lundi 30 novembre 2015
Une vie de lapin
Juillet arrive.
Voici l’été, la saison des jeux et des longues promenades pour les petits enfants, les petits chats ou les petits hérissons. Partout, c'est la même chose. Pour tous les petits, l’école est terminée.
Quelle joie ! Les cahiers au feu et le maître au milieu. Un ballon vole dans le jardin du voisin emportant au passage le massif de fleurs de sa femme. Les tables de multiplications sont rangées tout au fond de la mémoire jusqu’à la rentrée prochaine...si on s'en souvient encore !
Vivent les vacances !
Mais les jours passent, volent, filent. Août déjà se termine. Septembre pointe le bout de son nez.
Ding dong ! c’est l’heure de la rentrée... Toutes les bonnes choses ont une fin. Beaucoup ont le coeur gros de quitter les nouveaux amis de vacances. Il est temps de ranger son cartable : livres, cahiers et plumier sans oublier le bonbon pour la récréation.
- Sèche tes larmes ! Tu vas retrouver tes amis, dit maman.
Et elle a bien raison. Ce matin, dans la cour de l’école, ils sont tous présents.
Comme Julie a grandit. Elle est plus jolie encore que l’an passé. Tiens, Maxime a un nouveau petit frère.
Un peu à l’écart, les petits lapinots regardent, craintifs. Ils sont curieux et très fiers de leur sac mais ils ont tellement peur de quitter leur maman. Pour eux, une nouvelle vie commence. Les plus vieux ont amené un ballon et des billes. Le premier jour, c’est encore un peu les vacances...Les lapins parlent, bavardent, gesticulent. Ils sont dissipés en classe. Le maître a bien des difficultés à avoir le silence.
- Méfiez-vous, dit-il ! Si vous continuez, vous n’apprendrez jamais rien et je devrai vous punir.
A la première rangée, les tout petits se tiennent bien droits, sans bruit. Ils veulent tout apprendre, tout savoir, tout connaître.
Les jours passent. Les lapins apprennent chaque jour des choses nouvelles. Ils viennent en classe avec plaisir. A présent, ils peuvent compter sans se tromper : additionner, soustraire, multiplier, diviser ; écrire leur nom et beaucoup d’autres mots pour faire des phrases et des textes. Ils lisent des histoires et chantent des chansons. A la récréation, ils inventent mille activités et s’amusent comme des petits fous...
L’automne remplace l’été. Les feuilles des arbres prennent des teintes féeriques puis se mettent à tomber en recouvrant le sol d’un tapis très doux et craquant sous les pas. Mais bien vite, la pluie change le sol en boue et les lapinots rentrent chez eux, le soir tout crottés au grand désespoir des mamans lapines.
Puis un matin, c'est le calme total. Pas un bruit au dehors mais une grande lumière qui entre par les fenêtres.
L’hiver est arrivé sans bruit pendant la nuit. Il a recouvert la terre d’une épaisse couche de ouate blanche. Pour partir en classe, les lapins enfilent leurs gros manteaux, leurs moufles et leurs bonnets. Il ne faudrait pas qu’ils attrapent une otite... La récréation est encore plus joyeuse que d’habitude. Ils organisent une énorme bataille de boules de neige.
- Attention !
Trop tard. Blanchet vient de la recevoir la boule en plein sur le bout de son nez.
Un matin, Louiset découvre la première perce-neige. La neige s’en va doucement. Elle fond et le printemps revient. Les jours s’allongent chaque jour un peu plus. Les arbres retrouvent leur couleur verte. Les jardins se parent de fleurs odorantes.
Les cloches reviennent de leur voyage à Rome chargées d’oeufs en chocolat qu’elles déversent dans les jardins, les prés et les parcs. Il y en a partout. Les jeunes lapins courent dans tout les sens, leur panier sous la patte. Il ne faudra pas trop en manger pour éviter d’être malade et manquer des jours de classe car les derniers jours sont importants.
La température augmente. Les leçons deviennent de plus en plus difficiles à apprendre. La fatigue s'installe. Il faut revoir tout le contenu des cahiers pour les tests de la fin d’année. Encore un mauvais moment à passer mais après... Après, à nous les grands espaces, les courses dans les bois et les grasses matinées ! L’été est revenu.
Aujourd'hui, c’est le dernier jour de classe. Tous les parents sont présents pour la remise des bulletins. Le maître semble satisfait et un grand sourire illumine son visage. Ses élèves ont bien travaillé et ils méritent une grosse botte de carottes toutes fraîches cueillies du matin.
- A bientôt les petits lapins ! Passez de bonnes vacances et reposez-vous pour être en forme, en septembre.
Ici ou ailleurs, la vie suit son cours imperturbable. Les saisons font place aux saisons ; les années au années. Les lapins, les chats, les hérissons et nous faisons partie de ce cercle magique de la vie.
BONNES VACANCES !!!!!!!!
dimanche 29 novembre 2015
Marjorie et la guitare magique
Marjorie et la guitare magique
Marjorie a un gros chagrin.
Aujourd’hui, il fait un temps superbe, c'est mercredi et il n’y a pas d’école.
Son amie Mylène l' a invitée à passer l’après-midi chez elle avec les autres élèves de sa classe.
- Nous nous baignerons dans la piscine puis nous irons dans les bois pour pique-niquer, a-t-elle dit.
Marjorie a accepté tout de suite. Ses parents seront sûrement d’accord. Il connaissent Mylène et ils l’aiment beaucoup.
Mais c’était sans penser que le mercredi, elle prend des leçons de guitare avec Monsieur Bigot.
Lorsqu’elle en a parlé à sa mère celle-ci a répondu :
- Monsieur Bigot doit venir à 4 heures. Il n’aime pas que tu rates une leçon. Et puis, bientôt ce sera le concours. Ton père et moi , nous serions très heureux si tu pouvais avoir un prix.
Le concours, un prix, Monsieur Bigot, la guitare, ... Marjorie n’en a rien à faire. Il fait si beau. Ce n'est pas juste. Tous ses amis vont passer une superbe journée et elle, elle restera enfermée à attendre Monsieur Bigot.
Elle monte dans sa chambre en claquant les pieds dans l’escalier. Il n’est que deux heures. Encore deux heures à attendre... Elle jette un œil noir sur son instrument. Pourquoi doit-elle apprendre la guitare ? Au début, ça semblait facile mais maintenant, c’est tout autre chose. Elle a sans cesse de nouveaux morceaux à apprendre, beaucoup d'exercices à faire chaque jour et en plus, il y a ce concours à préparer.
Son professeur, Monsieur Bigot est un homme secret. On ne sait pas vraiment qui il est. On ne sait pas l’âge qu’il a. Il a des fils d’argent dans ses cheveux et quelques rides sur son visage. Il porte de grosses lunettes qui lui donne un air sévère mais lorsqu’il sourit, ses yeux s’illuminent et son regard s'adoucit. Il est assez grand, pas mince, ni gros. Il est aime les jeans et les espadrilles qu’il porte hiver comme été. Le papa de Marjorie lui a dit qu’il vivait seul à la lisière de la forêt dans une petite maison juste à côté d’un étang. Ce doit être triste de n’avoir personne chez soi lorsqu’on rentre le soir. Il semble pourtant aimer beaucoup les enfants. Il n’est pas méchant mais enrage lorsque Marjorie n’a pas appris sa leçon. Et justement aujourd’hui elle n’en a pas envie.
En passant à proximité de son instrument, elle ne peut s’empêcher de lui tirer la langue.
- Je te déteste, dit-elle à la guitare.
- Pourquoi me détester ? entend-elle.
Elle se retourne surprise. Il n’y a personne dans la chambre. Elle est sûre pourtant d'avoir entendu une voix.
- Pourquoi me détestes-tu ? entend-elle à nouveau.
Elle regarde vers la guitare...
- Mais, c'est toi qui parle ?
- Oui mais je ne t’ai jamais parlé jusqu'à présent parce que je sais que tu ne m’aimes pas. Tu pinces mes cordes sans faire attention. Tu me laisses traîner dans ta chambre sans me remettre dans ma housse. Elle me protège pourtant des poussières et des coups. J’ai bien compris que tu ne m’apprécies pas alors je n’ai aucune envie de bien jouer. Pourtant j’ai un son cristallin, écoute...
A la grande surprise de Marjorie, les cordes se mettent à vibrer toutes seules.
- Tu sais jouer d’autres morceaux ? demande la fillette.
Et la guitare interprète parfaitement la pièce que Marjorie devra présenter pour son concours.
Maman qui passait dans le couloir entend la musique. Elle s’arrête et écoute avec attention. Comme c’est joli, pense-t-elle... Monsieur BIGOT va être très content. Marjorie est une gentille petite fille. Elle veut sans aucun doute nous faire une surprise.
Elle est loin de se douter de ce qui se passe de l’autre côté de la porte.
Lorsque 4 heures arrive, Marjorie est très à l’aise avec son instrument. La leçon lui semble courte et pas du tout ennuyeuse. Monsieur Bigot est satisfait. Avant de s'en aller, il lui dit :
- Tu as fait d’énormes progrès, Marjorie. Tu as dû sûrement beaucoup travailler. Je pense que tu as beaucoup de chances pour le concours. Quand j’avais ton âge, je n’aimais pas non plus beaucoup la guitare. Un jour, que je n’avais pas envie d’avoir ma leçon et que je n'avais pas fait mes exercices, j’ai entendu mon instrument qui me disait que je ne l’aimais pas. Depuis, ce temps, j’y fait très attention et je suis même devenu professeur de guitare. Il faut toujours faire très bien ce que l’on fait sinon, ça n’en vaut pas la peine. Je pensais te le dire depuis longtemps parce qu'il me semblait que tu n’aimais pas la guitare mais je suis rassuré, je vois que je me suis trompé.
Marjorie est fort ennuyée. Elle ne sait pas comment lui expliquer. Elle ne sait même pas si elle doit lui raconter. Il est gentil mais ne va-t-il pas se moquer d’elle ? Et puis qu’en penserait la guitare ? C'est leur secret à toutes les deux. Elle décide finalement de ne rien dire du moins pour le moment. Peut-être après le concours...
Chaque jour, Marjorie et sa nouvelle amie, la guitare passent de longs moments ensemble. Marjorie s’applique à faire ses exercices et la guitare veille à ce qu’il n’y ait pas de fausses notes. Elle progresse de semaine en semaine et Monsieur Bigot est très heureux d’avoir une si bonne élève.
Le concours arrive enfin. Marjorie n’a pas peur. Elle sait que tout va très bien se passer.
- Vas-y surpasse-toi, dit-elle à la guitare. Mais est-il besoin de le lui dire ?
La guitare et Marjorie ont joué mieux qu’à l’habitude. A la fin du morceau, le public s'est levé et a applaudi longtemps.
Lorsque le président du jury annonce les résultats, elle a le cœur serré.
- Premier prix et prix spécial du public : Marjorie et sa guitare.
- Deuxième prix : ...
Marjorie est très très contente. Mais celui qui l’est plus encore, c’est Monsieur Bigot. C’est la première fois qu’une de ses élèves gagne un concours. Et en plus, cette élève là, il l'aime bien. Elle est tellement attentive !
Marjorie a reçu un très joli bouquet de fleurs qu’elle s’est empressée de donner à sa maman. Elle a pris une marguerite qu’elle a attachée à l’une des cordes de sa guitare.
- C’est pour toi, ma chère guitare. Merci pour ton aide.
Et elle lui a déposé un baiser avant de la rentrer dans sa housse pour qu’elle ne se griffe pas durant le trajet de retour.
samedi 28 novembre 2015
Les envoyés de l'hiver
LES ENVOYES DE L’HIVER
C’était un matin de novembre.
Ce matin là, comme tous les matins, Ginette se rend au parc qui jouxte sa maison. Elle a dans sa main des morceaux de pain qu’elle destine aux oiseaux.
Lorsqu’elle arrive, ce jour là, tout est calme silencieux. Il n’y a pas d’oiseaux sur les branches nues des arbres. Seules quelques feuilles brunies crissent sous ses pas. Les oiseaux sont partis. La plupart vers les pays du soleil, vers le Sud et les autres, ceux qui restent, se cachent à l’abri du froid.
Ginette est bien seule.
Elle voit soudain apparaître au dessus du vieil orme, un oiseau magnifique. Ses ailes sont blanches, bordées de rouge. Son corps est bleu et son bec est doré. Jamais elle n’a vu plus bel oiseau. Délicatement, il se pose sur une branche, un peu comme une plume se pose sur le sol. Ginette surprise n'arrive plus à respirer. Elle est émerveillée.
- Bonjour ! entend-elle.
Mais d'où peut bien provenir cette voix ? Elle se retourne. Il n’y a personne. L’oiseau ouvre ses ailes et des flocons de neige tombent sur le sol.
- Je suis, l'envoyée de la neige. Je m'appelle Nixia. Je fais tomber les flocons.
En ouvrant ses ailes, l'oiseau fait naître une vraie chute de neige tout autour de l’arbre où il s'était posé.
- Alors, tu fais l’hiver !
- Oui et non. enfin, ce n’est pas moi toute seule. Si tu veux, je vais te raconter comment vient l’hiver.
Dans le Nord du pays, vit Monsieur Hiver. Chaque année, à cette même époque, il nous envoie dans toutes les régions pour y apporter son message. Nous sommes trois envoyés : moi, Nixia ; mon ami, Brrr, l'envoyé du froid et Blizz, l'envoyé du vent du Nord. C'est à trois que nous faisons l’hiver. J’arrive toujours la première. Tu sais bien que le froid et le vent, sans la neige, c’est triste. Lorsque j'arrive, les gens sont contents ; la neige est douce et réjouit leur cœur. Les enfants sortent dans les rues. C'est un peu comme une fête.
- Oh ! mais c'est super ! J'aime tant la neige. Jamais je n'aurais imaginé. Tu en as de la chance.
- C’est vrai, moi, j'ai le beau rôle mais Brrr, lui, il n’est pas aimé du tout ...
Au même moment, un souffle glacé fait frissonner Ginette et un oiseau vert vient se poser à côté de Nixia dans un bruit sec de glaçon qui craque.
- Toi, je parie que tu es Brrr, dit Ginette.
- Bien vu, je suis l'envoyé du froid.
- Alors, c’est toi qui fait les glaçons ? J’aimerais bien en avoir un gros sur le bord de ma fenêtre.
- Pas de problème, je vais t’en faire un mais avant, il faut que je gèle les cours d’eau, les patinoires et que je mette du givre aux carreaux. Tu sais ces étoiles qui t’empêchent de voir dehors et t’obligent à souffler sur la vitre pour apercevoir un bout de ciel. Allons, je parle, je parle, il est grand temps que je me mette au travail. Attention, je vais te frigorifier.
Ginette enfonce ses mains dans ses poches, mais ses petits doigts s’engourdissent. Son nez devient tout rouge. Il est l'heure de rentrer. Sa maman va s’inquiéter. Le coeur gros, elle quitte ses nouveaux amis très heureuse pourtant d’avoir fait une rencontre si extraordinaire. En chemin, elle se dit que peut-être demain, elle verra le troisième envoyé. Ce sera alors vraiment l’hiver. Il est donc grand temps qu'elle sorte ses gants, sa tuque, son écharpe multicolore et son anorak à capuchon fourré.
Le lendemain, lorsqu’elle se réveille, Ginette se rend vite compte que l'envoyé du vent du Nord est arrivé à son tour. On l’entend qui siffle à travers les fentes du toit et de la cheminée. Elle enfile ses vêtements et se dirige vers le parc. Dans l’orme, il n’y a qu’un seul oiseau ; très grand et tout gris. Ses plumes sont toutes ébouriffées.
Dès qu'il aperçoit Ginette il lui crie : " Veux-tu une tempête, un ouragan, un cyclone, une tornade... " je suis Blizz, l'envoyé du vent. Ne sais-tu pas où sont mes amis ?
Au moment où il pose sa question, Brrr arrive et se pose sur la même branche que celle d'hier. Il a l’air inquiet. Visiblement, il cherche quelque chose ... ou quelqu’un. Il se met à siffler.
- As-tu vu Nixia ?demande-t-il à Ginette. Où peut-elle donc être passée ?
Ginette sent dans cette voix, toute la tristesse du monde. A son tour, elle se met à être triste et inquiète. Oh non, s’il fallait que la neige ne revienne pas, ce serait épouvantable... Elle entend un bruit qui provient de sa maison.
- Toc toc toc toc.
Un éclair bleu traverse la fenêtre du grenier. Martine a compris aussitôt. Elle se précipite chez elle, grimpe quatre à quatre les escaliers et arrive au grenier. En ouvrant la porte, elle n'est pas surprise de trouver Nixia. Elle lui ouvre la fenêtre.
- Merci de me secourir. La fenêtre était ouverte hier soir alors je suis entrée pour me reposer. Le vent l’a refermée et je ne pouvais plus sortir.
Et Nixia s’envole en direction du grand orme.
Lorsque Ginette revient dans le parc, les trois oiseaux sont réunis et font leur plan pour la journée.
- Je propose de faire une énorme tempête...
Ginette se permet d'intervenir :
- J’ai quelque chose à vous demander. Comme tous les enfants, j’aime la neige mais trop de froid, trop de vent nous empêche de jouer. Trop de neige aussi bloque les routes et nos parents sont alors de méchante humeur. Un peu des trois, ce serait parfait. Juste pour cet hiver, ne pourriez-vous vous entendre ?
Les trois oiseaux se regardent et opinent du chef.
- D'accord, on va te faire le plus beau des hivers : pas trop de froid, pas trop de vent, avec juste assez de neige.
Personne n’a jamais su pourquoi, cette année là, l’hiver a été si doux.
Personne ?
Si.
Il y a eu Ginette et puis, maintenant, il y a vous.
vendredi 27 novembre 2015
La cuisine de Muriel
La cuisine de Muriel
C’était une froide journée du mois de décembre. Il avait beaucoup neigé pendant toute la nuit. Dans sa cuisine, Muriel préparait le repas du soir tandis que son mari était parti à la ville et que leurs trois enfants, Charlotte, Betty et Antoine étaient à l’école.
Un bon feu réchauffait la pièce. Un bourrelet calfeutrait les fenêtres pour que Monsieur l’Hiver ne puisse entrer. Au menu du soir, il y aurait un gigot et des haricots, un plat que tous aimaient. Pour le goûter, elle avait confectionné un gâteau au chocolat, le préféré des enfants. Ils seront surpris et ravis à leur retour et Muriel se réjouissait déjà de les voir rentrer. Dès qu’elle eût terminé de cuisiner, elle rangea ses ustensiles, fit la vaisselle, traqua la moindre poussière et donna un coup de balai. Elle aimait que rien ne traîne. Quelle belle cuisine bien rangée !
Elle venait à peine de finir quand son mari rentra tenant dans ses bras leur chat Moustache.
- Je l’ai trouvé sur le chemin, dit-il. Je crois qu’il s’est cassé la patte. Puis-je l’installer devant le feu ?
- Oh non ! pas un chat dans ma cuisine. Je viens à peine de remettre tout en ordre. J’aimerais mieux qu’il aille dans la remise.
- Bon, réplique le mari mais c’est dommage. Un chat comme celui-ci, tu n’en retrouveras pas. C’est le champion pour attraper les souris et les rats.
Le chat émit un faible miaulement et Muriel avec un haussement d’épaule et un profond soupir accepta " juste pour une fois ". Le mari installa l’animal près de l’âtre dans une caisse où il avait disposé une vieille couverture. Muriel reprit son balai et suivi les traces de son mari alors qu’il s’éloignait.
Quelques instants plus tard, il rentra à nouveau dans la pièce, les pieds plein de neige. Il tenait dans ses mains 6 chiots et était suivi par leur chienne.
- Peggy vient de mettre bas, dit-il. Il fait bien trop froid pour qu’elle reste dehors avec ses petits. Puis-je les mettre à côté du chat ?
- Oh non ! pas une chienne et six chiots dans ma cuisine. Je viens à peine de remettre tout en ordre. J’aimerais mieux qu’ils aillent dans la remise.
- Bon, réplique le mari mais c’est dommage. Une chienne comme celle-ci, tu n’en retrouveras pas. C’est un excellent chien de chasse. Quand reviendra la saison, elle ne pourra plus m’accompagner. En plus, nous aurions pu vendre ses chiots et avoir un peu d’argent.
Comme par un fait exprès, les chiots se mirent à japper et Muriel avec un haussement d’épaule et un profond soupir accepta " juste pour une fois ". Le mari installa les animaux devant l’âtre dans une caisse à côté du chat. Muriel reprit son balai et effaça les traces des pas de son mari.
Peu de temps après, on frappa à la porte. Elle alla ouvrir et se trouva nez à nez avec la voisine, son mari et leurs deux enfants nouveau-nés.
- Nous devons nous rendre à la ville, dirent les voisins. Avec ce mauvais temps, ma sœur devait venir garder les enfants. Elle n’a pas pu sortir de chez elle. Ne pourriez-vous prendre les petits ? Il fait bien trop froid pour qu’ils nous accompagnent.
- Oh non ! je ne peux pas garder deux enfants dans ma cuisine, dit Muriel. Je viens à peine de remettre tout en ordre. J’aimerais mieux que vous les preniez avec vous. S’il leur arrivait quelque chose ici, je m’en sentirait responsable.
- Bon, réplique le voisin mais c’est dommage. Lorsque reviendra la bonne saison, avec quoi ferez-vous vos confitures ? Vous n’avez pas d’arbres fruitiers. Je ne pourrai plus vous faire plaisir.
Les bambins se mirent à brailler et Muriel avec un haussement d’épaule et un profond soupir accepta " juste pour une fois ". Son mari installa les deux enfants dans leurs couffins devant l’âtre à côté du chat, du chien et des chiots. Muriel reprit son balai et effaça les traces des pas de ses voisins.
Il était quatre heures et les enfants n’allaient pas tarder à rentrer de l’école. Betty arriva la première accompagnée de deux amies.
- Maman, elles ne peuvent pas rentrer chez elles toutes seules à cause de la neige. Peuvent-elles attendre ici leurs parents ?
- Oh non ! je ne peux pas garder ces deux fillettes dans ma cuisine, dit Muriel. Je viens à peine de remettre tout en ordre. J’aimerais mieux qu’elles retournent à l’école où leurs parents viendront les rechercher.
- Bon, répliquent les fillettes mais c’est dommage. Lorsque vous viendrez chercher de la viande chez notre père, nous ne croyons pas qu’il trouvera encore de bons morceaux.
Muriel avec un haussement d’épaule et un profond soupir accepta " juste pour une fois ". Elle fit entrer les fillettes dans la cuisine à côté du chat, du chien et des chiots et des deux nouveau-nés puis elle reprit son balai et effaça les traces des pas des enfants.
Charlotte arriva à son tour. Elle ramenait un oiseau qu’elle avait trouvé à la sortie de l’école. Il avait froid et faim. Il grelottait.
- Puis-je donner à manger à cet oiseau ? demanda-t-elle. Il semble à demi-mort.
- Oh non ! je ne veux pas d’un oiseau dans ma cuisine, dit Muriel. Je viens à peine de remettre tout en ordre. J’aimerais mieux qu’il aille dans la remise.
- Bon, réplique Charlotte mais c’est dommage. Lorsque l’été reviendra, nous ne pourrons plus entendre son doux chant mélodieux. Nos réveils ne seront plus pareils.
Muriel avec un haussement d’épaule et un profond soupir accepta " juste pour une fois ". La fillette installa l’oiseau devant la cheminée et lui prépara une bouillie de maïs.
Antoine rentra le dernier avec quelques amis.
- Pouvons-nous nous réchauffer ? Nous avons fait une bataille de neige et nous sommes tout frigorifiés dit-il à sa mère. Nos vêtements sont trempés.
- Si vous trouvez de la place ! dit Muriel avec un haussement d’épaule et un profond soupir et les enfants rentrèrent dans la cuisine. Elle ne ressemblait plus du tout à une cuisine ; le sol était maculé de taches. Il y avait du monde partout.
Muriel alla chercher le gâteau au chocolat et distribua un morceau à chacun. Elle rempli d’eau les écuelles pour les animaux et confectionna des biberons pour les nourrissons. Tout ce petit monde avait l’air visiblement heureux. Un brouhaha indescriptible sortait de cette cuisine. Betty s’approcha de sa maman et lui dit :
- Ce qu’on se sent bien dans ta cuisine, maman ! et elle lui donna un énorme baiser.
Muriel partit d’un grand éclat de rire et pensa :
" Mieux vaut une cuisine heureuse qu’une cuisine bien nette "
Et vous ? Qu’en pensez-vous ?
jeudi 26 novembre 2015
Le concours de cerfs-volants
Le concours de cerfs-volants
Aujourd’hui est un grand jour pour la famille Pique. Marie, Pierre et Stéphane Pique vont au concours des cerfs-volants avec leur maman. Depuis le matin, ils sont très excités et ne tiennent plus en place. Ils n’arrêtent pas de se chamailler, courent dans toute la maison, font énormément de bruit. Un dispute un peu plus bruyante que les autres survient :
- C’est moi qui vais tenir le cerf-volant, dit Stéphane.
- Non, c'est moi, réplique Pierre. Je l’ai monté et en plus je suis l’aîné.
- Pas du tout, dit Marie. C’est moi qui ai coupé les morceaux. C’est moi qui le tiendrai.
- Oh non, pas une fille, dit Pierre en ouvrant de grands yeux. Tu risquerais de le laisser s’envoler.
- Je te signale que les filles sont aussi capables que les garçons. Et puis, nous, nous faisons tout avec beaucoup plus de soin, rétorque Marie en haussant les épaules.
Madame Pique qui n’a perdu aucun mot de la conversation intervient :
- Ne vous disputez pas. J’ai une très bonne solution. Nous le tiendrons tous les quatre. Il n’y aura ainsi pas de risque qu’il s’envole. Allons, les enfants. Il est l’heure de partir si nous ne voulons pas manquer le début du concours.
Et les voilà en route tous les quatre tenant fièrement à la main leur cerf-volant tout neuf.
Ils se mettent à chanter une chanson pour se donner du courage. Ils aimeraient tellement gagner ce concours... Ils ont beaucoup travaillé mais ils n'ont pas eu le temps de tester leur engin.
Ils marchent pendant un bon moment et arrivent à proximité du champs où se tient le concours quand Marie crie :
- Maman, je me suis fait mal au pied.
Madame Pique s'immobilise, lâche le cerf-volant et vient inspecter le pied de sa fille. A première vue, il n'y a rien.
Essaie de marcher, dit-elle.
Marie lâche le cerf-volant à son tour et avance en boitillant.
-Ça fait vraiment très mal, maman.
Pendant ce temps, Stéphane et Pierre se sont rapprochés de l'aire de départ.
- Bonjour les Pique, dit Monsieur Dard, l'organisateur du concours. Votre maman n'est pas avec vous ?
- Elle arrive, répondent les Pique en choeur. Elle est restée avec Marie qui a mal au pied. Est-ce que le concours commence bientôt ?
- Tout de suite. Préparez-vous et bonne chance ...
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Pierre s'élance et tout à coup une énorme rafale de vent emporte le cerf-volant dans les airs. Stéphane a juste le temps d'attraper la corde que Pierre a lâchée en tombant sur le sol. Le cerf-volant monte, monte ... Il n'est bientôt plus qu'un petit point dans le ciel. Mais où est Stéphane ?
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Il est accroché à la corde et se balance au gré du vent. Il regarde vers le sol et se sent pris de vertige. Comme le monde est petit vu d'en haut. Stéphane s'agrippe à la corde. Il ne pouvait pas imaginer voler un jour. Mais que va-t-il arriver ?
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Au bout de quelques minutes, le cerf-volant perd de l'altitude et Stéphane commence à apercevoir les autres concurrents, son frère, sa sœur et sa mère. Il s'approche de plus en plus du sol. Il prépare sa chute et au moment où il va atteindre le sol, un grand coup de vent l'emporte à nouveau dans les airs.
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Cette fois, il s'éloigne. Il vole au-dessus de la forêt et arrive à proximité d'un étang. Il se sent bien seul et a un peu peur. Si seulement il savait où se trouve sa maison. De grosses larmes roulent sur ses joues. Il est très malheureux. Soudain, il aperçoit de l'autre côté de l'eau son père en train de pêcher. Et, comme le hasard fait toujours bien les choses, c'est juste à ce moment que le vent faiblit. Le cerf-volant descend et se pose doucement dans la prairie au bord de l'étang. Stéphane ne se sent plus de joie et court rejoindre son père.
Monsieur Pique s'était endormi et des grenouilles malicieuses en avaient profité pour lui accrocher une de ses bottes au bout de son hameçon.
- Papa, réveille-toi. C'est moi, Stéphane.
Le Père Pique ouvre les yeux et est bien étonné de voir son fils près de lui.
- Je me suis envolé avec le cerf-volant et j'ai eu très peur. Oh ! que je suis content de te retrouver mon petit papa. Nous ne gagnerons pas le concours mais quel beau voyage. Voler c'est extraordinaire. Dis, tu as déjà volé, toi ?
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Monsieur Pique range son matériel de pêche et rentre à la maison avec son fils. Vite, il faut prévenir Madame Pique qui doit être bien inquiète.
Qu'importe le résultat du concours ! Ce qui compte, avant tout, c'est la famille. Que tous soient réunis et en bonne santé.
Stéphane aura une belle histoire à raconter. Il aura vécu une aventure extraordinaire mais jamais il ne dira à personne qu'il a eu très peur.
Car c'est ça être une hérisson !
Et puis, c'est tellement fabuleux de voler comme les oiseaux...
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mercredi 25 novembre 2015
La rose qui guérit
Une femme avait deux enfants prénommés Marie-Pascale et Louis-Simon. Ils étaient tous deux très intelligents, courageux et toujours prêts à rendre service. Marie-Pascale était fort jolie. Elle portait des cheveux noirs très longs et Louis-Simon avait un regard malicieux qui le faisait aimer de tous ceux qui l'approchaient. Un jour, leur mère tomba gravement malade et les fit venir à son chevet.
- Mes enfants, dit-elle, Je sens mes forces me quitter. Je crois que je vais mourir. Ne pleurez pas, il y a un moyen pour me rendre la santé. Au Sud du pays, sur le bord de la mer, se trouve un château et dans ce château fleurit une rose qui guérit. Celui ou celle qui cueille cette fleur ne doit plus jamais craindre ni la mort ni la maladie. Je ne sais si vous pourrez la trouver.
Les enfants décidèrent sur le champ de trouver la rose qui guérit et partirent vers le Sud. Ils marchèrent tout le jour et le soir, bien fatigués, s’assirent au pied d’un grand arbre pour prendre leur repas. Ils sortirent de leurs besaces les provisions qu’ils avaient emportées pour un si long chemin. Il y avait de la viande, du pain, un morceau de fromage, des pommes et quelques biscuits secs ainsi qu’une outre remplie d’eau. Ils mangèrent de bon appétit mais s'arrêtèrent car ils aperçurent une vieille femme qui les regardait manger avec des yeux remplis d’envie.
Marie-Pascale qui était la gentillesse même proposa à la vieille de venir partager leur repas.
- Ce n’est pas de refus, dit la femme. Ça fait trois jours que je n’ai rien pris. J’ai bu seulement un peu d’eau que j’ai trouvé dans un ruisseau.
- Asseyez-vous près de moi, dit Louis-Simon en se poussant un peu pour que la vieille s’installe sur la mousse qui recouvrait le pied de l’arbre.
- Vous avez bon cœur mes enfants, dit la vieille.
Et elle se mit à manger avec avidité. On voyait manifestement qu’elle n’avait rien mangé depuis plusieurs jours car elle avala la presque totalité des vivres. Lorsqu’elle eût terminé son repas, elle se leva.
- Je n’ai jamais fait un si bon repas et je tiens à vous remercier. Tenez, prenez ce sifflet. Lorsque vous sifflerez une fois, tous ceux que vous voudrez se retrouveront figés sur place. Lorsque vous sifflerez deux fois, les gens seront obligés de se lever et de danser tant que vous le voudrez et si vous sifflez trois fois, une table garnie des mets les plus fins sera dressée à votre intention.
Louis-Simon et Marie-Pascale étaient enthousiasmés mais lorsqu’ils relevèrent la tête la vieille avait disparu. Ils eurent beau la chercher de tous les côtés, plus de trace. S'il n'y avait eu le sifflet, ils auraient pu penser qu'ils avaient rêver.
La nuit était venue et il leur fallait à tout prix trouver un gîte. Louis-Simon, très agile, grimpa sur un arbre et finit par découvrir dans le lointain, une faible lueur. Ils se dirigèrent tous les deux vers cette lumière et arrivèrent bientôt à proximité d’une cabane. Lorsqu’ils ouvrirent la porte, ils trouvèrent une famille nombreuse assise autour d’une table.
Le père, assez âgé, se leva à leur entrée et leur dit :
- Si vous vous contentez de notre humble demeure et de notre modeste repas, vous êtes les bienvenus.
Il installa les deux enfants à la meilleure place près du feu. Louis-Simon sans que personne ne le remarque siffla trois fois dans son sifflet et la table se couvrit de plats succulents servis dans de la vaisselle d’argent. La famille n’en croyait pas ses yeux. La mère ne comprenait pas.
- Je n’avais que du pain et un peu de pommes de terre. C’est sans doute une fée qui a voulu fêter votre arrivée dans notre maison.
Le lendemain matin, au moment de prendre congé, Marie-Pascale et Louis-Simon demandèrent au vieil homme de leur indiquer le chemin pour se rendre vers le château qui renferme la rose qui guérit.
- J’ai entendu parler souvent de ce château, dit l’homme. Un prince et une princesse y sont endormis. Ils ont été enfermés dans une tour par un magicien, il y a déjà bien longtemps. Vous ne pourrez cueillir la rose qui guérit qu’en les éveillant car ils sont les seuls à connaître l’endroit où la fleur se trouve. Je crains cependant qu’il ne soit impossible d’arriver jusqu’au château car vous devrez traverser une forêt gardée par des géants. Si par impossible, vous arriviez à les vaincre, vous vous trouveriez aux portes du château avec un gardien pas commode. C'est lui qui possède la clé en or qui ouvre les portes des appartements des princes. Hélas ! le gardien ne laisse plus sortir ceux qui y entrent et il les garde jusqu’au bout de leur vie.
Marie-Pascale et Louis-Simon remercièrent l’homme et la femme de leur accueil et se mirent en route en direction du Sud, vers la mer. Ils marchèrent pendant trois jours et arrivèrent à l’orée d’une forêt. Ils avaient à peine fait quelques pas dans le bois qu’ils entendirent une voix plus forte qu’un coup de tonnerre. Elle semblait provenir du haut des arbres. En levant la tête, les enfants aperçurent un géant plus haut que le plus haut des arbres. Il tenait à la main une énorme massue.
- Qui vous a permis d’entrer dans cette forêt ? Encore un pas et je vous écrase comme des fourmis, dit le géant.
Louis-Simon sortit son sifflet et siffla une fois. Le géant se trouva pétrifié, le bras levé. Il geignait, criait tant et si bien que ses frères ne tardèrent pas à arriver à son secours. Louis-Simon siffla une nouvelle fois et tous les géants se retrouvèrent immobiles comme des statues de marbre. Les enfants traversèrent la forêt sans encombre et arrivèrent aux portes du château.
Ils frappèrent et un homme petit et tout rabougri vient leur ouvrir.
- Que voulez-vous, demanda l’homme ?
- Nous voudrions rentrer dans le château de la rose qui guérit, dirent les enfants.
Un sourire mauvais passa sur son visage. Il se retira pour laisser passer les enfants.
- Mais entrez donc, dit-il sur un ton sarcastique.
Dès qu’ils furent dans le donjon, la porte se referma avec fracas et les deux enfants se regardèrent, un peu effrayés.
- Montez, leur ordonna-t-il.
Ils pénétrèrent dans une salle immense éclairée par d’innombrables chandeliers.
- Je suis le Seigneur de ce château. Il faut que vous sachiez que ceux qui pénètrent ici, n’en ressortent jamais plus. Vous serez désormais mes esclaves et vous me servirez.
Les enfants acquiescèrent tout en ne quittant pas des yeux la clé en or suspendue au mur. Le sorcier, car c'était un sorcier, se rendit compte de l'intérêt qu'ils portaient à la clé et les avertit :
- C’est la clé qui ouvre les appartements où se trouve la rose qui guérit. Si l’un de vous deux touche à cette clé, vous serez puni de mort.
Lorsque le soir vient, de nombreux esclaves servirent le sorcier. Il appela Marie-Pascale et Louis-Simon.
- Versez moi du vin et découpez ma viande. J’exige que vous obéissiez à tous mes ordres. Au moindre écart, je vous tue tous les deux.
Les enfants s'exécutèrent tout en lançant des regards vers la clé en or.
Dès que le sorcier commença à manger, Louis-Simon sortit son sifflet et siffla une seule fois. Il resta figé sur place. Son bras était immobile à hauteur de sa bouche, un cuisse de poulet à la main. Il se mit à hurler mais personne ne put venir à son secours ; tous les esclaves étaient eux aussi cloués sur place. Il vociférait, tempêtait.
- Maudits enfants, si vous ne me laissez pas manger, vous aurez un châtiment terrible.
- Mais mange donc, dit Louis-Simon en sifflant deux fois.
Le sorcier se mit à gesticuler, il mangeait à toute vitesse, se levait, sautait, dansait. Les esclaves amenaient des plats, les emportaient, couraient dans tous les sens. Il avala un énorme morceau de viande et sauta si haut qu’il tomba sur le sol, épuisé.
Louis-Simon et Marie-Pascale délivrèrent tous les esclaves qui après les avoir aidé à ficeler le sorcier s’enfuirent du château aussi vite qu’ils le purent. Ils prirent la clé et ouvrirent la porte des appartements qui menaient à la rose qui guérit. Ils furent émerveillés. Les pièces dans lesquelles ils pénétrèrent étaient décorées d’objets fabuleux, de meubles et de tapis rares. Dans la toute dernière salle, ils trouvèrent un jeune homme et une jeune fille endormis sur des lits en or. Ils étaient tous deux très beaux. Ils essayèrent de les éveiller sans succès. Marie-Pascale suggéra à Louis-Simon d’essayer de siffler avec son sifflet. Il s’exécuta et après les deux coups de sifflet, le prince et la princesse se levèrent tous deux et se mirent à danser.
Louis-Simon et Marie-Pascale les arrêtèrent et leur racontèrent comme ils avaient mis fin à l’enchantement qui les tenaient prisonniers dans le château.
- Soyez remerciés dirent le prince et la princesse. Le petit homme a tué notre père et voulaient que nous lui révélions l’endroit où se trouve la rose qui guérit.
- Ne craignez plus rien, il ne peut plus vous faire de mal à présent dirent Marie-Pascale et Louis-Simon.
La jeune princesse se pencha vers son frère, lui dit tout bas quelques mots. Ils se prirent par la main et entre leurs doigts une rose d’une beauté exceptionnelle se mit à pousser.
- Vous nous avez délivrés et sauvés la vie, dirent les princes, cette rose est pour vous. Nous sommes certains que vous en ferez bon usage et ils tendirent la rose à Marie-Pascale qui ne pouvait s’empêcher de la contempler. Elle n’avait jamais rien vu d’aussi beau mais plus que tout, elle pensait à sa mère qu’elle allait retrouver dans quelques jours et qui grâce à cette fleur guérirait.
Ils quittèrent le château tous les quatre. En passant dans la grande salle, il virent le sorcier qui était mort. Il avait avalé de travers. Ils rentrèrent au village. La mère de Marie-Pascale et Louis-Simon guérit dès qu’elle vit la rose.
On m’a raconté que Marie-Pascale avait épousé le prince et Louis-Simon, la princesse. Le repas de noces était délicieux mais je ne peux en attester, je n’avais pas été invitée.
mardi 24 novembre 2015
Henry, le petit véto courageux.
Henry, le petit véto courageux.
Comme chaque matin, Henry se rend à l’école, son petit cartable sur le dos et son sac de pique-nique à la main. Il habite un peu à l’écart du village dans une grande maison où il vit avec ses parents, sa grand-mère et ses deux sœurs Martine et Lisette. Elles sont déjà à la grande école et partent le matin en car scolaire pour la ville.
Henry, lui, va à l’école à pied à travers les rues du village. Tous ceux qu’il rencontre ne manquent pas de le saluer. C'est un gentil petit garçon, toujours prêt à rendre service. Tout le monde l'aime bien. Il a toujours le sourire et chantonne souvent des chansons du bon vieux temps que lui a appris sa grand-mère.
Ce matin là, Henry se sent particulièrement heureux. Il va en excursion au jardin zoologique. Les bêtes, c’est toute sa vie. D’ailleurs, quand il sera grand, il veut devenir vétérinaire.
- Deviens plutôt ingénieur comme l’oncle Gaston ou entre dans une banque, dit papa. D'ailleurs, tu es trop petit, tu es encore trop jeune pour décider ; tu n'as que huit ans. Tu as bien le temps.
Cette nuit là, Henry n’a pas bien dormi. Il imaginait déjà toutes les bêtes qu’il allait voir en vrai pour la première fois : des lions, des ours, des éléphants, des loups, des espèces d’oiseaux et de poissons inconnues.
...
Bien avant l’heure du départ, il est déjà levé.Il prépare ses affaires pour ne veut rien oublier et surtout pas l’argent que la cousine Célestine lui a donné pour qu'il s’achète une friandise. Quel dommage, papa n’a pas voulu lui prêter son appareil photographique... Madame Simone, son institutrice, lui a dit qu’il était possible d’acheter des cartes postales et c’est bien ce qu’il compte faire avec son argent.
Sept heures, il est temps de partir s’il veut avoir une belle place dans l’autocar. Henry se met en route, une chanson au coin des lèvres. Il embrasse ses parents et ses sœurs et s’en va. Grand-mère n'est pas encore levée. Il la verra ce soir, à son retour.
Arrivé à hauteur de la maison de Monsieur Martin, le maire du village, il entend un vacarme infernal et des cris. Il s’arrête, tend l’oreille. Les cris se font plus forts. Son cœur se met à battre très vite. Il se passe quelque chose... Il aimerait bien savoir quoi.
Il fait un pas, s’arrête...
L’autocar risque de partir sans moi, pense-t-il.
Il rentre dans la cour, s'arrête encore et contourne finalement la maison. Il arrive dans le jardin près de la piscine où se trouvent Madame Martin et sa fille Julie en chemise de nuit. Ce sont elles qui poussent des cris. Leur chat est tombé dans l’eau et Madame Martin lui tend une perche mais elle l'assomme plutôt qu’elle ne l’aide.
- Laissez, Madame Martin, je vais aller le rechercher, dit Henry qui n’écoutant que son courage s’élance dans l’eau glacée.
Il n’est pas bien long à sortir tout ruisselant et tenant à la main Charlotte, la chatte des Martin. Elle est en piteux état. On dirait même qu’elle est morte. Henry la couche sur la table de jardin et approche son oreille à l’endroit de son cœur. Il bat faiblement mais il bat. Il se met à caresser l’animal qui après un hoquet ouvre les yeux. Madame Martin ne se sent plus de joie. Julie soulève avec précaution Charlotte et la met dans un drap de plage. Elle l’essuie avec beaucoup de tendresse en lui murmurant des mots rassurants.
Charlotte en est quitte pour une grosse frayeur.
- Merci Henry, sans toi que serait devenue Charlotte ? Tes parents peuvent être fiers d’avoir un fils comme toi. Et Madame Martin parle, parle... sans jamais s'arrêter.
Henry est transi de froid, il grelotte. Il pense à l’autocar qui est parti sans lui et aux animaux qu’il ne verra pas et il se met à pleurer.
- Mais Henry, tu pleures ! Ca doit être le choc. Ne t’en fais pas, je vais te donner des vêtements secs. Essuie-toi et puis nous téléphonerons à tes parents. A ces mots, les pleurs de Henry redoublent et entre deux sanglots il arrive à articuler :
- Je ...devais ... partir .... en voyage ... J’allais au ... jardin zoologique... et il se remet à pleurer de plus belle.
- Mais ce n’est pas grave, j’irai te conduire en voiture. Ce n'est pas si loin. Après ce que tu as fait, tu mérites bien une récompense. Qu’est-ce qui te ferait plaisir ? Parle et nous verrons si je peux réaliser ton vœux.
- Je ne sais pas trop... Vous savez... J’aimerais ... J'aimerais avoir un appareil photographique... mais je sais que c’est cher !
- Pas de problème. Viens te changer et nous irons à la ville acheter ton appareil avant de te conduire au jardin zoologique où tu pourras retrouver tes petits camarades. Je déposerai Julie en passant devant son école.
Justement, la voilà qui revient avec des vêtements secs. Mais ils sont beaucoup trop grands et en plus, ce sont des vêtements de fille. Charlotte est couchée dans son panier. Elle n’aura pas trop d’une journée pour se remettre de ses émotions.
Madame Martin et Julie ramènent Henry chez lui pour qu'il puisse se changer. Elles racontent l'aventure en détails à la maman et à la grand-mère d'Henry. Son papa est parti au travail.
Ils partent tous les trois pour la ville où Madame Martin lui achète un superbe appareil photographique. Elle le conduit ensuite au jardin zoologique où il retrouve sa classe près des crocodiles.
Avant de s’en aller Madame Martin lui demande :
- Que veux-tu faire quand tu seras grand Henry ?
- Vétérinaire, Madame Martin !
Elle le regarde d'un air amusé et pense qu’il a bien choisi et qu’il fera un excellent vétérinaire.
lundi 23 novembre 2015
L'homme aux quatre masques
Il était une fois un homme qui possédait quatre masques différents aussi beaux et aussi inquiétants les uns que les autres. Dès qu'il se levait le matin, il se couvrait immédiatement le visage avec l'un des quatre masques, en fonction des rêves qu'il avait fait la nuit, de l'humeur à son réveil ou du temps qu'il faisait.Ensuite, il s'habillait et sortait pour aller travailler. Il vivait sans jamais laisser voir son vrai visage.
Une nuit, pendant son sommeil, un voleur lui déroba ses quatre masques. A son réveil, il se rendit compte du larcin et se mit à crier "Au voleur! Au voleur!' Puis il se mit à la recherche de ses masques dans toutes les rues de la ville.
Les gens qui le rencontraient voyaient un homme gesticulant, jurant et menaçant la terre entière des plus grands malheurs s'il n'arrivait pas à retrouver ses quatre masques. Il passa la journée à chercher le voleur, mais en vain.
Désespéré et inconsolable, il s'effondra, pleurant comme un enfant. Les gens tentaient bien de le réconforter mais sans succès. Rien ne l’apaisait.
Une femme qui passait par là s'arrêta et lui demanda : "Qu'avez-vous ? Pourquoi pleurez-vous de la sorte ?"
Il releva la tête et d'une voix étouffée, il répondit : "On m'a volé mes masques et, le visage ainsi découvert, je me sens très vulnérable."
"Consolez-vous, lui dit a brave dame, regardez-moi, j'ai toujours montré mon visage depuis que je suis née."
Il la regarda longuement et s'aperçut qu'elle était très belle. La femme se pencha vers lui et lui essuya délicatement les larmes qui ruisselaient sur ses joues.
Et, pour la première fois de sa vie, l'homme ressentit, sur son visage nu, la douceur d'une caresse.
D'après "Apprivoiser son ombre" Jean Monbourquette (Editions Novalis)
dimanche 22 novembre 2015
Sermon sur la difficulté de se connaître soi-même
Nous ignorons qui nous sommes
Parce que nous avons trop peu de contact avec nous-mêmes.
Et que nous ne nous ne nous intéressons pas assez
A ce qui se passe au dedans de nous.
En effet, l’homme résiste à la connaissance de soi
Car cette prise de conscience lui ferait découvrir dans son cœur
Un vice ou une infirmité qui s’y tapit
Et dont il n’a pas la moindre envie de se trouver coupable.
Car peut-il y avoir une chose plus déplaisante pour un homme
Que de découvrir, grâce à un examen attentif, qu’il n’est pas
Le personnage qu’il croyait être ?
Qu’il n’a ni le courage, ni l’honnêteté, ni la pitié, ni l’humilité qu’il
S’attribuait en rêve ?
Jonathan Swift
samedi 21 novembre 2015
Le sujet
Le sujet occupe une position fondamentale dans la proposition. Il est de qui ou de quoi on parle, le reste de la proposition, ce qu'on en dit, formant le prédicat ([Jean] (sujet) [mange de la soupe] (prédicat)). Il donne les marques de personnes, de nombre, parfois de genre au prédicat, il occupe une position de prééminence,...
Il répond à la question "qui est-ce qui?, qu'est-ce qui?" :
L'élève étudie sa leçon = qui est-ce qui étudie sa leçon ? = l'élève.
On peut aussi le localiser le sujet en l'encadrant par "c'est...qui (C'est l'élève qui étudie sa leçon).
Lorsque le sujet est un pronom relatif, la question demande son antécédent. (L'élève qui a étudié sa leçon = Qui est-ce qui a étudié sa leçon ? l'élève en fait qui mis pour l'élève.
Lorsque la proposition comporte un infinitif ou un participe, on l'introduit par une forme verbale conjuguée (Le soir venu, nous avons allumé les lampions = qu'est-ce qui est venu).
Aucun de ces deux procédés n'est valable pour les verbes impersonnels ou construits impersonnellement.
Le sujet peut être :
- un nom : Le bateau bleu entre dans la rade.
- un pronom : Vous partez à neuf heures.
- un infinitif : Mentir ne sert à rien.
- une proposition : Qui vole un œuf, vole un bœuf.
En général, le sujet se place devant le verbe sauf dans les interrogations directes où il est après, lorsque le sujet est un pronom personnel (Entends-tu ?).
Un verbe peut avoir plusieurs sujets, tandis que plusieurs verbes peuvent avoir un seul sujet. (Lundi matin, l'Empereur, sa femme et le petit Prince sont venus chez moi. J'écris et écoute en même temps).
Parfois le sujet est omis. Le pronom personnel est absent. Surtout pour les pronoms de la première et de la deuxième personne quand le contexte (ou la situation) précise suffisamment qui est le sujet (Regardons la mer avec des grands yeux).
Il, pronom impersonnel qui n'apporte aucune information est régulièrement omis et entraîne l'omission du verbe (Entrez sans frapper).
Lorsque deux verbes appartenant à des phrases ou à des propositions coordonnées ont le même sujet, celui-ci n'est souvent exprimé que devant le premier (Tu es et restes un spécialiste).
Des expressions toutes faites (Grand bien vous fasse), des interjections (Magnifique!), des proverbes ou des phrases non verbales (A père avare, fils prodigue) sont souvent sans sujet et sans verbe. C'est un domaine spécifique qui n'est pas particulièrement source d'erreur tant le contenu de ces propositions est senti comme une globalité.
vendredi 20 novembre 2015
L'aigle d'or
Un homme trouva un œuf d'aigle et le déposa dans le nid d'une poule de sa basse-cour. Éclos de la couvée de poussins, l’aiglon grandit parmi eux.
Devenu grand, l'aigle se comporta comme une poule de basse-cour: il grattait la terre à la recherche de vers et d’insectes, gloussait et caquetait. Il battait des ailes et s'élevait de quelques mètres en l'air.
Les années passèrent et l’aigle devint très vieux. Un jour, il vit très loin au-dessus e lui, un magnifique oiseau qui volait dans le ciel sans nuage, et glissait avec une grâce majestueuse se laissant porter par les forts courants du vent, battant à peine de ses ailes dorées.
Qui est-ce demanda ? le vieil aigle émerveillé. C'est l'aigle, le roi des oiseaux, dit sa voisine, il appartient au ciel. Nous, nous appartenons à la terre. Nous sommes des poules.
C'est ainsi que l'aigle vécut et mourut comme la poule qu'il croyait être !
Auteur inconnu
jeudi 19 novembre 2015
La quête de Mary Bennet - Pamela Mingle
La quête de Mary Bennet - Pamela Mingle
Broché: 384 pages
Editeur : J'AI LU - LIBRIO (11 mars 2015)
Collection : Darcy & Co
Langue : Français
Pamela Mingle est une auteure américaine qui vit dans le Colorado. Après avoir été bibliothécaire puis professeur, elle a trouvé dans l'écriture une troisième vocation. La quête de Mary Bennet est son second ouvrage.
Quatrième de couverture :
Grandir au côté de quatre sœurs n'a pas été facile pour la maladroite Mary Bennet, amoureuse invétérée des livres. Alors que toutes sont établies ou presque, Mary vit encore dans la demeure familiale, où sa mère n'a de cesse de lui répéter qu'elle finira vieille fille. Lorsque sa cadette Lydia et son mari sont au cœur d'un nouveau scandale, qui met à mal l'image de la famille Bennet, Mary est éloignée à High Tor, chez Jane et son époux Mr. Bingley. Auprès du couple, elle rencontre l'élégant Henry Walsh, qui l'étourdit aussitôt. Serait-ce de l'attirance qu'elle éprouve pour ce séduisant gentleman ?
L'histoire se déroule quelques années après le mariage de Jane et Elizabeth et est racontée par Mary elle-même. Marie a changé avec le temps. Elle est devenu plus éveillée, plus amicale, plus humble. Pour protéger ses sœurs des frasques de Lydia, Jane décide de les emmener dans sa résidence de High Tor. Lors d'une précédente visite, elle a surpris le regard de l'élégant Mr Walsh posé sur elle... et elle a très envie de le revoir, apprendre à le connaître et qui sait, attirer ces faveurs...
Sans doute Jane Austen n'aurait-elle pas aimé voir Mary changée à ce point mais je trouve que c'est une belle évolution. Le livre est bien écrit et respectueux de l'oeuvre originale. Les personnages principaux ont gardé leur caractère, seule Mary a changé.
Encore une belle suite de l'oeuvre de Jane Austen. Il me tarde d'en lire d'autres.
mercredi 18 novembre 2015
Les présentatifs
Les présentatifs sont des mots ou des locutions qui servent à introduire un mot ou un groupe de mots en le mettant en relief. Ils sont le généralement invariables.
On rencontre parmi les présentatifs :
* voici, voilà : Voici ma fille. Voilà mon livre,
* il y a : Il y a une lettre pour vous
* c'est, c'est … qui (que) : C'est le plombier
* soit : Soit un angle de 60 degrés…
* vive : Vive la République !
* à bas : A bas le pouvoir
* à, au : À table. Au feu
* dire que : Dire que je lui ai fait confiance.
Voici, voilà étaient formés à partir de l'impératif de "voir", et des adverbes de lieu "ci" et "là". Ils sont habituellement suivis d'un complément. Aujourd'hui, la construction n'a pas changé. Et Voici - Voilà sont suivis d'un mot ou d'un groupe de mots qui joue le rôle de complément du présentatif.
Ils peuvent présenter
* un nom ou un pronom : Voici mon livre. Le voilà.
* une proposition subordonnée - conjonctive : Voici qu'il se met à pleuvoir.
- relative : Voilà le facteur qui sonne.
- interrogative indirecte : Voici ce qu'il m'a écrit.
* un pronom personnel : Me voilà
* un pronom relatif avec son antécédent : La peinture que voici a appartenu à son grand-père.
Dans une analyse, les mots suivant "voici, voilà" et précisant ce qui est annoncé par le présentatif, sont appelés complément du présentatif (Voici l'homme).
Lorsque "voici, voilà" introduisent un complément de temps, ils sont préposition (Nous nous sommes revus voici six mois). Ils équivalent à un verbe au présent de l'impératif donc il est incorrect de les employer dans un récit au passé.
Il y a peu introduire :
* un nom, un groupe nominal ou un pronom : Il y a du courrier pour toi.
* une proposition : Il y a une inspectrice qui regarde ton cahier.
Il y a est invariable en nombre mais peut varier en temps et en mode. Il y avait une tache sur son manteau.
Il peut être employé avec la valeur d'une préposition introduisant un complément circonstanciel de temps. Tu l'as mangé il y a cinq jours.
C'est, c'est… qui, que est le plus employé des présentatifs. Il peut introduire des mots de natures différentes. : nom, groupe nominal, pronom, adverbe… C'est mon livre.
Il peut introduire des mots de fonctions différentes :
* un élément en fonction du sujet : C'est mon père qui l'a fait.
* un élément en fonction du C.O.D : C'est mon livre que je vois.
* par analogie, on a étendu l'emploi de la locution c'est… que pour mettre en valeur n'importe quel terme de la phrase et ce, quelle que soit sa fonction. C'est hier que j'ai entendu ton message.
C'est peut varier en nombre et devient ce sont : Ce sont eux qui me l'ont dit.
mardi 17 novembre 2015
Le ouistiti (version 2) D'après les frères Grimm
Ça n’avait d’abord été qu’une rumeur, de vagues on-dits, des ragots colportés par le vent ou par quelques indélicats. Puis, peu à peu, la nouvelle était devenue officielle. Des hérauts parcourraient le pays en tous sens proclamant haut et fort que « Son Altesse, la princesse à la tour aux douze fenêtres épouserait celui qui parviendrait à se cacher d’elle. »
Bientôt, de tous les coins du royaume, se sont mis en marche des dizaines de jeunes hommes forts, vigoureux, fougueux, confiants dans l’avenir et leur bonne étoile.
La princesse, installée tout au sommet de sa tour dans sa vaste salle circulaire tendue de soie écarlate, bien éclairée par les douze fenêtres les regarde s’avancer. Une intense jubilation s’empare d’elle. Elle va enfin pouvoir se divertir autrement qu’en inspectant chaque recoin de son royaume par sa première fenêtre. Elle ne regarde que rarement par la seconde et encore moins par la troisième et jamais par les autres. La vision est bien trop nette et elle n’en peut plus de tout voir, de tout savoir. Elle pourrait, c’est vrai, se mettre à broder, lire, écrire, se promener, visiter ses sujets nécessiteux mais elle tient toutes ces activités pour vulgaires et peu dignes d’elle. Elle a le pouvoir. Elle est le pouvoir et tient à le conserver. Personne ne réussira jamais le défi et elle pourra continuer à régner seule et sans partage.
Chaque matin, un valeureux champion se présente à sa porte. Elle le reçoit sans chaleur dans un cabinet sombre aux murs grenats sans la moindre ouverture vers l’extérieur. L’endroit est inhospitalier et empreint de lourdeur à l’image de la princesse parée comme une châsse et du trône en or ciselé. La princesse est fort belle mais son manque de compassion lui fige le visage qu’on croirait en cire. Elle porte des robes magnifiques aux couleurs subtiles, indéfinissables et qui sont chaque jour différentes. Au concurrent, elle égrène les articles du règlement qu’elle a édicté d’une voix absente et monocorde. Puis, sans un mot d’encouragement, sans un regard, elle donne son congé au compétiteur. Certains effrayés par la décapitation promise s’en retournent chez eux. D’autres, plus courageux ou inconscients tentent leur chance et le soir, leur tête va rejoindre un des cent pieux qui borde l’allée du château. C’est un bien triste spectacle en vérité que ces têtes décharnées pour les plus anciennes, sanguinolentes pour les plus fraîches. Triste spectacle qui n’engage plus de nouveaux concurrents à tenter leur chance. Nonante-sept fois déjà le bourreau a frappé. Nonante-sept vie ont été ravies par une belle au cœur de pierre.
Un jour, pourtant, par sa première fenêtre, la princesse voit arriver au pied de sa tour trois cavaliers. Ils sont jeunes. Ils sont beaux. Et bientôt, ils sont à ses pieds, à sa merci.
- Majesté, nous sommes vos humbles sujets. Permettez que mes frères et moi relevions le défi. Je suis l’aîné et mon droit d’aînesse m’octroie la chance de tenter ma chance en premier lieu.
L’aîné a son idée. La fosse à chaux lui semble la cachette idéale. Hélas ! après quelques minutes, la princesse le découvre et sa tête va rejoindre le nonante-huitième pieu.
Le second, fort de l’expérience malheureuse de son frère, se terre dans les caves du château. Il est persuadé qu’elle ne pensera jamais à le chercher là. Hélas ! sa tête rejoint le nonante-neuvième pieu.
Le plus jeune, sans doute le plus hardi, s’en revient chez la princesse. Il n’a rien à perdre si ce n’est sa tête. Il lui demande un sursis. Quelques heures. Une journée pour réfléchir.
- Accordé ! s’écrie la princesse dont les yeux pétillent d’une minuscule flamme inhabituelle. Je t’offre même trois chances en trois jours mais prends bien garde ; si je te trouve, c’en est fini de toi et tu iras rejoindre tes deux frères. Vois comme je suis généreuse mais je dois te dire que tu n’as aucune chance.
La nuit ne porte pas toujours conseil car au matin, le jeune homme n’a toujours aucun plan. Il tourne comme un lion dans sa cage. Plutôt que de s’épuiser en vaines pensées, il décide de s’en aller dans la forêt. La chasse est un excellent sport pour les esprits torturés et le meilleur remède contre les idées noires.
A peine entré dans la forêt, il aperçoit un corbeau qui s’envole. Il arme, vise et au moment où le coup va partir, il entend :
- Ne tire pas et je te le revaudrai.
Surpris, le jeune homme baisse son arme et l’oiseau disparaît.
Il poursuit sa chasse. Ses pas le mènent vers un étang où glisse à la surface un beau poisson argenté. Il arme, vise et au moment où le coup va partir, il entend :
- Ne tire pas et je te le revaudrai.
Surpris, le jeune homme baisse son arme et le poisson disparaît.
Il reprend sa recherche et découvre au cœur d’un clairière un magnifique renard qui claudique. Il arme, vise et tire. La balle siffle aux oreilles de l’animal et continue sa course vers un grand chêne.
- Mon pauvre bonhomme ! Tu es pitoyable. Tu rates même un vieux renard boiteux. Rends-toi plutôt utile et viens m’enlever l’épine qui m’empêche de courir.
Un peu honteux, le jeune homme s’exécute mais dès qu’il voit le renard à nouveau sur ses pattes, il éprouve un profond désir de le tirer. L’animal doit le sentir car il le regarde tout au fond des yeux et lui dit :
- Laisse-moi m’en aller et je te le revaudrai. Et le renard s’enfonce dans les fourrés épais.
Sans prise de chasse et sans idée pour le lendemain, le jeune homme regagne son logis. Sa nuit s’écoule sans rêve. L’aube vient. Elle n’amène pas de solution. Et déjà la grande faucheuse montre le bout de son nez. Comment peut-il faire pour échapper à la mort ? Il pense au corbeau.
Le corbeau toute aile repliée dort sur son nid en tout en haut d’un arbre.
- Corbeau, noir Corbeau. Veux-tu me dire où je peux me cacher pour échapper à la princesse ?
- Vouloir… je le voudrais bien mais… on n’échappe pas à la princesse. Elle peut tout voir du haut de sa tour par ses douze fenêtres. Ce que tu demandes là est impossible. Rentre chez toi.
- Corbeau, noir Corbeau. Je t’en supplie. Rappelle-toi. Je t’ai laissé la vie sauve. A ton tour de m’aider.
Le corbeau prend son plus bel œuf. Il le rompt et y fait entrer le jeune homme. Il replace l’œuf parmi les siens en ayant pris soin d’effacer toutes les traces de brisure.
La princesse en haut de sa tour inspecte chaque recoin de son royaume. Elle regarde par ses fenêtres.
Une, deux, trois – surprise
Quatre, cinq, six – question
Sept, huit, neuf – perplexité
Dix, onze… il est là.
Une légère moue de dépit se dessine sur son visage.
- Gardes, amenez le corbeau et ramenez-moi ses œufs.
Ce qu’elle demande, elle l’obtient. Elle casse elle-même l’œuf dans lequel se tient lové le jeune homme.
- Te voilà découvert. Ta première chance est passée. Tâche de faire mieux demain. Ta vie ne tient plus qu’à deux fils.
Accablé, le jeune homme rentre chez lui et attend dans l’angoisse l’arrivée du jour nouveau. Aux premières lueurs de l’aube, il part à la recherche du poisson argenté.
- Poisson, beau Poisson d’argent, où puis-je me cacher pour échapper à la princesse ?
- Ce que tu me demandes-là est bien difficile. On ne peut pas se cacher de la princesse. De ses douze fenêtres, elle voit tout. Tu n’as aucune chance.
- Poisson, beau Poisson d’argent. Je t’en supplie. Rappelle-toi. Je t’ai laissé la vie sauve. A ton tour de sauver la mienne.
Le poisson saute vers le jeune homme et le happe. Il rejoint le fond de l’étang et se cache dans la vase.
Au même moment, la princesse en haut de sa tour inspecte méthodiquement son royaume. Elle regarde par ses fenêtres.
Une, deux, trois – surprise
Quatre, cinq, six – question
Sept, huit, neuf – perplexité
Dix, onze, douze… il est là.
Une légère moue de dépit se dessine sur son visage.
- Gardes, amenez le poisson d’argent que je découpe moi-même.
Ce qu’elle demande, elle l’obtient. Elle ouvre le ventre de l’animal dans lequel se tient lové le jeune homme.
- Te voilà découvert. Ta deuxième chance est passée. Tâche de faire mieux demain. Ta vie ne tient plus qu’à un fil.
Le jeune homme ne peut pas dormir de la nuit. Dès potron-minet, il part à la recherche du renard. La peur au ventre et le cœur en lambeaux, il avance parmi les arbres et les ronces jusqu’à la clairière. Le renard est là qui se roule dans l’herbe humide du matin.
- Renard, rusé Renard, où vais-je me cacher pour échapper à la princesse ?
- Pas simple ton affaire. La princesse voit tout, connaît tout, ait tout. Je crains de ne pas pouvoir t’aider.
- Oh ! Renard, rusé Renard. Je t’en supplie. Tu ne voudrais pas que l’on dise partout « bête comme un renard ». S’il te plaît, aide-moi.
Le renard blessé dans son amour-propre réfléchit. De petits frissons lui parcourent l’échine tandis que sa queue balaye le sol au rythme des idées qui passent.
- Viens, suis-moi. J’ai la solution.
Il arrivent près d’une source.
- Une source ! Mais elle m’a déjà trouvé dans l’eau. Cette fois, c’est la fin.
- Taratata. Homme de peu de foi. Tu es vraiment comme tous les humains. Me fais-tu confiance oui ou non ? Regarde plutôt que de t’épancher sur ton sort.
Le renard entre dans l’eau et en ressort changé en montreur d’animal. Il porte un habit multicolore qui brille dans les premiers rayons du soleil. Ses larges manches flottent au vent de même que la plume de son chapeau doré.
- A ton tour maintenant.
- C’est que… Que va-t-il m’arriver ? Je vais aussi me transformer… Imagine un peu que ça rate… Que je reste pour toujours autre chose… Non, Renard. Tu n’es pas si rusé. Ton idée est une mauvaise idée.
- Comme tu veux mais je pensais sincèrement que tu voulais épouser la princesse. Libre à toi de mourir.
Le jeune homme hésite puis entre dans l’eau. Il en ressort sous la forme d’un ouistiti, une adorable petite boule de poils bruns qui en parvient pas à savoir ce qu’il doit faire de ses bras trop longs.
- Et maintenant ?
- Grimpe sur mon épaule et surtout ne dis pas un mot. Nous n’avons pas une minute à perdre.
Le forain entre dans le village en déversant dans les rues des flots de musique. Toutes les commères sortent de chez elle et s’assemblent autour de lui. Elle admire les cabrioles du ouistiti. Une plus vieille regarde de temps en temps vers le sommet de la tour l’air inquiet. Il ne faut pas s’attarder sans quoi… mais c’est tellement gai et on n’a si peu de joie au pied de la tour. Voilà que les ménagères se mettent à danser. Soudain, elles s’arrêtent, se séparent et s’écartent. La princesse est là, souriante. Elle rit des facéties du petit singe puis elle sort de sa poche une bourse de cuir et la tend au forain.
- Je te l’achète. Prends, c’est pour toi.
Avant qu’elle ne s’éloigne avec son achat, le forain souffle à l’oreille du singe.
- Dès que tu le peux, grimpe dans son chignon et n’en sort qu’au moment où elle t’en donnera l’ordre.
La princesse remonte dans sa tour. Elle pose le ouistiti sur son épaule et aussitôt, il se cache dans ses cheveux. Arrivée au sommet, elle regarde par ses fenêtres.
Une, deux, trois – surprise
Quatre, cinq, six – question
Sept, huit, neuf – perplexité
Dix, onze, douze…
Dix, onze, douze.
Nulle trace du jeune homme. Elle colle son nez à la douzième vitre pour mieux voir.
Une vague de peur monte en elle. Dans un mouvement de désespoir, elle frappe la vitre qui vole en éclat entraînant dans sa perte les onze autres fenêtres.
Le choc est si violent que le ouistiti déstabilisé s’accroche à une mèche de cheveux.
- File d’ici sale bête. Je ne veux plus jamais te voir.
Le ouistiti ne se le fait pas die deux fois. Il court vers la forêt à la recherche du montreur d’animal. Il ne trouve qu’un renard occupé à compter ses pièces d’or.
- Cette journée a été excellente ! Viens. Il est temps que tu reprennes forme humaine.
Le ouistiti entre dans la source et en ressort en jeune homme.
- Renard, rusé Renard, tu es le plus fort. Les autres ne sont rien à côté de toi. Merci de m’avoir sauvé la vie.
Ils se quittent chacun allant vers son destin.
Le jeune homme entre dans le château où la princesse l’attend.
Les noces sont célébrées le jour même et tous les villageois sont invités au banquet. Le repas est somptueux et se termine fort tard mais comme je n’y étais pas, je ne peux vous en dire que ce qu’on m’en a dit.
lundi 16 novembre 2015
Le ouistiti (d'après les frères Grimm)
Il était une fois une princesse qui dans un accès de colère ferma si violemment sa fenêtre qu’elle se brisa en mille morceaux. L’onde de choc fut telle que les onze autres fenêtres volèrent en éclats à leur tour. La haute tour aux douze fenêtres magiques avait vécu.
La princesse reste sans voix. Elle contemple le désastre. D’un seul coup, elle vient de briser toute sa vie. Des sentiments confus s’entremêlent dans sa tête : rage, tristesse, peur, inconnu.
L’inconnu justement. Il ne va certainement pas tarder à venir réclamer son prix et le prix ; c’est elle. La princesse se demande pourquoi elle s’est embarquée dans cette galère. Bien sûr, elle était certaine de gagner. Rien ni personne ne lui avait jamais résisté mais celui-là… avec son petit quelque chose de différent. Ce qui frappe chez lui, c’est son regard : droit, lumineux, intense ou bien non, c’est sa voix : douce, chantante, caressante ou plutôt son allure : fière, digne, masculine. Il est tellement beau, si grand, si blond avec une bouche bien dessinée et l’œil bleu. On dirait qu’il sort tout droit d’une gravure de mode et pourtant, il était là, à ses pieds, prêt à risquer sa vie pour gagner son cœur. Et lorsqu’il lui a demandé comme une faveur quelques heures, elle n’a pas résisté. Elle lui a accordé 3 jours et 3 chances. Trois occasions de se cacher d’elle sinon il irait rejoindre les 99 têtes qui bordent l’allée qui mène à sa tour.
Mais vite, il n’est plus temps de rêver. Il va arriver. Il ne faut pas qu’il sache. Il ne faut pas qu’il voie le désastre.
- Mes gens ! A l’aide ! Au secours ! Je suis perdue !
Les femmes de chambre arrivent avec des seaux, des ramassettes, des brosses. Elles ramassent les morceaux les plus gros et balayent les particules plus petites. Le régisseur sans qu’on lui demande rien s’en est allé chercher le vitrier. Une tour sans vitre n’est plus une tour. La princesse se lamente, implore le ciel, prie Dieu et tous les Saints.
- Viens Léontine. Allons dans ma chambre. Il faut que je me coiffe et que je me pare pour recevoir le vainqueur. Il ne devrait plus tarder à présent.
Léontine suit la princesse de son pas traînant en marmonnant entre ses dents. L’effet de son poids et de ses jambes petites lui donnent une démarche de cane. Oui mais ici, c’est le caneton qui tire la cane. En tendant l’oreille on peut entendre : Ma princesse, mon enfant, ma petite fille, celle que j’ai vue naître et que j’ai nourrie, celle que j’ai bercée et consolée. Je la voyais se marier avec un prince et même pourquoi pas avec un roi. Et voilà qu’elle va se donner au premier va-nu-pieds venu. Oui. C’est qui ce rien du tout ? On ne sait pas d’où il sort. Et puis, une princesse comme ma princesse, c’est un prix bien trop beau tout juste pour s’être caché. Tiens, d’abord, il était caché où cet animal, ce suppôt de Satan. Pour sûr qu’il a fait quelque tour de magie ou bien un pacte avec le Diable. Jésus, Marie, Joseph, priez pour nous. Qu’est-ce qui va nous arriver ?
- Léontine, dépêche-toi. Je dois choisir ma robe. Mais qu’est-ce que tu as à grommeler comme ça ? On dirait un ours.
Un ours. C’est à un ours qu’elle me compare. Ah ça, ça n’était jamais arrivé. V’là déjà le Diable qu’est débarqué. Léontine se signe, croise les doigts et si elle osait, elle cracherait.
- Léontine ? Qu’est-ce que tu penses de la bleue ou plutôt non la rose à moins que la mauve ou bien la grenat ? Léontine ? Réponds-moi ! Et puis, je vais mettre la bleue. Elle a exactement la couleur de ses yeux. Et puis, je vais laisser flotter mes cheveux. Ce chignon est tout défait. Tu as remarqué que le ouistiti s’y était caché ? dommage qu’il soit parti. Je suis un peu vive. Je n’aurais pas dû le chasser.
Saint Lambert, Saint Adalbert, Saint Philibert. C’était caché qu’elle a dit. Oh mais moi, j’suis sûre que c’est pas chrétien cette affaire là. L’autre, j’vous dis que c’était un singe. Et re-signe de croix et re-croisement de doigts. Léontine faut te r’saisir et servir ta maîtresse. Elle va avoir besoin de toi.
Pendant ce temps, le ouistiti entre dans la forêt à la recherche du montreur d’animal. Dans la clairière, il ne trouve que le renard occupé à compter ses pièces d’or qu’il a reçues de la princesse en échange de son animal.
- Renard ! Ça a marché. Tu es le plus fort. Le corbeau m’avait caché dans son œuf. Pff ! Bien fait qu’il se soit fait couper la tête. De toute façon, il n’avait pas de cervelle. Et le poisson, il m’avait avalé et c’est lui qui a servi de dîner. Oh mais toi, Renard. Tu es vraiment rusé. Rusé comme… comme un renard. Rechange-moi vite en jeune homme que j’aille retrouver ma belle et prendre possession de mon château.
- Tu vois, je ne sais pas si je vais le faire. C’est vrai que tu as enlevé l’épine qui me faisait souffrir et qui me rendait boiteux mais tu avais tellement envie de me tuer. Rien ne me dit que tu ne le feras pas demain. Imagine que ça te reprenne. Qu’est-ce qui me garantit qu’à la première occasion venue tu ne me tireras pas dessus ? Rusé peut-être mais moi, je veux des garanties.
Le ouistiti se gratte la tête. C’est une situation qu’il n’a pas envisagée.
- Renard, demande ce que tu voudras et tu l’aurais mais d’abord fais-moi redevenir un homme car rien ne me prouve que tu respecteras ta parole lorsque tu auras ce que tu veux. Renard, ce n’est pas à un vieux singe que l’on apprend à faire la grimace.
Les deux animaux se regardent. Il savent qu’ils ont besoin l’un de l’autre. Le renard se remet à compter ses pièces d’or, les glisse dans la bourse de cuir, se lève et fait mine de partir.
- Renard, ne t’en va pas. Je t’accorde trois vœux. Demande et tu les auras dès que j’aurai épousé la princesse.
- Voilà qui est bien parlé. D’abord je veux… je veux dix poules bien grasses chaque semaine.
- Accordé.
- Ensuite, je veux… je veux que plus personne ne vienne chasser dans cette forêt.
- Accordé.
- Enfin, je veux… je veux assister à ton mariage et être ton témoin.
- Renard mais ce que tu demandes là est impossible. Jamais je ne parviendrai à expliquer ce que fait un renard à mes côtés un jour de noces. Et puis, pense si tu te mettais à parler. Je ne peux pas t’accorder ton souhait. Demande autre chose.
- C’est ça ou tu restes ouistiti toute ta vie et moi, le renard, je crois que j’aime bien… manger les ouistitis.
Le singe effrayé recule d’un pas.
- D’accord tu as gagné mais ne pourrais-tu pas faire quelque chose, te changer en humain mais surtout pas en forain. Tu pourrais être un prince étranger.
- Tu as raison. La chose peut se faire. Allons jusqu’à la source magique.
Le ouistiti entre dans l’eau glacée et redevient le beau jeune homme qu’il était quelques heures plus tôt. Il porte un haut de chausse bleu azur pailleté d’étoiles d’or. Son habit est si beau qu’il faut plisser les yeux pour ne pas être ébloui. Il se regarde dans l’onde et un magnifique sourire illumine son visage. Le renard entre dans l’eau à son tour et ressort en sultan des mille et une nuits. Il est paré de toutes les soies de l’Orient, merveilleusement vêtu et digne d’aller à des noces. Les deux hommes se mettent en route pour le château.
A mi-chemin, il croise le vitrier qui s’en retourne chez lui sa tâche achevée. Ils arrivent jusqu’à la tour sans rencontrer un seul piquet. Tout a été nettoyé et les 99 têtes ont disparu a jamais. Les portes sont grandes ouvertes et ils entrent.
De tous les côtés, le villageois accourent. Ils ont tous été invités aux épousailles. La musique et le vin coulent à flots. Les odeurs de cuisine s’insinuent dans chaque parcelle d’air. Ça sent le pâté en croûte, la pintade farcie, les morilles, l’ail, le gâteau à la vanille. Toutes les fleurs se sont ouvertes en un instant et offrent un tapis multicolore et odorant.
La princesse apparaît, tend la main au jeune homme. Le temps suspend son vol pour une seconde d’éternité et les voilà mariés.
Ils ont, m’a-t-on dit, de nombreux enfants et s’ils ne sont pas morts, ils vivent encore. C’est normal, c’est toujours ainsi que se terminent les contes de fées.
dimanche 15 novembre 2015
Caresse du vent et le manitou de l'air
Il y a bien longtemps, si longtemps que nul ne se souvient du moment où c’était, vivait sur la terre un peuple en communion totale avec la nature. Ils chassaient, pêchaient, construisaient des embarcations dans des troncs d’arbres brûlés ou fabriquaient des mocassins pour ne pas avoir mal aux pieds. L’organisation de cette société était parfaite à bien des égards et les nombreuses tribus qui composaient ce peuple vivaient en harmonie.
Dans une de ces tribus, il y avait un chaman appelé "Celui-qui-Sait-Tout". Il avait le pouvoir de guérir les maladies et de communiquer avec le monde de l’au-delà et les forces spirituelles qui habitent chaque élément de la nature : les animaux, les plantes, les astres, la pluie... Celui-qui-Sait-Tout avait une fille très belle prénommée "Caresse-du-Vent". Tous les guerriers de la tribu rêvaient de l’épouser parce qu’elle était pourvue de nombreuses qualités. Elle ne regardait aucun des guerriers qui lui faisaient la cour. Tout le jour, elle rangeait, nettoyait, faisait mille corvées pour elle mais aussi pour ses voisins. Jamais elle ne refusait de rendre un servie. Son tepee était le mieux rangé de la tribu et tout le jour, elle était affairée.
Une nuit, pendant la saison des fruits bien mûrs, Caresse-du-Vent a fait un songe. Un Manitou lui est apparu.
Le Manitou est un personnage qui possède des dons surnaturels - c’est la représentation vivante d’une des forces de la nature.
Celui qui vient dans son rêve est le Manitou de l’Air. Il lui apprend qu’il l’aime depuis le premier jour où il l’a vue et que jamais elle ne trouvera sur la terre aucun homme qui réussira à la rendre aussi heureuse que lui.
Le matin, lorsqu’elle se réveille, elle se souvient très bien de son rêve et elle en est troublée. Elle sort de son tepee pour aller chercher de l’eau fraîche et trouve juste devant l’entrée une superbe paire de mocassins brodés de perles multicolores. Sa jeune sœur "Perle-d’Orage" qui sort en même temps qu’elle trouve les mocassins fort à son goût et les lui demande. Caresse-du-Vent les lui donne et toutes les deux partent vers la rivière.
Chaque nuit, le rêve se reproduit. Chaque matin, lorsqu’elle sort de son tepee, Caresse-du-vent trouve un nouveau présent devant l’entrée : un collier, une tunique de peaux, un bandeau, une ceinture. A chaque fois, elle donne les cadeaux à sa jeune sœur qui est bien heureuse d’avoir une sœur aussi généreuse.
Mais à force de mal dormir la nuit, Caresse-du-Vent perd sa gaieté naturelle et ses forces semblent d’amenuiser. Elle reste souvent songeuse pendant de longs moments. Son père qui l’observe depuis plusieurs lunes se résout à lui parler un soir car il a bien compris d’où venait le tourment de sa fille.
- Dis moi, Caresse-du-Vent, tu sembles bien triste depuis la lune des cerises rouges. T’est-il arrivé quelque chose ? Si tu as du souci, je peux certainement t’aider.
Caresse-du-Vent ne détourne pas les yeux. Elle s’assied à côté de son père et lui raconte l’objet de son trouble.
- Père, je suis jeune et il est grand temps que je prenne un époux mais nul guerrier de la tribu ne me plaît. Chaque nuit, dans mes songes, le Manitou de l’air me demande de devenir son épouse. Je ne sais pas quoi faire et surtout, je ne sais pas comment le rencontrer car je sens que je l’aime un peu plus chaque jour. Chaque matin, lorsque je m’éveille, je trouve un présent devant le tepee. Je l’offre à Perle-d’Orage car je ne peux accepter de si beaux présents.
Celui-qui-Sait-Tout n’est pas étonné. Il se met à réfléchir et demande à ne pas être dérangé durant trois jours. Il entonne alors un chant magique qu’il psalmodie. Au bout des trois jours, il appelle sa fille :
- Caresse-du-Vent, j’ai parlé au Grand-Esprit. Tu dois maintenant décider de ton avenir. Si tu veux trouver le Manitou de l’Air, il te faut quitter la tribu et entreprendre un long voyage pour retrouver celui que ton cœur aime. Le Grand-Esprit y met cependant une condition : jamais tu ne pourras revenir parmi nous car tu vas subir une métamorphose.
Caresse-du-Vent sent très bien ce qu’elle doit faire. Elle aime son père, sa jeune sœur et sa tribu mais elle est certaine aussi qu’elle aime plus que tout le Manitou de l’Air. Elle n’a pas peur d’une métamorphose. Elle rassemble quelques affaires et se met en chemin dès le matin du jour suivant après avoir serré longuement son père et sa sœur dans ses bras.
Elle marche tout le jour sans prendre le temps de s’arrêter. Au moment où le soleil est se couche, la faim commence à la tenailler. Elle s’installe dans le creux d’un gros rocher non loin d’un cours d’eau, mange quelques galettes de maïs et boit un peu d’eau. La fatigue l’enveloppe et elle s’endort bientôt. En rêve, elle voit à nouveau le Manitou qui lui dit qu’ils seront très bientôt réunit. Au matin, Caresse-du-Vent s’éveille. Au moment de se mettre debout, elle ne peut utiliser ses bras ; ceux-ci sont devenus de grandes ailes, ses pieds, des serres et son nez, un bec.
Avec beaucoup de difficultés, elle arrive sur le bord de la rivière et voit son reflet dans l’eau. D’une belle jeune femme, elle est devenue un aigle royal. Le choc est si grand, qu’elle se met à pleurer. Soudain, à côté de son reflet, elle voit un second reflet - un second aigle royal.
- Bonjour Caresse-du-Vent, je suis le Manitou de l’Air et le Manitou plus heureux du monde. En la regardant, il s’aperçoit de ses larmes qui ruissellent et tombent sur le sol. Pourquoi pleures-tu ? Ton père et ta sœur te manquent ? Es-tu malade ?
- Ce n’est rien répond-elle en essuyant ses larmes d’un coup d’aile. J’ai été surprise par mon apparence. Je suis moi aussi bien heureuse de te rencontrer enfin. Il y a si longtemps que je t’attends.
- Partons, dit le Manitou de l’Air. Les chasseurs ne vont pas tarder à arriver dans la plaine et il ne faudrait pas qu’il t’arrive quelque chose.
Si le Manitou de l’Air s’envola sans problème, Caresse-du-Vent éprouva bien plus de difficultés. Elle prit de l’altitude avec difficultés, manqua de retomber sur le sol mille fois mais finit par s’affranchir. Ils passèrent tous deux au-dessus de la tribu où vivait Caresse-du-vent juste au moment où le chaman sortait de son tepee. Celui-ci leva la tête et sourit. Il avait reconnu sa fille qui s’envolait vers son destin. Il ne fit cependant aucun signe et Caresse-du-vent poursuivit sa route avec un petit pincement de cœur.
Ils volèrent très longtemps et arrivèrent dans l’antre du Manitou de l’Air. Un désordre indescriptible y régnait. Tout était sans dessus-dessous. Le manitou de l'Air raconta à Caresse-du-Vent qu’il ne parvenait pas à remettre de l’ordre chez lui car le vent du Nord, le vent de l’Est, le vent de l’Ouest et le vent du Sud ne faisaient pas attention lorqu’ils rentraient de leurs voyages. Il avait beau leur demander de respecter sa demeure mais à chaque fois, au lieu de l’écouter, ils se mettaient à souffler plus fort encore.
Nullement découragée, Caresse-du-Vent entreprit de ranger sa nouvelle demeure. Sans doute précédée de sa réputation, aucun des vents n’osa jamais souffler à l’intérieur et la demeure resta propre et bien rangée.
Caresse-du-Vent et le Manitou de l'Air vivent depuis très heureux. De leur histoire, une expression est née : " L’air ne fait pas la chanson " évidemme
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