Légendes du Québec - Atelier Paré, sculpture
Ecomusée des légendes.
Beaupré - Québec
Cette légende est vieille comme le Nouveau-Monde. Elle se déroule à une époque où les hommes laissaient leur famille à l'approche de l’hiver pour s'en foncer très loin en forêt y couper des arbres et les vendre aux Anglais. Là, pour mieux passer le temps, ils se racontaient des histoires à rire et à faire peur. Des histoires d'autant plus incroyables qu'ils les arrosaient d'un bon caribou ! Mais à l'approche des Fêtes, rien n'arrivait - plus à chasser la nostalgie des bûcherons. Chacun aurait alors vendu son âme au Diable pour se retrouver la veille du jour de l’An, comme par magie, à festoyer parmi les siens toute la nuit. Voilà exactement ce qui se produisit. Figurez-vous que le Démon offrit à nos hommes de fendre le ciel en canot d'écorce à la vitesse à laquelle un assoiffé lève le coude, afin de rejoindre femmes et enfants restés au village. Mais cela à une condition : qu’ils ne mentionnent pendant le voyage rien ni personne qui rappelât le Bon Dieu. Avironner dans les nuages ? Soit, mais à la grâce du Diable !
Et nos hommes de s'envoler le cœur gai, à huit dans leur canot maudit... Quelle formidable soirée ce fut ! Ils dansèrent, burent, rirent comme jamais et, ma foi, c'est encore fort joyeux qu'ils remontèrent dans leur canot pour rentrer au camp. Mais aussitôt cinq lacs et trois montagnes surplombés que l'ivresse acheva de leur défier l'âme et la langue pour laisser choir quelques odes au Créateur. Hostie consacrée, tabernacle adoré, merci Jésus pour la belle soirée.
Ahhh!!! Malheur!!! La furie du Diable fut sans pareille. On entendit les glaces du fleuve s'entrechoquer dans un vacarme effroyable... Ou peut-être était-ce le charivari que firent nos huit malheureux en dégringolant du ciel, tant leur canot fut secoué entre les griffes du Malin...
À leur réveil au beau milieu de la forêt, tête en bas, ici et là, accrochés aux branches d'un sapin, ils promirent comme bien de leurs descendants de ne plus jamais prendre la route en buvant.
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