vendredi 21 juillet 2017
Les rêves d'Arthur - Aline Conord
Un jour la maîtresse d’école demanda aux élèves de raconter leurs rêves...
Hélas ! Arthur ne se souvenait jamais de ses rêves.
Il avait beau essayer de fermer les yeux et d’y penser très fort, rien n’y faisait. Il était désespéré. D’autant que ses petits camarades arrivaient bien à se souvenir.
- Tu n’es qu’un paresseux, lui dit sa maîtresse, allez fait un effort ! Et chaque soir, avant de t’endormir, bois du lait chaud, tu verras tes rêves viendront tout seul ! Le lendemain tu pourras nous les raconter... Regarde Hector et Marius , ils savent me les raconter !
Les deux élèves riaient et se moquaient d’Arthur.
- Je vais essayer, promit Arthur très tristement (comme ils m’agacent Hector et Marius) pensa Arthur, je parie qu’ils inventent leur rêve pour être bien vu de la maîtresse. Ce soir j’irais vite au lit, je prendrais un bol de lait chaud et je ferais travailler mes méninges !
- Pourquoi vas tu te coucher si tôt ? s’étonna sa maman, tu es malade ?
- Non ! Il faut que je rêve, alors j’y vais !
- Mais les rêves ne sont pas sur commande, s’inquiéta sa maman. Qu’est-ce que cette histoire encore ? Tu me caches quelque chose, tu as une mauvaise note ?
- Non maman ! je t’assure, il faut que je me souvienne de mon rêve pour le raconter demain.
Et voilà Arthur qui essaya de s’endormir et de rêver. Hélas, le lendemain matin, au réveil les yeux d’Arthur étaient encore remplis de sommeil mais pas de rêve.
- Quel désespoir ! gémit-il, toute la classe va encore se moquer de moi !
Effectivement, Hector raconta son merveilleux rêve, dans lequel il était un chasseur de papillons, Marius était un cheval magnifique...
- Si encore, j’avais rêvé que j’étais, moi Arthur, ce petit garçon rouquin et malicieux qui gambade dans la cour de récréation ? Même pas, rien, le néant. J’ai le cerveau vide ! Sans rêve !
Pauvre Arthur , il se lamentait sur son banc et pleurait à n’en plus finir.
Un arbre qui perdait ses feuilles, car nous étions en automne, remarqua ce pauvre petit garçon qui pleurait.
- Arrête de m’arroser les pieds , lui cria l’arbre , je vais devenir un saule pleureur ! Dis - moi plutôt pourquoi tu as ce gros chagrin ?
- Je suis la risée de ma classe , car je suis incapable de rêver.
- Hum ! C’est étrange , car tout le monde rêve ! Si tu essayais d’inventer un rêve cela marcherait sans doute.
- Non ce serait un mensonge et c’est vilain de mentir.
- Alors ! Dans ce cas débrouille toi ; moi je voulais simplement te rendre service !
Au fond, pensa Arthur, l’arbre a peut être raison, je vais inventer un rêve.
Il prit une grande feuille de papier et se mit à écrire, au fur et à mesure qu’Arthur écrivait, son imagination s’enflammait .
Il se mit à écrire n’importe quoi et n’importe comment. Ses phrases n’avaient ni queue ni tête. Par exemple il écrivait :
" Aujourd’hui j’ai parlé à un arbre qui en avait marre de me voir pleurer car mes larmes lui arrosaient les pieds... Mais lui , il ne se rend pas bien compte qu’il perd ses feuilles et qu’elles m’agacent à tournoyer autour de moi !... ".
Je cherche un rêve, et je ne le trouve pas, rien ne se pointe à l’horizon ! Rêve où es-tu ? Rêve m’entends-tu ?
Arthur fit un effort surhumain et se concentra au maximum pour inventer un rêve. A ce régime, il fatigua vite son cerveau et finit par trouver le sommeil. Il s’endormit d’abord doucement, faiblement, puis de plus en plus profondément.
Enfin, Arthur s’endormit à poings fermés, sur le banc dans la cour de récréation.
Les feuilles de l’arbre continuèrent de tomber et recouvrirent entièrement le corps d’Arthur. Soudain le miracle se produisit Arthur se mit à rêver.
D’abord des petites bulles éclatèrent devant ses yeux et pénétrèrent dans sa tête. A ce moment le rêve prit sa véritable ampleur.
Arthur était devenu un magicien vêtu d’une cape lumineuse, il portait un chapeau claque. Avec sa baguette magique il fit sortir trois colombes de son chapeau. Ensuite sa cape se transforma en tapis volant, ce tapis l’emporta dans les airs à la façon d’un cerf-volant.
Il vola ainsi au dessus des montagnes et des océans. Il écarquillait les yeux et regardait autour de lui. Les arbres, les fleurs, les animaux et les enfants, volaient comme Arthur. Il était entré dans le pays du rêve.
Le rêve est une magnifique planète volante ou les parfums nous enivrent , les couleurs nous émerveillent et les musiques nous bercent.
Arthur se sentait léger comme une plume. A sa grande surprise il vit Hector ; Marius et sa maîtresse d’école, sur la planète du rêve.
- Comme ils sont beaux ? Regardez mes amis cria Arthur, moi aussi je suis entré dans le monde. C’est un monde merveilleux.
- Viens avec nous ! cria Marius, tu vas voir là-bas au bout de ton rêve, il y en aura d’autres encore, plus doux, plus merveilleux que les premiers.
- Sois le bienvenu dans le monde du rêve ! lui chanta une petite fille qui volait.
- Tiens, pensa Arthur on dirait ma copine Stella ? Elle aussi elle rêve ?
Pendant des heures interminables, Arthur dormait sur son banc . La maîtresse d’école essaya en vain de le réveiller :
- "Arthur ! Réveille - toi , la classe est finie . Tu vas avoir froid sur ce banc ? "
Rien n’y fit ,Arthur continuait de dormir et de rêver .Il était parti dans son monde féerique avec ses petits camarades de classe . Il voyageait par dessus les villes, les villages, les plaines.
Il vit sa maman qui le félicitait car il venait d’obtenir la meilleure note pour son devoir. Elle lui donnait des confiseries et lui criait :
- Arthur ! Arthur ! réveille toi mon petit. En réalité sa maman était inquiète. Elle avait fait venir le docteur, car Arthur dormait depuis plus de trois jours.
- Voyez-vous, dit le docteur, Arthur ne semble pas malade, il a l’air en bonne santé, ses joues sont bien roses, regardez- le, il sourit !
- Oui, il sourit, mais il ne bouge pas beaucoup dit la maman .
- Il respire normalement, rassura le docteur, s’il est fatigué laissez le dormir.
Arthur continuait de dormir et de rêver. Maintenant tous les gens du village étaient inquiets, le curé, le boulanger, le boucher, tous passèrent près d’Arthur et le regardèrent dormir.
Cela fait trois mois qu’Arthur dort sur ce banc recouvert de feuilles mortes. Il était devenu la distraction du village.
- Il n’a pas maigri , il est tout souriant et il semble en pleine forme dit le docteur.
Personne ne pouvait réveiller Arthur , les rêves l’avaient emporté si loin , si haut ......
Les saisons passèrent très vite , l’hiver était fini et le printemps commençait à faire pointer les bourgeons.
L’arbre avait perdu toutes ses feuilles, mais les nouvelles toutes petites et toutes vertes poussèrent. Les oiseaux chantaient sur les branches. Une légère brise vint caresser la joue d’Arthur. Au contact du froid Arthur bougea, s’étira sur son lit de feuilles mortes et bailla à se décrocher la mâchoire.
De ses yeux ronds tout étonné , il regarda autour de lui et se demanda combien de temps il avait dormi. Tous les gens du village étaient autour de lui, le docteur, le boucher, la maîtresse d’école, les élèves et sa maman.
- Comme il est mignon ! s’étonna une petite fille , il est tout roux et tout ébouriffé !
- Alors Arthur ! lui dit gentiment la maîtresse d’école, tu as passé un bon hiver ?
- Oh oui ! maîtresse et j’ai bien rêvé cette fois - ci !
Les enfants se mirent à rire, Arthur ne comprenait pas pourquoi les enfants riaient. Sa maman le savait et vous le savez-vous ?
En réalité, Arthur était un petit écureuil tout roux. Il s’était égaré dans la cour de l’école et il avait choisi ce banc sous l’arbre pour passer l’hiver.
Il avait entendu les enfants parler de leurs rêves un jour de septembre à la rentrée des classes.
Voilà pourquoi depuis toujours les écureuils hibernent . En vérité je vous le dis, ils rêvent...
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