou "ne me prends pas pour quelqu'un qui manque d'expérience".
Origine et explication
L'origine exacte reste débattue, mais l'hypothèse la plus courante est étroitement liée à la biologie et à l'élevage des lapins, ce qui lui donne un caractère très concret et imagé.
Le lapin et l'âge de la naïveté : L'expression fait référence à l'âge du lapin. Un jeune lapin est fragile, sans défense et, surtout, très facile à attraper.
À la naissance : Les lapereaux naissent aveugles et nus. Ils sont totalement dépendants de leur mère.
À trois semaines : Les lapereaux commencent à ouvrir les yeux et à explorer leur environnement. Ils sont encore très inexpérimentés et ne sont pas encore habitués à se méfier des dangers. Ils se laissent facilement approcher, voire attraper.
À six semaines : C'est à cet âge que le lapereau est le plus vulnérable et le plus inexpérimenté par rapport au monde extérieur. Il est sevré, mais il n'a pas encore acquis les réflexes de survie et la méfiance nécessaires pour se protéger des prédateurs. Il est donc la proie idéale, "facile à duper".
Origine populaire et rurale : Comme de nombreuses expressions françaises, celle-ci est issue du monde rural et de l'observation de la nature. La familiarité avec l'élevage des animaux a fourni des métaphores simples et efficaces pour parler des comportements humains.
Variantes
On trouve aussi les variantes "lapin de deux semaines" ou "lapin de trois semaines", qui jouent sur le même principe : plus le lapin est jeune, plus il est censé être naïf et facile à duper.
Pourquoi six semaines plutôt que trois ? La variation entre "trois" et "six" semaines est due au fait que les deux âges correspondent à une période de vulnérabilité. Cependant, "six semaines" est la version la plus répandue et la plus acceptée. Elle est peut-être plus imagée car le lapereau à six semaines a déjà l'allure d'un jeune lapin indépendant, mais n'a pas encore la ruse et l'expérience d'un adulte. Le chiffre six a une résonance plus forte que le trois. Le "six semaines" insiste sur l'idée d'une jeune maturité, mais qui reste encore très naïve.
Expressions apparentées
Plusieurs expressions partagent un sens similaire :
Prendre pour une poire : Signifie prendre pour un imbécile, une personne facile à tromper.
Prendre pour un pigeon : Une "pigeon" est une victime facile à tromper, souvent financièrement.
Prendre pour une dinde (ou pour un dindon) : S'utilise pour dire qu'on se moque de quelqu'un ou qu'on le considère comme stupide.
Prendre pour un imbécile / un idiot / un benêt : Versions plus directes et moins imagées.
Ne pas être né de la dernière pluie : Cette expression est un excellent antonyme. Si on n'est pas né de la dernière pluie, on n'est certainement pas un lapin de six semaines.
Usage géographique
L'expression est notamment répertoriée comme étant utilisée en Lorraine mais elle se retrouve dans différentes régions francophones.
Exemples d'usage
"S'il croit pouvoir me cacher son lien avec le trafic de drogue et son rôle de livreur de marchandise, c'est qu'il me prend vraiment pour un lapin de six semaines, ce qui m'agace passablement."
"Il a essayé de me faire croire que la voiture n'avait jamais été accidentée, mais je ne suis pas un lapin de six semaines. J'ai tout de suite vu les traces de réparation."
C'est une expression colorée qui fait partie de ces tournures imagées si caractéristiques du français populaire !
Conclusion
"Prendre pour un lapin de six semaines" est une expression imagée et très populaire qui illustre à quel point la langue française est riche en métaphores animales. Elle renvoie directement à l'image d'un jeune animal sans défense, facile à leurrer. L'expression s'est imposée pour qualifier une personne que l'on considère comme inexpérimentée et donc facilement manipulable, ce qui en fait un excellent synonyme de "prendre pour un naïf". Le choix entre "trois" et "six" semaines n'est qu'une variante mineure qui ne change en rien le sens profond de l'expression.
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