jeudi 22 mars 2018

Le club des grand-mères


Sauf si une cigogne un peu ivre se trompait de porte, je ne devrais pas être grand-mère. 
C'est une position qui ne m'a jamais attirée et cela ne m'attriste vraiment pas. Je respecte le choix de ma fille mais elle ne m'a rien demandé. Je plains mon fils qui voit ses rêves paternels s'envoler. La vie est ainsi faite. On ne peut pas toujours avoir ce que l'on veut. 

Le propos ici n'est pas de raconter ma vie, inintéressante et banale mais plutôt de me pencher sur un bien étrange phénomène, celui que j'appellerai le club des grand-mères

Inconnu à mes yeux il y a encore quelques années, je l'ai découvert au fur et à mesure que les enfants de mes amies devenaient parents. Et, tout comme il y a une crise d'adolescence, je peux vous assurer qu'il existe bel et bien une crise grand-maternelle.

La première manifestation visible de cette pathologie est la perte de la notion du temps. Plus de temps pour les autres, il faut le garder au cas où l'enfant aurait besoin d'aide. Adieu donc coups de téléphone, activités, amies, et tout le toutim, c'est concentration maximale sur le petit en devenir ou déjà devenu.

La seconde manifestation est la violence. Violence verbale de celle qui va devenir ou est déjà grand-mère face à la  non initiée. Vade retro profane ! Ton avis est systématiquement nié parce que tu ne sais pas. Tu n'as pas la connaissance. Quelque part tu es devenue une sous-humaine. Sois et puis tu pourras parler. Les mots sont durs, tranchants comme une feuille de papier. Ils font mal. Ils blessent.

La troisième manifestation, c'est la distance. Tu deviens peu à peu persona non grata. Tu disparais de la surface amicale peu importe la place que tu as pu y tenir par le passé. Terminé le petit message juste pour te dire bonjour. Il n'y a plus aucun intérêt pour ta vie. Le passé est nettoyé d'un coup de Monsieur Propre. Mais c'est  normal, il y a tellement mieux ailleurs et ailleurs, c'est sans toi.

Affection transitoire chez certaines, elle devient tristement permanente chez d'autres. Le fil est rompu. Le vide s'installe. Alors oui, la grand-maternité affecte la vie de tous. Je suis en train d'en faire l'amère expérience et je la trouve particulièrement difficile et malheureuse. E la nave va...

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