dimanche 16 octobre 2016
Chapitre 7
Chapitre 7
" Ma femme, dit le meunier en arrivant chez lui tout essoufflé, voici un superbe cadeau que Mme la Pluie m'a donné. Elle m'a assuré que, si notre petit Pierrot était moins bête que moi, il y aurait là dedans de quoi faire sa fortune.
- Grand Dieu ! s'écria Claudine, tu avais donc encore un secret que tu ne me disais point ? Est-il possible que tu l'aies gardé si longtemps ? Qu'est-ce que Mme la Pluie ? Qu'est-ce que cette boîte de cuivre ? Mais parle donc bien vite ; je n'en puis plus d'envie de savoir ce secret. "
Jean-Pierre raconta qu'il avait reçu la visite de Mme la Pluie dans la même nuit où M. le Vent était venu et qu'elle lui avait promis de faire du bien au petit Pierrot ; comment il l'était allé voir à la grotte de l'Ouest et comment elle lui avait donné la boîte de cuivre, la baguette et le livre doré sur tranche.
" Pourvu, disait Claudine en tremblant, qu'il n'y ait pas quelque nouveau géant dans cette boîte ! Pourvu que tout ceci ne finisse pas encore une fois par des coups de bâton !
- Ma mère, dit le petit Pierrot, donnez-moi le livre ; je verrai ce qui est écrit dedans.
Pierrot ouvrit le livre doré sur tranche, et il lut ces mots écrits au frontispice : " Douze comédies représentées par les marionnettes merveilleuses de la boîte de cuivre et inventées par Mme la Pluie, pour le divertissement des petits garçons et des petites filles. "
- Frappez sans crainte avec la baguette, s'écria Pierrot ; cette boîte est un théâtre de marionnettes.
Le meunier mit la boîte de cuivre sur la table, prit la baguette et frappa sur le couvercle. Aussitôt la boîte merveilleuse s'ouvrit ; le compartiment de devant s'abattit et l'on aperçut un théâtre fermé par un rideau rouge. De petites bougies allumées formaient la rampe. On entendit les trois coups qui annonçaient que la pièce allait commencer ; la toile se leva, et l'on vit une belle décoration représentant une forêt. Une marionnette de bois, haute de cinq à six pouces, sortit de la coulisse et se mit à faire des gestes si expressifs que Pierrot reconnut tout de suite la première scène de la comédie dont il avait les paroles sous les yeux. Il passa derrière la table et lut à haute voix le rôle du petit acteur. Un autre personnage entra bientôt, et Pierrot, changeant de ton, lut son rôle. Il récita ainsi toute la première comédie qui s'appelait : Les Aventures de l'enchanteur Merlin. A la dernière scène, les petits acteurs de bois saluèrent le public ; la toile tomba et la boîte de cuivre se referma brusquement.
" Mon père, dit Pierrot, frappez encore sur la boîte merveilleuse ; nous verrons sans doute la seconde comédie qui s'appelle : Les Amours du chevalier Jasmin et de la princesse Églantine. "
Jean-Pierre prit la baguette et frappa sur la boîte. Le théâtre s'ouvrit de nouveau, et l'on vit, en effet, paraître la belle Églantine avec sa robe rose. Pierre récita les rôles en prenant une douce voix quand la princesse parlait et une voix grave quand c'était le tour du chevalier. Après la seconde comédie, la boîte se referma ; mais Jean-Pierre frappa encore avec sa baguette, et l'on vit la troisième comédie, qui s'appelait : Les Dons de la fée Patte-de-Mouche. Le meunier et sa femme veillèrent jusqu'à minuit pour regarder les douze comédies, et Pierrot récita tant de jolis discours qu'il en était un peu enroué.
" Ces comédies sont fort divertissantes, disait Jean-Pierre ; mais ce théâtre n'est qu'un joujou et je ne comprends pas comment il pourra faire la fortune de Pierrot.
- Je le comprends bien, moi, dit Claudine. Tout le monde voudra voir notre spectacle merveilleux. Pierrot s'en ira dans les châteaux du voisinage avec la boîte de cuivre, la baguette et le livre doré sur tranche. Il amusera les enfants des seigneurs, on le régalera, il recevra des cadeaux et qui sait ? peut-être, un jour, il épousera une princesse Églantine comme le chevalier Jasmin.
- Ce sont des rêveries que ces idées-là, murmura Jean-Pierre en s'endormant.
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