Sourire
Je dédie à tes pleurs, à ton sourire
Émile Verhaeren (1855-1916)
Recueil : Les heures claires (1896).
Je dédie à tes pleurs, à ton sourire,
Mes plus douces pensées,
Celles que je te dis, celles aussi
Qui demeurent imprécisées
Et trop profondes pour les dire.
Je dédie à tes pleurs, à ton sourire,
A toute ton âme, mon âme,
Avec ses pleurs et ses sourires
Et son baiser.
Vois-tu, l'aube blanchit le sol, couleur de lie ;
Des liens d'ombre semblent glisser
Et s'en aller, avec mélancolie ;
L'eau des étangs s'éclaire et tamise son bruit,
L'herbe rayonne et les corolles se déplient,
Et les bois d'or s'affranchissent de toute nuit.
Oh ! dis, pouvoir, un jour,
Entrer ainsi dans la pleine lumière ;
Oh ! dis, pouvoir, un jour,
Avec des cris vainqueurs et de hautes prières,
Sans plus aucun voile sur nous,
Sans plus aucun remords en nous,
Oh ! dis, pouvoir un jour
Entrer à deux dans le lucide amour !...
Émile Verhaeren.
**********************************
Un sourire, ce n'est pas un rire parce qu'un sourire c'est délicat, c'est discret, c'est un léger mouvement de la bouche alors qu'un rire peut être immense, énorme, éclatant et quand on n'arrive pas à le réprimer, irrépressible, incoercible. On éclate de rire, pas de sourire, on rit aux éclats, on s'esclaffe, on rit à gorge déployée, aux larmes, de bon cœur, à se tenir les côtes, à se décrocher la mâchoire, à en prendre haleine ou bien encore comme un bossu, comme un fou... On fait un sourire, on l'a sur les lèvres ou sur le coin des lèvres, on salue avec le sourire, on dit, on répond, on avoue avec un sourire. On échange, on distribue, on reçoit des sourires et parfois, tout se termine dans un dernier sourire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire