jeudi 27 décembre 2018

Atelier d'écriture 19 janvier 2019




Atelier d'écriture le 19 janvier 2019 à Marcinelle Villette.
Inscription indispensable avant le 12 janvier car le nombre de places est limité.
Ouvert à tous à partir de 16 ans.

mercredi 19 décembre 2018

Agenda 2019 de l'atelier d'écriture


L'année n'est pas encore terminée qu'il faut déjà penser à l'année 2019
Voici les dates des prochains ateliers d'écriture.
L'inscription préalable est nécessaire pour une bonne organisation.
J'espère vous retrouver nombreux en 2019.


jeudi 1 novembre 2018

Sermon pour la fête de la Toussaint - François-Marie Luzel




SERMON

POUR LA FÊTE DE LA TOUSSAINT

Annales de Bretagne - IX, 1893 (p. 1-17).

F.-M. LUZEL


LE PREMIER NOVEMBRE

(Traduction littérale)



Je ne connais pas l’auteur de ce sermon burlesque, qui est une satire, parfois spirituelle, de la manière dont se comportaient en chaire quelques-uns de nos anciens curés de campagne. Il doit avoir été écrit dans le Léon ; la langue l’indique suffisamment, et il m’a été donné d’ailleurs par un de mes amis, qui se l’était procuré à Landerneau, mais en ignorait également l’auteur. Ne serait-ce pas Le Laë, l’auteur du Michel-Morin breton, qui est mort sénéchal à Landerneau, en 1791. C’est bien son genre d’esprit et aussi sa langue. Il y a, certainement, de l’exagération, mais pas autant que l’on serait porté à le croire, et, il y a quarante ou quarante-cinq ans, j’ai entendu, dans nos campagnes, des sermons bretons qui ne le cédaient guère à celui-ci, en fait de burlesque.


Mes chers paroissiens, l’année passée, jour pour jour, je vous ai dit beaucoup de choses bonnes à faire et à conserver dans vos cœurs. Mais vous les avez oubliées, ou vous ne voulez pas suivre mes conseils. Aujourd’hui, je vous répéterai mon sermon de la dernière fète (de la Toussaint), avec des choses nouvelles que j’y ai ajoutées, cette année.
Nous devons, en ce jour, prier les saints qui sont au ciel de nous prêter la main et de nous aider à monter au ciel. Pour obtenir pareille chose, il ne suffit pas de remuer les lèvres, à l’église, et de recevoir l’extrême-onction, avant la mort ; il faut se garder du péché et offrir à Dieu de bonnes œuvres, autrement, saint Pierre, le portier (du ciel), ne vous ouvrira pas.
Vous savez bien qu’il y a eu des saints en tout pays, en tout temps et de toute condition. Saint Mathieu est un exemple pour nous. Celui-là a gagné le paradis, quoiqu’il eût été maltôtier, dans sa jeunesse. Un jour, l’or qu’il avait dans ses sacs fut changé en feuilles sèches par le Seigneur Jésus, qui était Dieu ; alors il se convertit et fit grande pénitence, jusqu’à sa mort. Il donna son bien aux pauvres et devint mendiant. En cet état, Mathieu mangeait la nourriture qu’on lui donnait, dans les maisons (où il mendiait), et conservait l’argent qu’il recevait, pour le donner à un prêtre, afin d’obtenir des messes. Quand il devint vieux, il ne pouvait plus courir le pays, et souvent il n’avait d’autre nourriture que des vers et de l’herbe. Mais la pourriture s’étant mise dans ses pauvres pieds, le saint fut nourri par un corbeau de mer (cormoran), qui lui apportait un poisson, tous les jours, et un de ses doigts s’apostumait, chaque jour, à midi. Il ne mourut pas comme le commun des hommes ; il monta au ciel, à califourchon sur son doigt, auquel des ailes avaient été données par le Seigneur Dieu. Le corbeau de mer volait devant, avec une chandelle sur sa queue, pour éclairer le chemin. C’est ce que vous ne feriez pas, vous ! La passion de l’argent, l’ivrognerie, la lubricité sont les causes de la perte de vos âmes !
Il est vrai que vous allez à la messe, les dimanches et fêtes observées ; mais les jeunes hommes lorgnent les jeunes filles, et les imbéciles dorment, comme le fait toujours Joseph Kerboriou, le veau. Quand vous vous en retournez de la messe, vos cœurs se fendraient, s’il vous fallait donner un liard aux pauvres qui sont à la porte de l’église ; vous aimez mieux creuser un trou en terre, pour y enfouir vos péchés, ou vider vos bourses dans la maison du tavernier.
C’est en vain que vous amassez du bien, si vous n’en donnez une part à Dieu, c’est-à-dire à l’église et aux prêtres, établis par Dieu pour prêcher l’Évangile et ramener les hommes à leurs devoirs. Pour une modique aumône, un sou donné à l’église, vous avez au ciel un trésor de cent sous. Suivez l’exemple de Nonn Kerdroubar, qui mourut il y a dix-huit mois : quand il faisait son beurre, il en portait la douzième partie au presbytère, et ses six vaches étaient les plus belles de la paroisse. Quand on tuait un cochon chez lui, Nonna (sa femme) en donnait à ma cuisinière deux grands morceaux, un gras et un maigre, sans parler des boudins et des boyaux. Chaque fois qu’une de ses vaches vêlait, Nonn donnait un cierge à saint Fiacre, et apprenez que ses vaches avaient plus de veaux que celles des autres. Après la moisson, Nonn m’apportait un sac de blé blanc et un sac de blé noir. À sainte Nonn, sa marraine, il donnait du chanvre. Avant de mourir, il a institué une messe par semaine pour son âme. C’est ainsi qu’il suivit toujours l’exemple de sainte Nonn, qui donnait ses vêtements aux pauvres qu’elle trouvait sur les routes. Un jour, elle donna tous ses vêtements, à l’exception de sa chemise, à un vieux mendiant et à sa femme. Mais, en s’en retournant à son couvent, elle rencontra en route monsieur saint Houardon, qui, appuyé sur son bâton, cherchait du pain avec un bissac. Dès que le saint, qui était un grand ennemi de la luxure, vit une jolie fille en chemise, il crut que c’était une coureuse, une fille de mauvaises mœurs, qui venait de commettre un adultère. Alors, il tomba sur elle, à coups de bâton, si bien que sainte Nonn faillit en mourir. Mais la Vierge ne permit pas que pérît (ainsi) une telle sainte, le modèle des jeunes filles, sur la terre. Dans un songe, la mère du Seigneur Jésus révéla à la religieuse une herbe qui se trouvait auprès d’une fontaine. Ayant fait bouillir dans de l’eau cette herbe, moulue, la religieuse but l’eau, appliqua l’herbe sur sa blessure, et, à l’instant, elle se trouva guérie. Ce n’est pas pour vous que la Vierge ferait un pareil miracle !
Il faut que vous fassiez dire des messes pour vos pères qui sont dans le purgatoire ; de la sorte, vos enfants, après votre mort, feront aussi dire des messes pour vous. Aujourd’hui, sachez-le bien, les âmes pécheressesreviennent sur la terre, plus nombreuses que les feuilles sèches dans les bois. Elles vont visiter leur maison d’autrefois et les lieux qu’elles ont aimés et où elles ont péché. Quand vous entendrez la Mort frapper à votre porte, au milieu de la nuit, alors vous tremblerez, parce que vous ne saurez pas pour qui elle frappe. Le corps deviendra froid et sera porté au cimetière, dans un tombereau traîné par un cheval qui n’a pas de chair sur ses os blancs. Quand vous reviendrez sur la terre, après votre mort, pour voir vos enfants, ils vous auront oubliés, comme vous oubliez aujourd’hui vos parents (défunts).
Cette nuit, n’éteignez pas votre feu, à cause des âmes qui aiment à venir se chauffer au foyer, car leur tombe est froide, sous la terre : n’ôtez rien de dessus votre table, après le repas du soir, ni nourriture ni boisson, pour que vos morts trouvent à manger et à boire, s’ils ont faim ; donnez largement l’aumône aux pauvres qui viennent chanter au seuil de votre porte, car ce sont les âmes qui les font parler ; si vous entendez une voix plaintive dans votre maison, c’est une âme qui demande les prières de l’Église, et ne tardez pas à commander une messe pour retirer votre père ou votre mère du Purgatoire.
Écoutez, paroissiens : Il y a longtemps, mourut dans cette paroisse un chapelier nommé Kergarel, et surnommé le Tondeur, à cause de son avarice. Pourtant, avant de mourir, il donna des aumônes à l’Église et aux pauvres, fit une courte pénitence, demanda l’extrême-onction et recommanda à son fils de faire dire des messes pour son âme. Mais, comme il regretta ses aumônes, saint Pierre ne lui ouvrit pas la porte du Paradis, et Kergarel alla au Purgatoire. Si le père était avare, plus avare encore était le fils, qui en serait mort, s’il avait perdu seulement un liard. Après la mort de son père, il ne voulut donner de l’argent ni pour le cercueil fourni par le charpentier, ni pour un linceul pour ensevelir le corps, et son cœur se fendit lorsqu’au sortir du cimetière il lui fallut donner à manger aux parents qui étaient venus à l’enterrement. Il ne paya la sonnerie des glas que sur l’intervention du sergent, et il n’obéit pas à son père, qui lui avait recommandé de faire dire des messes pour son âme. Le pauvre père endura des souffrances cruelles à cause de l’avarice de son fils. La nuit de la fête des âmes (le jour des morts), l’âme de Kergarel se rendit dans sa maison d’autrefois, où elle ne trouva ni feu au foyer, ni nourriture sur la table. Alors, pour réveiller son fils, elle fit un grand bruit, avec un marteau, et lui recommanda de nouveau de faire dire des messes pour elle. Mais, le mauvais fils n’obéit pas encore à son père, et le soir, M. saint Louis, le parrain de son père, mit le fils dans le Purgatoire, à la place de son père, et Kergarel revint sur la terre, sous la forme de son fils. Il paya le sonneur de cloches et le charpentier et M. le Recteur, afin de remonter sans délai au Paradis. Jean Kergarel le jeune endura des souffrances cruelles, dans le Purgatoire. Un démon l’attira à lui, ayant au cou une chaîne de fer, et il fut placé dans la fumée noire. Le feu de l’Enfer est plus chaud que la braise ardente, sur la terre. L’avare ne pouvait plus souffler, hurlant et sautant comme un chien enragé. Son corps suait le sang, la moëlle bouillait dans ses os, et il demeura dans ces peines cruelles trois jours et trois nuits, pendant que son père était à sa place sur la terre. Quand il revint à la maison, il donna tous ses biens à l’Église et il fit grande pénitence, en mendiant son pain, jusqu’à sa mort.
Sachez-le bien, chers paroissiens, jamais Dieu ne laisse personne mourir de faim, car un jour le Christ nourrit cinq mille hommes, sans compter les femmes et les petits enfants, avec deux truites et une tourte de pain. C’est un grand péché de travailler le dimanche et aussi les jours de fête, comme il nous a été déclaré par le seigneur Jésus. Celui-ci voyageant dans la Cornouaille, en prêchant l’Évangile, arriva un jour à Huëlgoat, et étant entré dans l’église, pour prier avant la messe, il y vit des gens de toute sorte qui vendaient, achetaient et buvaient, en attendant la messe. Jésus les frappa avec son bâton, qui était long et gros, et les marchands se retirèrent tous, à l’exception des tailleurs, qui essayèrent de le piquer avec leurs aiguilles. Mais, par un miracle étonnant, leurs aiguilles entrèrent dans leurs propres chairs. Les tailleurs se retirèrent alors, en gémissant et en sautant, et beaucoup d’entre eux devinrent lépreux. Depuis ce jour-là, les tailleurs aiment mieux aller au cabaret qu’à l’église.
L’ivrognerie est la mère d’un grand nombre de péchés. Avez-vous donc trop d’argent ? Videz votre bourse, alors, en faisant l’aumône, car, quand vous êtes ivres, vous commettez des adultères et abusez des filles. Dans sa jeunesse, le seigneur Priam (c’est Œdipe) alla au cabaret, après la messe, et s’étant enivré, il tua son père et se maria avec sa mère et eut d’elle quatre fils et trois filles, et, au bout de sept ans ou un peu plus, sa femme, qui était sa mère, mourut, et, dans un songe, son père lui reprocha sa mort et souhaita qu’il devînt aveugle. Alors, il eut un grand repentir, et il quitta son pays avec ses trois filles, ses fils étant devenus cacous (lépreux). Priam pleura tant qu’il en devint aveugle. Il fut un peu consolé par ses filles, qui le conduisaient ; cependant la colère de Dieu n’était pas encore tombée. Ses filles désirèrent avoir maris. L’aînée dit à ses deux sœurs : « Nous avons perdu tous nos biens ; personne ne nous regarde et nous sommes comme des mendiantes conduisant un aveugle. Si vous le trouvez bon, nous achèterons du vin, et, quand il sera ivre, chacune de nous dormira avec lui, à son tour. » L’avis fut trouvé bon par les deux autres, et l’aînée dormit avec son père, la première nuit ; le lendemain, la puînée, puis la troisième. Les trois filles devinrent enceintes. L’enfant de la première fut bossu, celui de la seconde boîteux et celui de la troisième sourd. Dans un songe, le père connut son nouveau péché. Alors, il renvoya ses filles maudites, et, seul désormais, sans avoir même un chien, il marcha par le pays, jusqu’à l’heure de sa mort. Par cet exemple, il nous est montré que le péché est toujours puni[1].
Au mois d’octobre, on sème le blé et pendant le carême, on fait pénitence. Aujourd’hui, nous prierons tous les saints pour les âmes des morts. Priez, priez encore Dieu d’avoir pitié de vous.
Je me rappelle que Annaïc Gwisarn a perdu sa génisse. Il faut que celui qui l’a trouvée la ramène à cette pauvre femme, et vous devez même la chercher, si elle n’est pas encore retrouvée. Ce sera une bonne œuvre, le jour du jugement dernier.
La truie de Tanguy Kerfaohir et ses six petits pourceaux ont été mangés par les loups, dans le bois qui est voisin du champ de la Motte. Il faut que vous alliez, avec vos chiens et vos fusils, tuer ces loups-là, ou vous perdrez tout votre bétail, cet hiver. Jacques Kergribet, pourquoi n’envoies-tu pas ton dernier enfant au catéchisme ? Tu le laisses flâner, toute la journée, par les chemins, chercher des nids et faire le polisson. Tu laisses aussi ta fille aînée aller au bois avec les garçons ; je te l’avais pourtant défendu, et la voilà, à présent enceinte ! Tête légère ! homme sans pudeur !
Mes chers frères, retenez bien mes paroles et suivez mes conseils : pour faire de bon beurre, il faut battre fort la crème. C’est ainsi que j’agis avec vous ; je frappe sur vous, pour que vous deveniez meilleurs. Vous êtes tous mes enfants : suivant saint Jean, dans son évangile, je suis le garçon vacher, et vous êtes mon bétail : cheval, jument, poulain, pouliche, âne, ânesse, ânon, bœuf, vache, taureau, veau, génisse, bélier, brebis, agneau, bouc, chèvre, chevreau, pourceau, truie ; le chien est le moine.
Je veux vous parler encore de la lubricité. Si vous vous rappeliez ce que je vous ai dit, l’an passé, vous reconnaîtriez que mes paroles ne sont pas du radotage, et vous accourriez m’écouter. Nos corps sont les temples du Saint-Esprit, et il ne faut pas les souiller. Recommandez bien à vos filles de se rendre à la maison. Souvent elles deviennent des ribaudes, comme l’était Marguerite Hesked. Cet hiver, elle a échangé ses haillons contre les vêtements des drôlesses des grandes villes. Cette drôlesse est habillée aujourd’hui comme une dame ; mais levez son jupon traînant et vous verrez les souillures du péché. Jean Hesked, vieux crapaud, poison de l’enfer, si tu avais coupé (dans la haie) une gaule de frêne, pour frotter le dos et le ventre de ta sœur, elle serait encore parmi nous.
Tankerru ! (feu rouge !) tu mets du tabac moulu (tabac à priser) dans ton nez de cochon, pendant que je parle de toi ! Si je t’attrape, ver de terre, tu verras comme je secoue les poux. Et dites encore que mes paroles sont du radotage, quand ma prédiction s’est accomplie ! Qui vous a appris, Anne Kerbri, qu’elle était enceinte, celle qui est, à présent, la femme de Jacques Malard ? N’est-ce pas moi ? Et si je n’en avais parlé à Jacques, Anne ne serait pas encore mariée. Fuyez le péché ; évitez les désirs impudiques ; imitez l’exemple admirable d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Abraham était un joli garçon. Pendant qu’il demeurait avec ses parents, vint une servante dans leur maison. Elle s’appelait Agar[2], parce qu’elle était toujours portée à la lubricité, et elle sollicita Abraham de pécher avec elle ; mais le saint homme renvoya la fille, en lui donnant vingt coups de pied au derrière, et si un ange n’était venu de la part de Dieu apporter de la nourriture à Agar et à ses enfants, dans le désert, ils seraient morts de faim.
Écoutez, à présent, le grand miracle dont Isaac fut le sujet. Il y avait longtemps qu’il était marié à Sarah, et ils n’avaient pas d’enfants. Un soir, voilà qu’un ange vint dans leur maison, sous l’apparence d’un mendiant. Isaac l’invite à souper avec sa femme et lui, et, après le repas, l’ange dit : « — Je vous le dis, en vérité, avant que le chêne reverdisse de nouveau, Sarah donnera le jour à un fils. » — Isaac rit, en entendant cela et dit : — C’est ridicule ! — Cependant, Sarah accoucha, au temps prédit, bien qu’elle fût fort âgée.
Il ne se commettrait pas tant de grands péchés, si les garçons et les filles n’entraient pas ensemble dans les bois et les sentiers couverts (obscurs), en s’en revenant des pardons.
Cependant Dieu tire le bien du mal. En voici un exemple : Un homme avait pour valet un démon, donné par le vieux Guillou (le diable) lui-même. Cet homme (le valet) obéissait en toute chose à son maître, non marié et aimant le plaisir, et l’aidait à gâter les plus jolies filles du pays. Mais, s’étant repenti et ayant eu honte de la vie qu’il menait, il se convertit et voulut congédier son valet. Un jour qu’ils se promenaient ensemble au bord d’une rivière, le maître dit à son valet : « Regardez l’eau. » Et il lâcha aussitôt un pet, qui n’était pas inodore, et qui ne sentait pas non plus la rose, et dit à son valet : — « Cours après, vite, et rapporte-le moi ! » Et le démon sauta dans l’eau et fut noyé !
Ah ! ha ! ha !… Voilà un sermon qui n’est pas pour vous faire pleurer, je crois !
Tremblez ! Les vers sont dans vos corps impurs ! Vous puez le péché ! Hâtez-vous de faire pénitence, et vous monterez tout droit au Ciel, ce que je vous souhaite, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen !

Aller↑ C’est l’histoire des filles de Loth, avec cette différence que, dans la Bible, elles ne sont que deux, et qu’il n’est pas dit que leurs enfants naquissent infirmes.
Aller↑ A gar, qui aime.

mardi 30 octobre 2018

Atelier d'écriture - La méthode Hygge


C'est le 17 novembre de 14 à 17.30 qu'aura lieu le prochain atelier d'écriture chez "Plumes des Villes"
Cette fois, le thème abordé sera "La méthode Hygge" ou comment être heureux comme un Danois.
Inscription obligatoire au 0487/487.790
Nombre de places limité.

vendredi 26 octobre 2018

Fais-moi un Conte - 25e concours d’expression

Surice (Philippeville)
Fais-moi un Conte
25e concours d’expression
Comment tu oses !?
Comment tu oses… dire, écrire, rêver, crier ?  Comment tu oses… y penser, en reparler, y faire allusion ? Comment tu oses…  y aller, y retourner ? Comment tu oses…  en redemander, en remettre une couche ? Comment tu oses…  regarder ça, réclamer ça, photographier ça, montrer ça ? Comment tu oses…  t’imposer, t’inviter, t’ingérer, t’immiscer ? Comment tu oses…  te gausser, t‘exhiber, te moquer, t’esclaffer ?

Ce 25e concours marqué du sceau de l’audace sous toutes ses formes, des plus contenues aux plus extravagantes, vous invite donc à saisir la plume ou le clavier.
Les finales qui se tiendront les 15 et 16 mars 2019 ponctueront cette opération. Pour d’aucuns, cet aboutissement sera seulement un point de départ. L’aventure artistique qu’ils oseront entreprendre est en effet susceptible de connaître des prolongements. Le regard du futur lauréat ne manquera pas de se tourner vers le festival de Chiny et son concours.
Démarche d’oralité (moins que d’écriture), Fais-moi un Conte interpellera avant tout ceux qui ont des choses… à dire ; ceux qui auront à cœur de transmettre les idées dont ils débordent et non de proposer une énième interprétation d’un conte existant.

Echéancier
Envoi des textes pour le 31.01.2019
Présélections connues pour le 22.02.2019 (indicatif)
Formations individuelles les 24.2, 3.3. et 10.3.2019 (des modifications restent possibles)
Finales : 15 et 16 mars 2019
 La réception du conte fait office d’inscription. Elle est gratuite. Chaque participant enverra :
     1- son texte dactylographié en six exemplaires; (même s’il est aussi envoyé par mail)
     2- une enveloppe timbrée à son adresse ;
     3- un formulaire d’inscription (un par conte) dûment complété   à “Fais-moi un Conte”, rue de France, 1a - 5600 Philippeville.

Org. : La Surizée asbl & Centre Culturel de Philippeville

Infos au 071-66.23.01 ou sur http://www.culture-philippeville.be/


dimanche 23 septembre 2018

Automne - Albert Samain

AUTOMNE

Le vent tourbillonnant, qui rabat les volets,
Là-bas tord la forêt comme une chevelure.
Des troncs entrechoqués monte un puissant murmure
Pareil au bruit des mers, rouleuses de galets.

L’automne qui descend les collines voilées
Fait, sous ses pas profonds, tressaillir notre cœur ;
Et voici que s’afflige avec plus de ferveur
Le tendre désespoir des roses envolées.

Le vol des guêpes d’or qui vibrait sans repos
S’est tu ; le pêne grince à la grille rouillée ;
La tonnelle grelotte et la terre est mouillée,
Et le linge blanc claque, éperdu, dans l’enclos.

Le jardin nu sourit comme une face aimée
Qui vous dit longuement adieu, quand la mort vient ;
Seul, le son d’une enclume ou l’aboiement d’un chien
Monte, mélancolique, à la vitre fermée.

Suscitant des pensers d’immortelle et de buis,
La cloche sonne, grave, au cœur de la paroisse ;
Et la lumière, avec un long frisson d’angoisse,
Écoute au fond du ciel venir des longues nuits.

Les longues nuits demain remplaceront, lugubres,
Les limpides matins, les matins frais et fous,
Pleins de papillons blancs chavirant dans les choux
Et de voix sonnant clair dans les brises salubres.

Qu’importe, la maison, sans se plaindre de toi,
T’accueille avec son lierre et ses nids d’hirondelle,
Et, fêtant le retour du prodigue près d’elle,
Fait sortir la fumée à longs flots bleus du toit.

Lorsque la vie éclate et ruisselle et flamboie,
Ivre du vin trop fort de la terre, et laissant
Pendre ses cheveux lourds sur la coupe du sang,
L’âme impure est pareille à la fille de joie.

Mais les corbeaux au ciel s’assemblent par milliers,
Et déjà, reniant sa folie orageuse,
L’âme pousse un soupir joyeux de voyageuse
Qui retrouve, en rentrant, ses meubles familiers.

L’étendard de l’été pend noirci sur sa hampe.
Remonte dans ta chambre, accroche ton manteau ;
Et que ton rêve, ainsi qu’une rose dans l’eau,
S’entr’ouvre au doux soleil intime de la lampe.

Dans l’horloge pensive, au timbre avertisseur,
Mystérieusement bat le cœur du Silence.
La Solitude au seuil étend sa vigilance,
Et baise, en se penchant, ton front comme une sœur.

C’est le refuge élu, c’est la bonne demeure,
La cellule aux murs chauds, l’âtre au subtil loisir,
Où s’élabore, ainsi qu’un très rare élixir,
L’essence fine de la vie intérieure.

Là, tu peux déposer le masque et les fardeaux,
Loin de la foule et libre, enfin, des simagrées,
Afin que le parfum des choses préférées
Flotte, seul, pour ton cœur dans les plis des rideaux.

C’est la bonne saison, entre toutes féconde,
D’adorer tes vrais dieux, sans honte, à ta façon,
Et de descendre en toi jusqu’au divin frisson
De te découvrir jeune et vierge comme un monde !

Tout est calme ; le vent pleure au fond du couloir ;
Ton esprit a rompu ses chaînes imbéciles,
Et, nu, penché sur l’eau des heures immobiles,
Se mire au pur cristal de son propre miroir :

Et, près du feu qui meurt, ce sont des Grâces nues,
Des départs de vaisseaux haut voilés dans l’air vif,
L’âpre suc d’un baiser sensuel et pensif,
Et des soleils couchants sur des eaux inconnues…
Magny-les-Hameaux, octobre 1894

samedi 15 septembre 2018

Classic & Classics - concerts



Vendredi 12 octobre 2018 – 20h00 – Classic & Classics
« Sanguineus & Melancholicus »

Pour ouvrir la saison « classique », un magnifique concert baroque avec l’Ensemble Clématis : Stéphanie de Failly-violon, Frédéric d’Ursel-violon, Bernard Woltèche-violoncelle et Guy  Penson-clavecin.

Le Sanguin et le Mélancolique : c’est sous ce titre étrange que Carl Philipp Emanuel Bach écrit en 1749 une sonate en trio pour deux violons et basse continue. À cette période, de nombreux musiciens se posent des questions sur le discours et les fonctions de la musique instrumentale. La réponse originale de Bach se construit comme un petit opéra dans lequel on suit la discorde des deux violons. Au programme : Arcangelo Corelli, Giovanni Legrenzi, Carl Philipp Emanuel Bach, Johann Gottlieb Goldberg, Wolfgang Amadeus Mozart



Vendredi 16 novembre 2018 – 20h00 – Classic & Classics
« Un fil, la vie, un simple fil »
Saut dans le temps avec ce concert qui s’inscrit dans la commémoration de la fin de la Première Guerre mondiale.

Le Trio Atanassov (Perceval Gilles-violon, Sarah Sultan-violoncelle, Pierre-Kaloyann  Atanassov piano) et le magistral comédien Alain Carré nous ferons découvrir un compositeur peu, voire pas connu : fin comme une corde de violon… celui de Lucien Durosoir… violoniste virtuose envoyé au front comme simple soldat. En juin 1918 il écrit : « je sais bien qu’il y a mon violon et ce dernier très réellement m’a sauvé la vie». Au cours de ce spectacle, en complète synergie avec les lettres de Lucien Durosoir, seront lus également des extraits des si poétiques carnets intimes de Maurice Maréchal, l’un des plus grands violoncellistes de la première moitié du XX° siècle. Les deux musiciens ont en effet vécu ensemble une grande partie de la guerre.

Les musiques de Lucien Durosoir, Maurice Ravel, Robert Schumann, Frank Bridge et Eugène Ysaÿe viendront tour à tour illuminer ces textes.






Samedi 17 novembre 2018 – 16h00 – Concert Enfants-Parents
« Le Rêve d’Ariane »
Il y a un an, ce concert a eu un tel succès et nous avons dû refuser de nombreux enfants, que nous avons décidé de le reprogrammer.

Avec la comédienne Ariane Rousseau et le Quatuor Alfama (Elsa de Lacerda, Céline Bodson, Morgan Huet, Renaat Ackaert).

Ce spectacle sans pause, d’environ 50 minutes, sera suivi d’un goûter en présence des artistes.

L’histoire
Un soir où elle se sent triste, la petite Ariane se réfugie au fond du jardin. La nuit tombe, et sous les branches du cerisier qui la protègent, elle s'endort. À quoi rêve Ariane ? À des histoires de quatuor, cette drôle de famille où deux petits, un moyen et un grand tissent de leurs seize cordes l'étoffe des rêves musicaux des plus grands compositeurs. De rencontre en rencontre, au milieu du trac, des disputes et des fous rires de cette fratrie turbulente, défilent tous les maîtres qui ont donné au genre ses chefs-d'œuvre. Papa Haydn, qui n'a besoin que de quatre archets pour faire se lever le soleil ; son protégé et ami Mozart ; Beethoven qui casse son jouet pour mieux le reconstruire ; Schubert, Debussy et Ravel… jusqu'aux compositeurs d'aujourd'hui. Un spectacle fin, délicat et ludique, où petits et grands pourront découvrir cette formation essentielle de la musique.





Vendredi 14 décembre 2018 – 20h00 – Classic & Classics
« Julien Martineau et sa mandoline »
Pour terminer l’année, nous vous faisons (re)découvrir… la mandoline. Surtout connue pour son répertoire italien (avec les concertos de Vivaldi entre autres), la mandoline a de multiples facettes que vous fera découvrir Julien Martineau, l’un des très rares mandolinistes à mener une carrière internationale dans le monde de la musique classique. Ses qualités musicales, loin des clichés de la mandoline, font de lui un musicien apprécié de partenaires renommés. Invité aux Victoires de la Musique Classique (2017) – une grande première pour un mandoliniste, il joue aussi au Japon, en Russie et aux Etats-Unis.



Jean-François Zygel le considère comme « le champion de cet instrument » dont il fait découvrir la sonorité incroyable, notamment dans les pièces de Raffaele Calace, que l’on peut considérer comme le Paganini de la mandoline.

A la D’Ieteren Gallery, ce sera son premier concert en Belgique, quelques jours avant de se produire en concerto à Paris avec l’Orchestre National de France.

Julien Martineau sera accompagné au piano par Irène Blondel et interprètera des oeuvres originales de Domenico Scarlatti, Ludwig van Beethoven, Raffaele Calace, Johann Hummel et Carlo Munier.

Vous êtes déjà curieux ? Voyez : https://www.youtube.com/watch?v=xhI1Uww6EuQ

Et un sympathique interview sur : https://www.youtube.com/watch?v=1X1qeZIxSe0

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Infos pratiques :

Lieu : D’Ieteren Gallery – rue du Mail 50 à 1050 Ixelles (Bruxelles) – Parking gratuit sur le toit de la société D’Ieteren dans la mesure des places disponibles (limitées)

Infos et réservations : 02/772.34.26 – patriciaraes@scarlet.be

Site web : http://www.classicclassics.sitew.be/#Programmation.A

Prix d’entrée :

Classic & Classics (12 octobre / 16 novembre / 14 décembre) :  18€/adulte – 12€/moins de 18 ans (incluant le verre de l’amitié à l’issue des concerts)

Concert Enfants-Parents (17 novembre) : 12€/personne (suivi d’un petit goûter en présence des artistes)

Les montants sont à verser au compte :

Belfius de l'ASBL L'Orangerie : BE45 0682 2324 2089 (avec mention du concert choisi)
Patricia Raes
Asbl L’Orangerie
Tel : 02/772.34.26
patriciaraes@scarlet.be

lundi 10 septembre 2018

3ème Saison Musicale de Seneffe



Avec l'automne revient la 3ème Saison Musicale de Seneffe qui se déroulera le dimanche 21 octobre 2018.

Deux concerts au programme et une matinée de MasterClasses avec la flûtiste Gaby Van Riet, au Petit Théâtre. Des cours que le public pourra suivre gratuitement de 10h00 à midi.

15h00 : au Petit Théâtre - Duo Y (Ypsilon)

« Dédicaces »

Audacieux, le duo Y (Ypsilon) se joue des ambivalences et du dédoublement : le clarinettiste Charles Michiels et le saxophoniste Simon Diricq conjuguent leurs talents et leurs instruments si semblables et si différents pour inventer un duo hors norme sous le signe du dieu Marsyas. L’un joue de plusieurs clarinettes tandis que l’autre évolue du saxophone baryton au soprano.


Au programme de ce concert, quatre oeuvres composées spécifiquement pour le Duo et présentées par les compositeurs eux-mêmes :

« Titanium » de Michel Lysight

« Tears of Gallipoli » de Muhiddin Dürrüoglu

« Ready reeds » de Jean-Paul Dessy

« VO2 max » de Simon Diricq

Un voyage sonore et musical mis en espace avec énergie et sensualité.

Cerise sur le gâteau: Michel Lysight soufflera ses 60 bougies à l’issue du concert (chut… c’est une surprise).

Soyez nombreux à venir célébrer cet événement!

17h00 : grand concert en deux parties à l'Orangerie - Ensemble Kheops

« Bach to Ravel »

Tradition, diversité et contraste, trois mots clefs pour qualifier ce programme qui résonne comme une invitation…

Pour débuter ce concert, place à la magnificence de Bach avant de laisser le célèbre quintette pour clarinette et cordes de Mozart nous emmener vers une autre perfection musicale.
 En deuxième partie, Maurice Ravel et Claude Debussy, les deux compositeurs français incontournables du début du XXe siècle révolutionnent la musique « classique » . Les deux amis (ou rivaux ?) ouvrent les portes de la musique française vers la modernité en nous offrant de magnifiques pages de musique de chambre.

Et pour conclure, la célèbre rhapsodie « Tzigane » (de Ravel) dans une adaptation inédite spécialement réalisée pour l’ ensemble Kheops. Une première!

J.S. Bach Sonate en do majeur BWV 1033 pour flûte, violoncelle et harpe

W.A. Mozart Quintette avec clarinette en la majeur K581

***(pause)

C. Debussy Sonate pour flûte, alto et harpe

M. Ravel Introduction et allegro pour harpe, flûte, clarinette et quatuor à cordes

M. Ravel Tzigane (arr. pour septuor par Prusevicius )

Avec

Tatiana Samoui & Camille Babut du Marès,  violons

Lise Berthaud, alto
Marie Hallynck, violoncelle

Sophie Hallynck, harpe

Ronald Van Spaendonck, clarinette

Gaby Van Riet, flûte


A l’issue de ce concert, comme le veut notre tradition, le verre de l’amitié sera offert à tous en présence des musiciens.

Infos pratiques

Lieu : Domaine du Château de Seneffe – rue Lucien Plasman 7-9 – 7180 Seneffe

Site web du Château : http://chateaudeseneffe.be/fr

Site web des concerts : http://saisons-musicales-seneffe.be/

Infos et réservations :

Patricia Raes : patriciaraes@scarlet.be - Tel : +32.2.772.34.26

Réservation fortement conseillée et indispensable pour les concerts au Petit Théâtre.

Prix de la saison « Automne» :

Adulte : concert au Petit Théâtre : 10€ // concert à l'Orangerie : 18€ // les deux concerts : 25€

De 12 à 18 ans : concert au Petit Théâtre // 5€ - concert à l'Orangerie : 10€ // les deux concerts : 15€

Moins de 12 ans : gratuité à tous les concerts

Pour une bonne organisation, il est indispensable de mentionner les concerts auxquels vous souhaitez participer lors des réservations.

Montant des places à verser au compte de l ‘ASBL Music’Arte : Belfius n° BE30 0689 0921 8211

dimanche 9 septembre 2018

Atelier d'écriture - Hoʻoponopono


Atelier d'écriture - Hoʻoponopono

Le samedi 29 septembre

14-17.30

Marcinelle

Renseignements et inscription : 0487/487.790

samedi 8 septembre 2018

VI. Maladie et sacrifice



MALADIE ET SACRIFICE


Quand l’heure du dîner fut venue, Violette se leva, s’habilla et vint dans la salle où l’attendaient Agnella et Passerose. Ourson n’y était pas.
« Ourson n’est pas avec vous, mère ? demanda Violette.
— Je ne l’ai pas revu, dit Agnella.
— Ni moi, dit Passerose. Je vais le chercher. »
Elle alla dans la chambre d’Ourson ; elle le trouva assis près de son lit, la tête appuyée sur son bras.
« Venez, Ourson, venez vite ; on vous attend pour dîner.
— Je ne puis, dit Ourson d’une voix affaiblie ; j’ai la tête trop pesante. »
Passerose alla prévenir Agnella et Violette qu’Ourson était malade ; elles coururent toutes deux auprès de lui. Ourson voulut se lever pour les rassurer, mais il tomba sur sa chaise. Agnella lui trouva de la fièvre et le fit coucher. Violette refusa résolument de le quitter.
« C’est à cause de moi qu’il est malade, dit-elle : je ne le quitterai que lorsqu’il sera guéri. Je mourrai d’inquiétude si vous m’éloignez de mon frère chéri. »
Agnella et Violette s’installèrent donc près de leur cher malade. Bientôt le pauvre Ourson ne les reconnut plus ; il avait le délire ; à chaque instant il appelait sa mère et Violette, et il continuait à les appeler et à se plaindre de leur absence pendant qu’elles le soutenaient dans leurs bras.
Agnella et Violette ne le quittèrent ni jour ni nuit pendant toute la durée de la maladie : le huitième jour Agnella, épuisée de fatigue, s’était assoupie près du lit du pauvre Ourson, dont la respiration haletante, l’œil éteint, semblaient annoncer une fin prochaine. Violette, à genoux près de son lit et tenant entre ses mains une des mains velues d’Ourson, la couvrait de larmes et de baisers.
Au milieu de cette désolation, un chant doux et clair vint interrompre le lugubre silence de la chambre du mourant. Violette tressaillit. Ce chant si doux semblait apporter la consolation et le bonheur ; elle leva la tête et vit une Alouette perchée sur la croisée ouverte.
« Violette ! » dit l’Alouette.
Violette tressaillit.
« Violette, continua la petite voix douce de l’Alouette, aimes-tu Ourson ?
— Si je l’aime ! Ah ! je l’aime,… je l’aime plus que tout au monde, plus que moi-même.
— Rachèterais-tu sa vie au prix de ton bonheur ?
— Je la rachèterais au prix de mon bonheur et de ma propre vie !
— Écoute, Violette, je suis la fée Drôlette ; j’aime Ourson, je t’aime, j’aime ta famille. Le venin que ma sœur Rageuse a soufflé sur la tête d’Ourson doit le faire mourir… Cependant, si tu es sincère, si tu éprouves réellement pour Ourson le sentiment de tendresse et de reconnaissance que tu exprimes, sa vie est entre tes mains… Il t’est permis de la racheter ; mais souviens-toi que tu seras bientôt appelée à lui donner une preuve terrible de ton attachement, et que, s’il vit, tu payeras son existence par un terrible dévouement.
— Oh ! madame ! Vite, vite, dites-moi ce que je dois faire pour sauver mon cher Ourson ! Rien ne me sera terrible, tout me sera joie et bonheur si vous m’aidez à le sauver.
— Bien, mon enfant ; très bien, dit la fée. Baise-lui trois fois l’oreille gauche en disant à chaque baiser : « À toi… Pour toi… Avec toi… » Réfléchis encore avant d’entreprendre sa guérison. Si tu n’es pas prête aux plus durs sacrifices, il t’en arrivera malheur. Ma sœur Rageuse serait maîtresse de ta vie. »
Pour toute réponse, Violette croisa les mains sur son cœur, jeta sur la fée qui s’envolait un regard de tendre reconnaissance, et, se précipitant sur Ourson, elle lui baisa trois fois l’oreille en disant d’un accent pénétré : « À toi… Pour toi… Avec toi… » À peine eut-elle fini qu’Ourson poussa un profond soupir, ouvrit les yeux, aperçut Violette, et, lui saisissant les mains, les porta à ses lèvres en disant :
« Violette,… chère Violette,… il me semble que je sors d’un long rêve ! Raconte-moi ce qui s’est passé… Pourquoi suis-je ici ? Pourquoi es-tu pâlie, maigrie ?… Tes joues sont creuses comme si tu avais veillé,… tes yeux sont rouges comme si tu avais pleuré…
— Chut ! dit Violette ; n’éveille pas notre mère qui dort. Voilà bien longtemps qu’elle n’avait dormi ; elle est fatiguée ; tu as été bien malade !
— Et toi, Violette, t’es-tu reposée ? »
Violette rougit, hésita.
« Comment aurais-je pu dormir, cher Ourson, quand j’étais cause de tes souffrances ? »
Ourson se tut à son tour ; il la regarda d’un œil attendri et lui baisa les mains. Il lui demanda encore ce qui s’était passé, elle le lui raconta ; mais elle était trop modeste et trop réellement dévouée pour lui révéler le prix que la fée avait attaché à sa guérison. Ourson n’en sut donc rien.
Ourson, qui se sentait revenu à la santé, se leva et, s’approchant doucement de sa mère, l’éveilla par un baiser. Agnella crut qu’il avait le délire ; elle cria, appela Passerose et fut fort étonnée quand Violette lui raconta comment Ourson avait été sauvé par la bonne petite fée Drôlette.
À partir de ce jour, Ourson et Violette s’aimèrent plus tendrement que jamais : ils ne se quittaient que lorsque leurs occupations l’exigeaient impérieusement.

vendredi 7 septembre 2018

Le temps précieux de la maturité



Je partage ce poème reçu d'une amie, je le trouve si beau

Le temps precieux de la maturité. ..
" J’ai compté mes années et j´ai découvert qu’à partir de maintenant, j’ai moins de temps à vivre que ce que j’ai vécu jusqu’à présent…
Je me sens comme ce petit garçon qui a gagné un paquet de friandises: la première il la mangea avec plaisir, mais quand il s’aperçut qu’il lui en restait peu, il commença réellement à les savourer profondément.
Je n’ai plus de temps pour des réunions sans fin où nous discutons de lois, des règles, des procédures et des règlements, en sachant que cela n’aboutira à rien.
Je n’ai plus de temps pour supporter des gens stupides qui, malgré leur âge chronologique n’ont pas grandi.
Je n’ai plus de temps pour faire face à la médiocrité.
Je ne veux plus assister à des réunions où défilent des égos démesurés.
Je ne tolère plus les manipulateurs et opportunistes.
Je suis mal à l´aise avec les jaloux, qui cherchent à nuire aux plus capables, d’usurper leurs places, leurs talents et leurs réalisations.
Je déteste assister aux effets pervers qu’engendre la lutte pour un poste de haut rang.
Les gens ne discutent pas du contenu, seulement les titres.
Moi, mon temps est trop précieux pour discuter des titres.
Je veux l’essentiel, mon âme est dans l’urgence … il y a de moins en moins de friandises dans le paquet…
Je veux vivre à côté de gens humains, très humains
qui savent rire de leurs erreurs, qui ne se gonflent pas de leurs triomphes,
qui ne se sentent pas élu avant l’heure, qui ne fuient pas leurs responsabilités,
qui défendent la dignité humaine, et qui veulent marcher à côté de la vérité et l’honnêteté.
L’essentiel est ce que tu fais pour que la vie en vaille la peine.
Je veux m´entourer de gens qui peuvent toucher le cœur des autres…
des gens à qui les coups durs de la vie leurs ont appris à grandir avec de la douceur dans l’âme.
Oui … je suis pressé de vivre avec l’intensité que la maturité peut m´apporter.
J’ai l’intention de ne pas perdre une seule partie des friandises qu´il me reste…
Je suis sûr qu’elles seront plus exquises que toutes celles que j´ai mangées jusqu’à présent.
Mon objectif est d’être enfin satisfait et en paix avec ma conscience.
J’espère que la vôtre sera la même, parce que de toute façon, vous y arriverez… "

« Le temps précieux de la maturité », de Mário Raul de Morais Andrade, (1893 - 1945) Poète, Romancier, Musicologue Brésilien.

jeudi 6 septembre 2018

Pourquoi les chiens vivent moins longtemps que les gens ?




Belle réflexion reçue d'une amie ❤️

Pourquoi les chiens vivent moins longtemps que les gens ?

Voici la réponse (selon un enfant de 6 ans) :

En tant que vétérinaire, on m'a appelé pour examiner un chien irlandais de 13 ans appelé Belker.
La famille du chien, Ron, sa femme Lisa et leur fils Shane, étaient très proches de Belker et attendaient un miracle.
J'ai examiné Belker et j'ai découvert qu'il mourait d'un cancer. J'ai dit à la famille que je ne pouvais rien faire pour Belker, et j'ai proposé de faire la procédure d'euthanasie chez elle.
Le lendemain, j'ai ressenti leurs sentiments de plein fouet quand Belker a été entouré par sa famille. Shane semblait si calme, caressant le chien pour la dernière fois, et je me demandais s’il comprenait ce qui se passait. Au bout de quelques minutes, Belker tomba paisiblement en dormant pour ne jamais se réveiller.

L'enfant semblait accepter la transition de Belker sans difficulté. Nous nous sommes assis un moment pour nous demander pourquoi le malheur fait que la vie des chiens est plus courte que celle des êtres humains.
Shane, qui avait écouté attentivement, a dit : " je sais pourquoi ''

Ce qu'il a dit ensuite m'a surpris : je n'ai jamais entendu une explication plus réconfortante que celle-ci. Ce moment a changé ma façon de voir la vie.
Il a dit : " les gens viennent au monde pour apprendre à vivre une belle vie, comme aimer les autres tout le temps et être quelqu'un de bien, hein ? ''

" Et bien, comme les chiens sont déjà nés en sachant comment faire tout ça, ils n'ont pas à rester aussi longtemps que nous. ''

La morale de l'histoire est :

Si un chien était ton professeur, il t’apprendrait des choses comme :

* Quand vos proches arrivent à la maison, il faut toujours aller dire bonjour ;

* Ne laissez jamais passer une occasion d'aller se promener ;

* Faites l'expérience de l'air frais et du vent ;

* Courez, sautez et jouez tous les jours ;

* Améliorez votre attention et laissez les gens vous toucher ;

* Évitez de " mordre " lorsque seul un " grognement " serait suffisant ;

* Dans les jours chauds, allongez-vous sur l'herbe.

Et N'oubliez jamais : " quand quelqu'un aura eu une mauvaise journée, restez silencieux, asseyez-vous près de lui et doucement faites-lui sentir que vous êtes là...

C'est le secret du bonheur que les chiens nous apprennent tous les jours.

mercredi 5 septembre 2018

Concert Piazzolla by Astoria



Mercredi 19 septembre 2018 – 20h00 – Jazz Club @ D’Ieteren Gallery
« Piazzolla by Astoria »

Après le concert de musique cubaine de février dernier, nous restons en Amérique latine avec l’Ensemble Astoria. Ce concert, entièrement dédié à Astor Piazzolla, reprendra ses plus beaux morceaux et chants avec la voix magique de Jennifer Scavuzzo, l’accordéon et le bandonéon de Christophe Delporte et, bien sûr, Isabelle Chardon au violon, Léonardo Anglani au piano et Adrien Tyberghein à la contrebasse

Une soirée qui vous fera voyager des faubourgs de Buenos Aires jusqu'aux terres chaudes enfouies sous la flore tropicale, dans un ensorcellement rythmique et mélodique, une musique vivante, vibrante, qui parle d’amour, de douleur, d’espoir et de mélancolie comme seul le maître argentin pouvait la transcrire !…

Infos pratiques :

Lieu : D’Ieteren Gallery – rue du Mail 50 à 1050 Ixelles (Bruxelles) – Parking gratuit sur le toit de la société D’Ieteren dans la mesure des places disponibles (limitées)

Infos et réservations : 02/772.34.26 – patriciaraes@scarlet.be

Site web : http://www.classicclassics.sitew.be/#Programmation.A

Prix d’entrée : 25€/personne (incluant une assiette de grignotages et 2 verres de vin)

A verser au compte Belfius de l'ASBL L'Orangerie : BE45 0682 2324 2089 (avec mention du concert choisi)

mardi 4 septembre 2018

XIII. La récompense.



Le prince regarda Violette et soupira. Violette regarda le prince et sourit.

« Comme tu es beau, cher cousin ! Que je suis heureuse de t’avoir rendu ta beauté ! Moi, je vais verser quelques gouttes d’huile de senteur sur mes mains ; puisque je ne peux te plaire, je veux du moins t’embaumer », ajouta-t-elle en riant.

Et, débouchant le flacon, elle pria Merveilleux de lui en verser quelques gouttes sur le front et sur le visage. Le prince avait le cœur trop gros pour parler. Il prit le flacon et exécuta l’ordre de sa cousine. Aussitôt que l’huile eut touché le front de Violette, quelles ne furent pas sa joie et sa surprise en voyant tous ses poils disparaître et sa peau reprendre sa blancheur et sa finesse premières !

Le prince et Violette, en voyant la vertu de cette huile merveilleuse, poussèrent un cri de joie, et, courant vers l’étable où étaient la reine et Passerose, ils leur firent voir l’heureux effet de l’huile de la fée. Toutes deux partagèrent leur bonheur. Le prince Merveilleux ne pouvait en croire ses yeux. Rien désormais ne s’opposait à son union avec Violette, si bonne, si dévouée, si tendre, si bien faite pour assurer le bonheur de son cousin.

La reine songeait au lendemain, à son retour dans son royaume, qu’elle avait abandonné depuis vingt ans : elle aurait voulu que son fils, que Violette et qu’elle-même eussent des vêtements convenables pour une si grande cérémonie ; mais elle n’avait ni le temps ni les moyens de s’en procurer : il fallait donc conserver leurs habits de drap grossier et se montrer ainsi à leurs peuples. Violette et Merveilleux riaient de l’inquiétude de leur mère.

« Ne trouvez-vous pas, mère, que notre beau Merveilleux est bien assez paré de sa beauté, et qu’un habit somptueux ne le rendra ni plus beau ni plus aimable ?

– Et ne trouvez-vous pas, comme moi, mère, que la beauté de notre chère Violette la pare mieux que les plus riches vêtements ; que l’éclat de ses yeux l’emporte sur les plus brillantes pierreries ; que la blancheur de ses dents ferait pâlir les perles les plus belles ; que la richesse de sa blonde chevelure la coiffe mieux qu’une couronne de diamants ?

– Oui, oui, mes enfants, sans doute, vous êtes tous deux beaux et charmants ; mais un peu de toilette ne gâte rien ; quelques bijoux, un peu de broderie, de riches étoffes, ne feraient aucun tort à votre beauté. Et moi qui suis vieille…

– Mais pas laide, Madame, interrompit vivement Passerose ; vous êtes encore belle et aimable, malgré votre petit bonnet de fermière, votre jupe de drap rayé, votre corsage de camelot rouge et votre guimpe de simple toile. D’ailleurs, une fois rentrée dans votre royaume, vous achèterez toutes les robes qui vous feront plaisir. »

La soirée se passa ainsi gaiement et sans inquiétude de l’avenir. La fée avait pourvu à leur souper ; ils passèrent leur dernière nuit sur les bottes de paille de l’étable, et, comme ils étaient tous fatigués des émotions de la journée, ils dormirent si profondément que le jour brillait depuis longtemps et que la fée était au milieu d’eux avant qu’ils fussent éveillés.

Un léger hem ! hem ! de la fée les tira de leur sommeil ; le prince fut le premier à ouvrir les yeux : il se jeta aux genoux de la fée et lui adressa des remerciements tellement vifs qu’elle en fut attendrie.

Violette aussi était aux genoux de la fée, la remerciant avec le prince.

« Je ne doute pas de votre reconnaissance, leur dit la fée, mais j’ai beaucoup à faire ; on m’attend dans le royaume du roi Bénin, où je dois assister à la naissance du troisième fils de la princesse Blondine ; le fils doit être le mari de votre fille aînée, prince Merveilleux, et je tiens à le douer de toutes les qualités qui pourront le faire aimer de votre fille. Il faut que je vous mène dans votre royaume ; plus tard, je reviendrai assister à vos noces… Reine, continua-t-elle en s’adressant à Aimée qui venait de s’éveiller, nous allons partir immédiatement pour le royaume de votre fils ; êtes-vous prête, ainsi que votre fidèle Passerose ?

– Madame, répondit la reine avec un léger embarras, nous sommes prêtes à vous suivre, mais ne rougirez-vous pas de notre toilette si peu digne de notre rang ?

– Ce ne sera pas moi qui en rougirai, reine, répliqua la fée en souriant ; c’est vous qui seriez disposée à en rougir. Mais je puis porter remède à ce mal. »

En disant ces mots, elle décrivit avec sa baguette un cercle au-dessus de la tête de la reine, qui au même moment, se trouva vêtue d’une robe de brocart d’or, coiffée d’un chaperon de plumes rattachées par un cordon de diamants, et chaussée de brodequins de velours pailletés d’or.

La reine regardait sa robe d’un air de complaisance. « Et Violette ? dit-elle, et mon fils ? N’étendrez-vous pas sur eux vos bontés, Madame ?

– Violette ne me l’a pas demandé, ni votre fils non plus. Je suivrai en cela leurs désirs. Parlez, Violette, désirez-vous changer de costume ?

– Madame, répondit Violette en baissant les yeux et en rougissant, j’ai été heureuse sous cette simple robe de toile ; c’est dans ce costume que mon frère m’a connue, m’a aimée ; souffrez que je le conserve tant que le permettront les convenances, et que je le garde toujours en souvenir des heureuses années de mon enfance. »

Le prince remercia Violette en lui serrant tendrement les mains.

La fée approuva Violette d’un signe de tête amical, fit approcher son équipage qui attendait à quelques pas, y monta, et plaça près d’elle la reine, Violette, le prince et Passerose. En moins d’une heure, les alouettes franchirent les trois mille lieues qui les séparaient du royaume de Merveilleux ; tout le peuple et toute la cour, prévenus par la fée, attendaient dans les rues et dans le palais. À l’aspect du char, le peuple poussa des cris de joie qui redoublèrent lorsque, le char s’arrêtant sur la grande place du palais, on en vit descendre la reine Aimée, un peu vieillie sans doute, mais toujours jolie et gracieuse ; le prince Merveilleux dont la beauté et la grâce étaient rehaussées par la richesse de ses vêtements, éblouissants d’or et de pierreries : c’était encore une gracieuseté de la fée. Mais les acclamations devinrent frénétiques, lorsque le prince, prenant la main de Violette, la présenta au peuple. Son doux et charmant visage, sa taille fine et élégante, étaient encore embellis par la toilette dont la fée l’avait revêtue d’un coup de baguette. Sa robe était en dentelle d’or, son corsage, ses épaules et ses bras étaient ornés d’une foule d’alouettes en diamants, pas plus grosses que des oiseaux-mouches ; sur la tête, elle avait aussi une couronne de petites alouettes en pierreries de toutes couleurs. Son air doux et vif, sa grâce, sa beauté, lui gagnèrent tous les cœurs. On cria tant et si longtemps : Vive le roi Merveilleux ! vive la reine Violette ! que plusieurs personnes dans la foule en devinrent sourdes. La fée, qui ne voulait que joie et bonheur dans tout le royaume, les guérit tous, à la prière de Violette. Il y eut un grand repas pour la cour et pour le peuple. Un million trois cent quarante-six mille huit cent vingt-deux personnes dînèrent aux frais de la fée, et chacun emporta de quoi manger pendant huit jours. Pendant le repas, la fée partit pour aller chez le roi Bénin, promettant de revenir pour les noces de Merveilleux et de Violette. Pendant les huit jours que dura son absence, Merveilleux, qui voyait sa mère un peu triste de ne plus être reine, la pria avec tant d’instance d’accepter le royaume de Violette, qu’elle consentit à y régner, à la condition toutefois que le roi Merveilleux et la reine Violette viendraient tous les ans passer trois mois chez elle.

La reine Aimée, avant de quitter ses enfants, voulut assister à leur union. La fée Drôlette, plusieurs fées et génies de ses amis furent convoqués aux noces. Ils eurent tous des présents magnifiques, et ils furent si satisfaits de l’accueil que leur avaient fait le roi Merveilleux et la reine Violette, qu’ils promirent de revenir toutes les fois qu’ils seraient appelés. Deux ans après, ils reçurent tous une nouvelle invitation pour assister à la naissance du premier enfant des jeunes époux. Violette mit au jour une fille qui fut, comme son père et sa mère, une merveille de bonté et de beauté.

Le roi et la reine ne purent exécuter la promesse qu’ils avaient faite à leur mère. Un des génies qui avait été invité aux noces de Merveilleux et de Violette, et qui s’appelait Bienveillant, trouva à la reine Aimée tant de douceur, de bonté et de beauté qu’il l’aima ; il alla la visiter plusieurs fois quand elle fut dans son nouveau royaume ; se voyant affectueusement accueilli par la reine, il l’enleva un beau jour dans un tourbillon. La reine Aimée pleura un peu, mais comme elle aimait aussi le génie, elle se consola promptement et consentit à l’épouser. Le roi des génies lui accorda, comme présent de noces, de participer à tous les privilèges de son mari, de ne jamais mourir, de ne jamais vieillir, de se transporter en un clin d’œil partout où elle voudrait. Elle usa souvent de cette faculté pour voir son fils et ses petits-enfants. Le roi et la reine eurent huit fils et quatre filles ; tous sont charmants ; ils seront heureux sans doute, car ils s’aiment tendrement ; et leur grand-mère, qui les gâte un peu, dit-on, leur fait donner par leur grand-père, le génie Bienveillant, tout ce qui peut contribuer à leur bonheur.

Passerose qui était tendrement attachée à la reine Aimée, l’avait suivie dans son nouveau royaume ; mais quand le génie enleva la reine dans un tourbillon, Passerose, se voyant oubliée et ne pouvant la suivre, fut si triste de l’isolement dans lequel la laissait le départ de sa chère maîtresse, qu’elle pria la fée Drôlette de la transporter près du roi Merveilleux et de la reine Violette. Elle y resta pour soigner leurs enfants, auxquels elle racontait souvent les aventures d’Ourson et de Violette ; elle y est encore, dit-on, malgré les excuses que lui firent le génie et la reine de ne l’avoir pas fait entrer dans le tourbillon.

« Non, non, leur répondit Passerose ; restons comme nous sommes. Vous m’avez oublié une fois, vous pourriez bien m’oublier encore. Ici, mon cher Ourson et ma douce Violette n’oublient jamais leur vieille bonne. Je les aime ; je leur resterai. Ils m’aiment, ils me garderont. »

Quant au fermier, à l’intendant, au maître de forge, qui avaient été si cruels envers Ourson, ils furent sévèrement punis par la fée Drôlette.

Le fermier fut dévoré par un ours quelques heures après avoir chassé Ourson.

L’intendant fut chassé par son maître pour avoir fait lâcher les chiens, qu’on ne put jamais retrouver. La nuit même, il fut piqué par un serpent venimeux, et expira quelques instants après.

Le maître de forge ayant réprimandé trop brutalement ses ouvriers, ils se saisirent de lui et le précipitèrent dans le fourneau ardent, où il périt en quelques secondes.

lundi 3 septembre 2018

XII. Le combat.



Violette allait répondre, lorsqu’une espèce de mugissement se fit entendre dans l’air. On vit descendre lentement un char de peau de crocodile, attelé de cinquante énormes crapauds. Tous ces crapauds soufflaient, sifflaient et auraient lancé leur venin infect, si la fée Drôlette ne le leur eût défendu.

Quand le char fut à terre, il en sortit une grosse et lourde créature : c’était la fée Rageuse ; ses gros yeux semblaient sortir de sa tête ; son large nez épaté couvrait ses joues ridées et flétries ; sa bouche allait d’une oreille à l’autre ; quand elle l’ouvrait, on voyait une langue noire et pointue qui léchait sans cesse de vilaines dents écornées et couvertes d’un enduit de bave verdâtre. Sa taille, haute de trois pieds à peine, était épaisse ; sa graisse flasque et jaune avait principalement envahi son gros ventre tendu comme un tambour ; sa peau grisâtre était gluante et froide comme celle d’une limace ; ses rares cheveux rouges tombaient de tous côtés en mèches inégales le long d’un cou plissé et goitreux ; ses mains larges et plates semblaient être des nageoires de requin. Sa robe était en peaux de limaces et son manteau en peaux de crapauds. Elle s’avança lentement vers Ourson, que nous appellerons désormais de son vrai nom, le prince Merveilleux. Elle s’arrêta en face de lui, jeta un coup d’œil furieux sur la fée Drôlette, un coup d’œil de triomphe moqueur sur Violette, croisa ses gros bras gluants sur son ventre énorme, et dit d’une voix aigre et enrouée :

« Ma sœur l’a emporté sur moi, prince Merveilleux. Il me reste pourtant une consolation ; tu ne seras pas heureux, parce que tu as retrouvé ta beauté première aux dépens du bonheur de cette petite sotte qui est affreuse, ridicule, et dont tu ne voudras plus approcher. Oui, oui, pleure, ma belle Oursine ; tu pleureras longtemps et tu regretteras amèrement, si tu ne le regrettes déjà, d’avoir donné au prince Merveilleux ta belle peau blanche.

– Jamais, Madame, jamais ; mon seul regret est de n’avoir pas su plus tôt ce que je pouvais faire pour lui témoigner ma reconnaissance. »

La fée Drôlette, dont le visage avait pris une expression de sévérité et d’irritation inaccoutumée, brandit sa baguette et dit :

« Silence, ma sœur ; vous n’aurez pas longtemps à triompher du malheur de Violette ; j’y porterai remède ; son dévouement mérite récompense.

– Je vous défends de lui venir en aide sous peine de ma colère.

– Je ne redoute pas votre colère, ma sœur, et je dédaigne de vous en punir.

– M’en punir ! tu oses me menacer ? » Et, sifflant bruyamment, elle fit approcher son équipage, remonta dans son char, s’enleva et voulut fondre sur Drôlette pour l’asphyxier par le venin de ses crapauds. Mais Drôlette connaissait les perfidies de sa sœur ; ses alouettes fidèles tenaient le char à sa portée ; elle sauta dedans. Les alouettes s’élevèrent, planèrent au-dessus des crapauds, et s’abaissèrent rapidement sur eux ; ceux-ci, malgré leur pesanteur, esquivèrent le coup en se jetant de côté, ils purent même lancer leur venin sur les alouettes les plus rapprochées qui moururent immédiatement ; la fée les détela avec la rapidité de la foudre, s’éleva encore et vint retomber si adroitement sur les crapauds, que les alouettes leur crevèrent les yeux avec leurs griffes avant que Rageuse eût le temps de secourir son armée. Les cris des crapauds, les sifflements des alouettes faisaient un bruit à rendre sourd ; aussi la fée Drôlette eut-elle l’attention de crier à ses amis, qui regardaient le combat avec terreur : « Éloignez-vous et bouchez-vous les oreilles ». Ce qu’ils firent immédiatement. Rageuse tenta un dernier effort ; elle dirigea ses crapauds aveugles vers les alouettes afin de les prendre en face et de leur lancer du venin ; mais Drôlette s’élevait, s’élevait toujours ; Rageuse restait toujours au-dessous. Enfin, ne pouvant contenir sa colère, elle s’écria : « Tu es soutenue par la reine des fées, une vieille drôlesse que je voudrais voir au fond des enfers ! »

À peine eut-elle prononcé ces paroles, que son char retomba pesamment à terre ; les crapauds crevèrent, le char disparut ; Rageuse resta seule sous la forme d’un gros crapaud. Elle voulut parler, elle ne put que mugir et souffler ; elle regardait avec fureur Drôlette et ses alouettes, le prince Merveilleux, Violette et Agnella, mais son pouvoir était détruit.

La fée Drôlette abaissa son char, descendit à terre et dit :

« La reine des fées t’a punie de ton audace, ma sœur. Repens-toi si tu veux obtenir ta grâce. »

Pour toute réponse, le crapaud lança son venin, qui, heureusement, n’atteignit personne. Drôlette étendit vers lui sa baguette.

« Je te commande de disparaître et de ne plus jamais te montrer aux yeux du prince, de Violette et de leur mère. »

À peine avait-elle achevé ces mots, que le crapaud disparut sans qu’il restât le moindre vestige de son attelage et de son char. La fée Drôlette demeura pendant quelques instants immobile ; elle passa la main sur son front, comme pour en chasser une triste pensée, et, s’approchant du prince Merveilleux, elle lui dit :

« Prince, le titre que je vous donne vous indique votre naissance : vous êtes le fils du roi Féroce et de la reine Aimée, cachée jusqu’ici sous l’apparence d’une modeste fermière. Le nom de votre père indique assez son caractère ; votre mère l’ayant empêché de tuer son frère Indolent et sa belle-sœur Nonchalante, il tourna contre elle sa fureur : ce fut moi qui la sauvai dans une nuée avec sa fidèle Passerose. Et vous, princesse Violette, votre naissance égale celle du prince Merveilleux ; votre père et votre mère sont ce même roi Indolent et cette reine Nonchalante, qui, sauvés une fois par votre mère, finirent par périr victimes de leur apathie.

Depuis ce temps le roi Féroce a été massacré par ses sujets qui ne pouvaient plus supporter son joug cruel ; ils vous attendent, prince, pour régner sur eux ; je leur ai révélé votre existence, et je leur ai promis que vous prendriez une épouse digne de vous. Votre choix peut s’arrêter sur une des douze princesses que votre père retenait captives après avoir égorgé leurs parents ; toutes sont belles et sages, et toutes vous apportent en dot un royaume. »

La surprise avait rendu muet le prince Merveilleux ; aux dernières paroles de la fée, il se tourna vers Violette, et, la voyant pleurer :

« Pourquoi pleures-tu, Violette ? Crains-tu que je rougisse de toi, que je n’ose pas témoigner devant toute ma cour la tendresse que tu m’inspires, que je cache ce que tu as fait pour moi, que j’oublie les liens qui m’attachent à toi pour jamais ? Crois-tu que je puisse être assez ingrat pour chercher une autre affection que la tienne, et te remplacer par une de ces princesses retenues captives par mon père ? Non, chère Violette ; jusqu’ici je n’ai vu en toi qu’une sœur ; désormais tu seras la compagne de ma vie, ma seule amie, ma femme en un mot.

– Ta femme, cher frère ! C’est impossible. Comment assoirais-tu sur ton trône une créature aussi laide que ta pauvre Violette ? Comment oserais-tu braver les railleries de tes sujets et des rois voisins ? Moi-même, comment pourrais-je me montrer au milieu des fêtes de ton retour ? Non, mon ami, mon frère, laisse-moi vivre auprès de toi, près de notre mère, seule, ignorée, couverte d’un voile, afin que personne ne me voie et ne puisse te blâmer d’avoir fait un triste choix. »

Le prince Merveilleux insista longuement et fortement ; Violette avait peine à se commander, mais néanmoins elle résistait avec autant de fermeté que de dévouement. Agnella ne disait rien ; elle eût voulu que son fils acceptât ce dernier sacrifice de la malheureuse Violette, et qu’il la laissât vivre près d’elle et près de lui, mais cachée à tous les regards. Passerose pleurait et encourageait tout bas le prince dans son insistance.

« Violette, dit enfin le prince, puisque tu te refuses de monter sur le trône avec moi, j’abandonne ce trône et la puissance royale pour vivre avec toi comme par le passé, dans la solitude et le bonheur. Sans toi, le sceptre me serait un trop lourd fardeau ; avec toi, notre petite ferme me sera un paradis. Dis, Violette, le veux-tu ainsi ?

– Tu l’emportes, cher frère ; oui, vivons ici comme nous avons vécu depuis tant d’années, modestes dans nos goûts, heureux par notre affection.

– Noble prince et généreuse princesse, dit la fée, vous aurez la récompense de votre tendresse si dévouée et si rare. Prince, dans le puits où je vous ai transporté pendant l’incendie, il y a un trésor sans prix pour vous et pour Violette. Descendez-y, cherchez ; et quand vous l’aurez trouvé, apportez-le : je vous en ferai connaître la valeur. »

Le prince ne se le fit pas dire deux fois ; il courut vers le puits ; l’échelle y était encore, il descendit lestement ; arrivé au fond, il ne vit rien que le tapis qu’il avait trouvé la première fois. Il examina les parois du puits : rien n’indiquait un trésor. Il leva le tapis et aperçut une pierre noire avec un anneau ; il tira l’anneau, la pierre s’enleva et découvrit une cassette qui brillait comme une réunion d’étoiles. « Ce doit être le trésor dont parle la fée », dit-il. Il saisit la cassette ; elle était légère comme une coquille de noix. Il s’empressa de remonter, la tenant soigneusement dans ses bras.

On attendait son retour avec impatience ; il remit la cassette à la fée. Agnella s’écria :

« C’est la cassette que vous m’aviez confiée, Madame, et que je croyais perdue dans l’incendie.

– C’est la même, dit la fée ; voici la clef, prince ; ouvrez-la. »

Ourson s’empressa de l’ouvrir. Quel ne fut pas le désappointement général quand, au lieu des trésors qu’on s’attendait à en voir sortir, on n’y trouva que les bracelets qu’avait Violette lorsque son cousin l’avait rencontrée endormie dans la forêt, et un flacon d’huile de senteur.

La fée les regardait tour à tour et riait de leur stupeur ; elle prit les bracelets et les remit à Violette.

« Ceci est mon présent de noces, ma chère enfant, chacun de ces diamants a la propriété de préserver de tout maléfice la personne qui, le porte, et de lui donner toutes les vertus, toutes les richesses, toute la beauté, tout l’esprit et tout le bonheur désirables. Usez-en pour les enfants qui naîtront de votre union avec le prince Merveilleux. »

Prenant ensuite le flacon : « Quant au flacon d’huile de senteur, c’est le présent de noces de votre cousin ; vous aimez les parfums, celui-ci a des vertus particulières ; servez-vous-en aujourd’hui même. Demain je reviendrai vous chercher et vous ramener tous dans votre royaume.

– J’ai renoncé à mon royaume, Madame ; je veux vivre ici avec ma chère Violette…

– Et qui donc gouvernera votre royaume, mon fils ? interrompit la reine Aimée.

– Ce sera vous, ma mère, si vous voulez bien en accepter la charge », répondit le prince. La reine allait refuser la couronne de son fils, quand la fée la prévint :

« Demain nous reparlerons de cela, dit-elle ; en attendant, vous, Madame, qui désirez un peu la couronne que vous alliez pourtant refuser, je vous défends de l’accepter avant mon retour ; et vous, cher et aimable prince, ajouta-t-elle d’une voix douce accompagnée d’un regard affectueux, je vous défends de la proposer avant mon retour. Adieu, à demain. Quand il vous arrivera bonheur, mes chers enfants, pensez à votre amie la fée Drôlette. »

Elle remonta dans son char ; les alouettes s’envolèrent rapidement, et bientôt elle disparut, laissant derrière elle un parfum délicieux.