"Au diable vauvert"
Signification
"Au diable vauvert" signifie "très loin", "dans un endroit reculé et difficile d'accès", "au bout du monde". L'expression s'emploie pour désigner un lieu extrêmement éloigné, perdu, isolé, souvent avec une nuance d'exaspération ou de découragement face à cette distance.
Elle peut aussi s'utiliser au sens figuré pour exprimer quelque chose d'excessif, d'exagéré : "Il pousse le bouchon au diable vauvert !" (il va trop loin, il exagère).
Origine historique fascinante
Cette expression a une origine géographique précise et documentée, ce qui est rare pour les locutions populaires. Elle fait référence au château de Vauvert, situé dans l'actuel 6e arrondissement de Paris, près du Luxembourg.
Au XIIIe siècle, ce château était réputé hanté par le diable lui-même ! Selon la légende urbaine parisienne, des apparitions diaboliques, des bruits étranges et des phénomènes inexpliqués s'y produisaient régulièrement. Le peuple de Paris avait donc surnommé ce lieu "le diable Vauvert" ou "le diable de Vauvert".
Le château étant situé aux confins de Paris (à l'époque), "aller au diable Vauvert" signifiait littéralement se rendre dans ce lieu mal famé et éloigné du centre-ville. Par extension, l'expression en vint à désigner tout endroit très distant et difficile d'accès.
Précision historique : En 1259, Saint Louis (Louis IX) donna ce château aux Chartreux pour y établir un monastère, ce qui mit fin aux "apparitions diaboliques" - comme quoi la prière chasse le diable !
Évolution linguistique
- XIIIe-XIVe siècles : "Au diable de Vauvert" (référence géographique précise)
- XVe-XVIe siècles : "Au diable Vauvert" (simplification)
- XVIIe siècle à nos jours : Généralisation du sens à tout lieu très éloigné
Variantes régionales et historiques
- "Au diable au vert" (déformation populaire)
- "Chez le diable Vauvert"
- "Au fin fond du diable Vauvert"
Exemples dans la vie courante
Frustration géographique :
"Tu habites au diable vauvert ! Il me faut deux heures pour venir chez toi avec les transports en commun."
Contexte professionnel :
"La nouvelle succursale ? Ils l'ont installée au diable vauvert, personne ne voudra y aller travailler."
Situation familiale :
"Mamie a déménagé au diable vauvert dans sa maison de retraite. On ne peut plus la voir qu'une fois par mois."
Usage hyperbolique :
"Pour trouver une place de parking dans ce quartier, il faut aller se garer au diable vauvert !"
Dans la littérature française
Rabelais (XVIe siècle) emploie déjà des variantes de cette expression dans Gargantua et Pantagruel, témoignant de son ancienneté dans la langue populaire.
Molière l'utilise avec virtuosité dans ses comédies pour souligner l'exaspération de ses personnages face aux distances à parcourir dans Paris.
Charles Dickens (dans ses œuvres traduites) : l'expression pose d'ailleurs des défis intéressants aux traducteurs, car elle n'a pas d'équivalent exact dans d'autres langues.
Honoré de Balzac s'en sert fréquemment dans La Comédie humaine pour décrire les quartiers excentrés de Paris où vivent certains de ses personnages moins fortunés.
Émile Zola, dans Au Bonheur des Dames, l'emploie pour contraster entre le Paris moderne des grands magasins et les quartiers périphériques encore ruraux.
Georges Simenon utilise souvent l'expression dans ses romans policiers pour décrire les lieux où le commissaire Maigret doit se rendre dans ses enquêtes.
Littérature contemporaine
San-Antonio (Frédéric Dard) abuse délicieusement de cette expression dans ses romans policiers humoristiques, l'intégrant dans son style argotique et populaire.
Michel Audiard l'a popularisée au cinéma dans ses dialogues savoureux, notamment dans Les Tontons flingueurs et autres films cultes.
Usage contemporain et nuances
L'expression reste très vivace en français moderne avec plusieurs registres :
Registre familier courant :
"Il habite au diable vauvert" (constatation neutre d'éloignement)
Registre expressif :
"Tu m'envoies au diable vauvert pour ça !" (protestation véhémente)
Registre humoristique :
"Mon bureau est au diable vauvert, j'ai le temps de lire trois romans dans les transports !"
Particularités grammaticales
- S'emploie toujours avec la préposition "au"
- Peut être renforcé : "au fin fond du diable vauvert"
- Accepte des variantes familières : "au diable vert" (par contamination avec "au diable vauvert")
Expressions similaires
- "Au bout du monde"
- "À Pétaouchnok" (registre plus familier)
- "Au fin fond des campagnes"
- "Dans un trou perdu"
Dimension culturelle
Cette expression illustre parfaitement la mentalité parisienne historique, où tout ce qui était au-delà des limites de la ville était perçu comme lointain et potentiellement hostile. Elle témoigne aussi de la persistance des superstitions médiévales dans la langue populaire, le château de Vauvert continuant à "hanter" notre vocabulaire des siècles après la disparition des prétendues apparitions diaboliques.
Aujourd'hui encore, elle conserve sa force expressive pour dire l'éloignement, la distance, avec cette pointe d'exaspération si caractéristique de l'esprit français !
Sens et signification
L'expression "au diable vauvert" signifie très loin, dans un endroit difficile d'accès et éloigné de tout. Elle évoque un lieu perdu, isolé et souvent imaginaire. On l'utilise pour signifier qu'une chose ou une personne se trouve à une distance considérable, presque hors d'atteinte.
Origine et étymologie
L'origine de cette expression est plus complexe et fait l'objet de plusieurs théories. L'hypothèse la plus courante est qu'elle fait référence à un château ou une forteresse appelée "Vauvert".
Le Château de Vauvert : La théorie la plus répandue se réfère au Château de Vauvert, situé à l'extérieur de Paris, près de l'actuel Jardin du Luxembourg. Au Moyen Âge, cet édifice a acquis une très mauvaise réputation. Il était réputé pour être abandonné, délabré, et fréquenté par des brigands et des mendiants. On racontait que des bruits étranges s'y faisaient entendre, et on l'associait à des présences démoniaques. L'expression "il s'en est allé au diable de Vauvert" est devenue un synonyme de "il s'est perdu dans un lieu maudit et lointain".
Une corruption de "val vert" : Une autre hypothèse, moins acceptée, suggère que "Vauvert" pourrait être une déformation de "val vert", le diable étant associé à des lieux sauvages et inhospitaliers.
Dans les deux cas, le "diable" renforce l'idée d'un lieu à l'écart du monde, souvent associé à une réputation sulfureuse ou à une difficulté d'accès.
Registre et nuances
L'expression est du registre familier. Elle est très imagée et est utilisée pour dramatiser ou exagérer la distance de manière humoristique ou exaspérée.
Exemples d'utilisation
"Pour trouver ce magasin, il faut aller au diable vauvert, c'est tout au bout de la ville."
"Il a déménagé au diable vauvert, je ne le vois plus jamais."
"J'ai cherché mes clés partout, elles étaient rangées au diable vauvert !"
Expressions synonymes en français
Équivalents dans d'autres langues
Anglais : "In the middle of nowhere," "At the back of beyond."
Espagnol : "En el quinto pino," "En el culo del mundo."
Allemand : "Am A... der Welt," (très familier) ou "Gott und die Welt."
Italien : "In capo al mondo."
Variantes et dérivés
L'expression est assez figée. On peut parfois entendre "aller à Vauvert" pour signifier la même chose, mais l'ajout de "au diable" est ce qui rend l'expression vivante.
Usage contemporain
"Au diable vauvert" est toujours utilisée, bien qu'elle puisse sembler un peu désuète pour les plus jeunes. Elle est néanmoins comprise par la plupart des francophones et conserve tout son pouvoir évocateur d'un lieu très, très lointain.