dimanche 31 janvier 2016

Le miroir des fées célestes - conte de Chine



Avez-vous déjà entendu parler du palais de Brocart ? Mais si, bien sûr, c'est le palais des deux fées célestes qui tissent tout le long du jour, les nuages, pour l'empereur du Ciel. Vous vous tromperiez bien si vous les croyiez heureuses de leur sort car les deux fées s'ennuient à mourir dans leur palais. Un jour d'ailleurs, elles se sont sauvées. Écoutez plutôt...

Ce jour-là, c'était l'anniversaire de l'empereur du Ciel et tous ses serviteurs étaient occupés aux préparatifs d'un grand festin. Les employés célestes s'amusaient dans les salles impériales et la garde de la porte du Sud, celle par laquelle on descend sur la terre, buvait joyeusement à la santé de l'empereur et sombrait peu à peu dans une somnolence béate. Les deux fées célestes étaient restées seules.

Dans leur merveilleux palais, elles s'ennuyaient de vivre constamment dans la béatitude, de boire tous les jours du nectar et de tisser tous les jours un nuage en forme d'enclume et sept nuages blancs moutonneux. Leurs jours se ressemblaient comme un neuf ressemble à un autre neuf et nos deux fées s'ennuyaient, s'ennuyaient à mourir.

« Tu sais, petite sœur, » soupirait la plus jeune, « je préférerais m'en aller et descendre sur la terre plutôt que de continuer à m'ennuyer ici. Les hommes ne connaissent pas leur bonheur ! Tant de travail, et toujours du nouveau, ça me plairait tellement ! »

« A moi aussi, » continua l'aînée, « et si tu voyais leurs montagnes et leurs rivières qui serpentent ! Que c'est beau ! Rien de pareil dans ce palais ennuyeux. Et si nous nous sauvions ? »

Le chemin n'est pas long de la pensée à l'acte. Les deux fées célestes se mirent en route et, sur la pointe des pieds, tout doux, tout doux, elles se faufilèrent jusqu'à la porte du Sud qui conduisait à la terre. Les gardes dormaient profondément. Les deux jeunes filles se glissèrent dehors furtivement.

« Maintenant, petite sœur, » proposa la cadette, « nous allons nous séparer. Tu iras vers le Sud, et moi vers le Nord. Et lorsque nous aurons trouvé un être en détresse, nous resterons pour l'aider. »

Ainsi se séparèrent les deux fées. Et tout se passa comme l'avait dit la plus jeune. Toutes deux rencontrèrent deux vieilles femmes solitaires et usées et restèrent à les aider. Bientôt, elles perdirent leur teint transparent et devinrent toutes roses. Elles se plaisaient beaucoup sur la terre. Jamais plus elles ne pensaient au ciel.

Mais rien n'est éternel, hélas. Cent ans avaient passé sur la terre, cent ans, ce qui fait exactement sept jours au ciel. Les festivités avaient pris fin et l'empereur Céleste commença à chercher les deux jeunes filles. Mais en vain, elles étaient introuvables. « Où sont-elles donc passées, » gronda l'empereur. «Voilà un moment qu'il n'a pas plu et j'aurais besoin qu'on me tisse au plus vite un nuage d'orage. » Et l'empereur fit chercher les deux fées. Les serviteurs revinrent bientôt pour lui apprendre que la porte du Sud était ouverte et que les deux jeunes filles s'étaient probablement sauvées.

C'est un comble ! » s'écria l'empereur. «Qu'on me les ramène au plus vite ! Sinon, j'enverrai sur la terre une sécheresse abominable ! »

Alors les messagers célestes descendirent sur la terre à la recherche des deux fées. Ils les trouvèrent enfin. Mais les jeunes filles ne voulaient pas rentrer. Pourtant, il fallut bien se rendre ! Pouvait-on désobéir à un ordre de l'empereur du Ciel ? Tête baissée, les yeux pleins de larmes, les deux fées reprirent le chemin du ciel.

En arrivant devant la porte du Sud, la plus jeune dit :
«Petite sœur, je crois que je mourrai de regret si je ne peux plus regarder le monde en bas ! »

L'aînée hocha la tête en soupirant, puis elle dit :
«J'ai une idée. Jetons nos miroirs. Ainsi, quand nous regarderons en bas, nous y verrons se refléter le monde entier. »

Alors les deux jeunes filles sortirent leurs miroirs de leurs larges manches et les jetèrent en bas. Les miroirs descendirent en scintillant, ils tournoyèrent un instant avec de petits sifflements et tombèrent sur la terre où ils se transformèrent en deux lacs enchantés dont les eaux limpides reflétaient les montagnes, les forêts, les collines et les hommes. Et savez-vous où sont ces deux lacs ? L'un est en Chine, c'est le Grand Lac Occidental, et l'autre au Vietnam, à Hanoi.

samedi 30 janvier 2016

Pizzeria Inn - Eghezée


Depuis des semaines, nous avions envie d'une vraie, d'une bonne pizza... mais où la trouver ? Des amis nous ont invités chez Pizza Inn pour combler notre manque d'Italie...

Direction Eghezée à proximité d'une place où il est simple et gratuit de se garer. Pizza Inn est une pizzeria à emporter mais qui dispose à l'étage d'une salle de 20 couverts. C'est dire s'il est indispensable de réserver.

Le cadre est plutôt coloré et pas spécialement du meilleur goût : vert pomme et rose vif mais, ce n'est sans doute pas le plus terrible... L'éclairage est d'un blanc froid à vous glacer le sang et vous faire mal aux yeux. Qu'importe me direz-vous quand ce que vous avez dans l'assiette vaut la peine. C'est certain mais encore faut-il avoir quelque chose dans l'assiette car nous avons attendu plus d'une heure pour être servis. La pizza à emporter a un énorme succès donc les clients "restaurant" sont laissés pour contre. Ce n'est évidemment pas la faute à la serveuse qui est tributaire de la cuisine.

En photos, nos pizzas


DELIA : tomate, mozzarella, salami piquant, poivrons, œufs durs, parmesan, ail


SAN DANIELE : tomate, mozzarella, 4 fromages, jambon de Parme


MARTINA : mozzarella, 4 fromages, poires, noix, bresaola, roquette


PIZZA INN : mozzarella, champignons, jambon de Parme, tomates bruschetta, roquette, copeaux de parmesan, crème balsamique


Les desserts sont des préparations industrielles aux véritables colorants et exhausteurs de goûts.

Le verre du patron est servi en fin de repas : alcool ou café mais pas d'eau ou de soft. Cherchez l'erreur :(

Nous avons néanmoins passé une belle soirée et, si vous êtes de passage dans la région, testez la pizza et faites-moi part de votre expérience.

Pizzeria Inn
Rue de la Station 72
1360 Perwez, Belgique
081 228 206

La princesse des glycines - Conte de Chine



Lu-Lung est une toute petite cité, située au pied d'une très haute montagne, dans la Chine lointaine. La ville est tellement petite que tout le monde s'y connaît. Les maisons sont tellement proches les unes des autres, qu'en hiver, lorsqu'il gèle à pierre fendre, on a réellement l'impression qu'elles se protègent du froid les unes les autres.
Dans la ville de Lu-Lung vit depuis très très longtemps une pauvre veuve. La femme a un fils. Un garçon superbe qu'elle a appelé Wang, le nom que portait déjà son grand-père. Dans la ville de Lu-Lung, personne n'est aussi fort ni aussi courageux que Wang. Sans rien en dire, toutes les femmes envient la pauvre veuve d'avoir un fils aussi fort et aussi courageux.
Wang et sa mère mènent une vie paisiblement heureuse si ce n'est la présence dans la maison d'à côté de l'usurier Yu. Ils sont constamment ennuyés par lui. Le vieil homme est malade de jalousie devant la force et la jeunesse de Wang et il ne rate aucune occasion pour tourmenter le jeune homme et sa mère. Sans cesse, il leur fait des remarques désobligeantes. Bien sûr, c'est de la méchanceté gratuite mais au fil des jours, les remarques commencent à peser sur Wang et sa mère.
Un soir alors que Wang est assis dans le jardin devant la maisonnette, Yu demande à la veuve :- -"Comment se fait-il que ton fils vive toujours chez toi ? Il me semblait que les jeunes de son âge étaient mariés depuis bien longtemps. Sans doute, les jeunes filles de Lu-Lung ne sont pas assez bien pour lui et il attend une princesse…"
La veuve très digne le toise avant de lui répondre :
- "Après tout, pourquoi pas ? Ton idée n'est pas si bête en somme. Wang est le jeune homme le plus beau et le plus courageux de toute la région. Une princesse ferait certainement une bonne affaire en l'épousant! "
L'usurier se met à rire et dit :
- "Dans ce cas, il risque d'attendre très longtemps. Dans la région, il n'y a pas de princesse!" mais fort en colère et dépité, il rentre chez lui en claquant la porte de son logis.
La veuve se demande bien pourquoi un vieil homme peut être encore aussi méchant. S'il était plus gentil, il serait sans aucun doute plus heureux et tout le monde l'aimerait… Elle regarde son fils avec des yeux emplis de tendresse et lui dit :
- "C'est vrai dans le fond ! Je suis certaine qu'une princesse serait très heureuse avec toi! "
Wang sourit :
- "Le voisin a raison : il n'y a pas de princesse dans la région. Et, puis, si j'en trouvais une, comment pourrions-nous l'accueillir dans cette petite maison?"
Wang se lève et prend gentiment sa maman par l'épaule.
-"Viens", dit-il, "Rentrons. Il est inutile de rêver. Jouons plutôt une part de dominos."
Les années passent. Rien de bien important n'arrive dans la vie de Wang et de sa mère. Le garçon devient de plus en plus beau et de plus en plus fort, mais ne parle toujours pas de se marier. Sa mère est hantée par les paroles du vieil usurier et ne peut que soupirer. Il lui semble parfois que son fils attend vraiment une princesse qui accepte de l'épouser...
Un jour, alors que Wang est en train d'étudier dans sa chambre, il entend un bruit inattendu. Il regarde vers la statuette de Bouddha qui trône dans la pièce et aussitôt, la porte s'ouvre et un délicieux, un enivrant, un subtil parfum de glycine envahit les lieux. Dans l'embrasure de la porte, se tient une très jeune femme. Elle porte un kimono de couleur mauve de la même couleur que ses yeux et que les rubans qui nouent ses longs cheveux noirs. A son cou, brille un collier de perles éclatantes et, sur ses mains très blanches, scintillent des saphirs et des diamants. Wang n'en croit pas ses yeux. Il pense qu'il rêve. Il doit être tombé endormi alors qu'il étudiait. Son imagination surexcitée lui joue un tour…
La jeune femme s'avance vers lui et dit d'une voix cristalline :
- "Non, Wang, tu ne rêves pas. Je suis la princesse de la Forêt des Glycines et je suis venue jusqu'ici pour te dire que je veux t'épouser."
Gêné, le jeune homme ne sait pas quoi répondre. Il sent les murs de sa chambre qui se rétrécissent. Lui devient minuscule face à tant de beauté. Il regarde désespérément son mobilier sans valeur. Il ne possède même pas le moindre cadeau à offrir à la princesse en signe de bienvenue... La seule pièce de valeur qui lui appartient est le jeu de dominos en ivoire. C'est là sa seule richesse. Il le dépose aux pieds de la jolie visiteuse qui se met à battre des mains de joie en ouvrant la petite boîte laquée.
"Tu aimes donc jouer aux dominos ?", demande-t-elle toute à la fois ravie et surprise et tout aussitôt, elle dispose les pièces sur la petite table et invite Wang à venir s'asseoir auprès d'elle pour disputer une partie.
Le jeune homme, bon joueur, a bien du mal à se concentrer. Son regard est sans cesse attiré par sa trop belle partenaire!
-"J'ai gagné! ", s'exclame celle-ci peu après en arborant un très large sourire. "Je dois reconnaître que je n'ai jamais affronté un aussi redoutable adversaire. Lorsque nous serons mariés, nous nous mesurerons chaque jour aux dominos! "
- "Donc... ", balbutie Wang avec beaucoup d'efforts, "donc, vous parliez sérieusement lorsque vous disiez que vous vouliez m'épouser? "
La princesse acquiesce en souriant et Wang ajoute d'un air désespéré :
-"Mais où irons-nous habiter? Je n'ai pas d'argent pour acheter une maison! "
La jeune femme claque des doigts et une servante entre et dépose aux pieds de Wang un coffret rempli de pièces en or.
- "Tu devras attendre la prochaine pleine lune pour construire notre maison", lui dit la princesse. "A ce moment, je reviendrai pour célébrer nos noces. Aujourd'hui, je ne puis m'attarder davantage. "
Wang ne peut détacher ses yeux du coffret et des pièces. Il ne voit pas la princesse suivie de sa servante qui quitte la pièce.
Je dois avoir rêvé pense Wang en regardant autour de lui. Non, le coffret contenant les pièces d'or sont toujours devant lui et sa boîte de dominos a disparu.
- "Maman!", crie Wang "Je vais épouser une vraie princesse! "
Le jeune homme raconte à sa mère ce qui lui est arrivé.
- "Mais tu as là un véritable trésor! " dit la veuve en contemplant le coffret. "Jamais je n'ai vu autant d'argent de ma vie. Tu pourras construire une splendide maison. Mais surtout obéit à la princesse : il ne faut pas commencer la maison avant la prochaine pleine lune ! "
Wang est jeune. Il ne sait pas attendre et malgré les bons conseils de sa mère, il se rend en ville dès le lendemain matin et y prend rendez-vous avec le charpentier et le maçon en vue de construire une très belle demeure pour lui-même et pour sa future épouse.
- "J'ai entendu raconter que ton fils va épouser une princesse", marmonne un soir l'usurier à la veuve. "Et où l'a-t-il donc trouvée? "
Mais la veuve, pinçant les lèvres, ne répond pas.
- "Soit, si tu ne veux rien dire, garde-le pour toi", jette Yu, dévoré par la curiosité. "Je me disais bien qu'il y avait quelque chose de louche dans tout cela. C'est comme pour cet argent avec lequel il fait construire cette grande maison. J'ai du mal à croire qu'il l'a gagné honnêtement! "
- "Crois tout ce que tu veux", répond la mère de Wang.
Et, sans plus regarder le vieil homme, elle rentre chez elle.
Le temps passa encore. La construction de la nouvelle maison progresse. Un jour, un jeune voyageur porteur des couleurs impériales arriva en ville.
- "Mon nom est Yang", dit-il après avoir été saluer Wang et sa mère. "J'ai appris que tu es un excellent joueur de dominos et je serais heureux de pouvoir me mesurer avec toi."
Wang accepte l'invitation avec plaisir et se rend plusieurs soirs consécutifs à l'auberge pour jouer aux dominos avec l'étranger. Le cinquième soir, son nouvel ami l'accueille le visage triste :
- "Il me faut m'en aller", dit-il "Comme souvenir, je désire te donner ceci. "
Et le jeune homme tend à Wang une boite en bois de cèdre qui contient une coupe en argent, quelques baguettes en ivoire et une précieuse figurine de jade.
Après le départ de Yang, Wang se sent désemparé. Sa maison est prête et il attend avec impatience l'arrivée de la princesse. Mais le seul nouveau venu dans la ville est un riche seigneur qui, avec sa suite, s'installe à l'auberge que Yang avait précédemment fréquentée.
Le lendemain matin, Wang est réveillé de bonne heure par des éclats de voix : le noble seigneur a été dévalisé de tout ce qu'il possédait.
- "J'ai vu le chef des voleurs", déclare une des voix.
- "C'est Yang, le commandant de la garde impériale", ajouta une autre.
- "Yang! Je le connais bien! ", renchérit le vieux Yu. "Je l'ai vu très souvent en compagnie de mon voisin Wang, celui qui est subitement devenu si riche."
Peu après, le responsable de l'ordre surgit chez Wang pour y effectuer une perquisition. Et, lorsqu'il découvre le cadeau d'adieu de Yang, le malheureux est immédiatement emprisonné et accusé de complicité.
- "Il est impossible que Yang soit un voleur! ", assure Wang lorsque le juge l'interroge. "Il portait les couleurs de l'empereur."
Le juge se trouve bien embêté et ordonne que Wang soit transféré dans la capitale pour y être jugé.
- "Mais vous, si vous l'avez accusé injustement", dit le juge à Yu, qui avait assisté à l'audience d'un air triomphant, "vous serez emprisonné à votre tour. "
Le vieil usurier, soucieux de ne pas courir un tel risque, se hâte d'entrer en contact avec les quatre soldats chargés d'emmener Wang dans la capitale et, pour une poignée de pièces d'argent, ceux-ci lui promettent de tuer le jeune homme durant le trajet.
La route qui conduit à la capitale traverse les montagnes et les ravins escarpés. Le chemin est long et les gardes auront bien l'occasion de faire disparaître le prisonnier. Au moment où ils s'apprêtent à pousser Wang dans un précipice, un énorme tigre surgit. Effrayés par le félin, deux des hommes reculent et tombent dans le ravin, tandis que les autres, sans demander leur reste, prennent leurs jambes à leur cou et s'enfuient !
Wang est tombé lourdement sur le sol. Son front a heurté un rocher. Il reste là, étendu sans connaissance alors le tigre le saisit par la ceinture et l'emporte dans la forêt.
C'est un parfum de glycines en fleurs qui pénètre dans ses narines, qui réveille Wang. Il ouvre les yeux et se trouve dans l'herbe, face à un magnifique palais de porcelaine, couvert de mauves corolles odorantes.
A l'entrée du palais, se tient la jolie princesse. Mais son regard est dur. Wang veut aller vers elle, mais, d'un seul geste, elle lui fait comprendre de ne pas bouger et d'un ton sévère elle lui dit :
- "Wang, tu ne m'as pas écoutée. Je t'avais demandé d'attendre la prochaine lune avant de construire notre maison. Maintenant, le malheur a fondu sur toi. Tu dois te rendre chez le juge, pour lui prouver ton innocence sinon tu ne pourras plus jamais trouver le repos. Par la suite, tu retourneras ensuite à Lu-Lung afin consoler ta pauvre mère qui est malade de chagrin depuis le jour où les soldats t'ont emmené! "
Le jeune homme est anéanti. C'est vrai, il aurait dû attendre la pleine lune... Mais il était tellement impatient de la revoir et voilà qu'il l'a retrouvée et qu'elle le renvoie !
- "Allons", dit-elle, "avant que tu ne partes, je vais te faire don d'un talisman. "
Elle prend une corde qu'elle noue avec soin à la taille de Wang. Et avec douceur, elle ajoute :
- "Les nœuds que j'ai fait dans cette corde sont magiques. En cas de besoin, il te suffit d'en défaire un et tu seras sauvé. Pars vite, maintenant! "
Wang regarde tristement la princesse, désespéré de devoir la quitter. Dans un profond soupir, il s'en va vers la capitale.
Le sentier qu'il prend monte et descend sans cesse. Plusieurs fois, il s'en faut de peu qu'il ne tombe en butant sur une pierre. Des branches lui fouettent le visage et, bientôt, il se met à pleuvoir. Wang poursuit courageusement sa route. La pensée de la jolie princesse lui donne sans cesse de nouvelles forces. Il a déjà parcouru une bonne partie du chemin, lorsqu'il débouche sur un plateau aride et désolé. La pluie ne tombe plus. Derrière les sombres nuages, il peut même apercevoir le soleil, dont les rayons éclairent sans l'égayer ce triste paysage. Seuls quelques arbres tordus rompent, çà et là, cette lugubre monotonie.
Soudain, un nuage de poussière masque l'horizon. Portant la main au-dessus de ses yeux, Wang scrute le lointain. Très rapidement, le nuage se transforme en une armée de cavaliers armés jusqu'aux dents. Leurs armes scintillent sous le soleil. Ils arrivent à toute vitesse dans sa direction... "Que va-t-il m'arriver, maintenant? ", pense Wang tristement. "N'ai-je pas encore subi assez de malheurs? Ces hommes ont sûrement l'intention de m'attaquer. Lorsqu'ils s'apercevront que je ne porte aucun objet de valeur, ils me tueront probablement par dépit! "
Il n'a plus le temps de s'enfuir et puis, où se serait-il caché? Il n'y a rien que du roc et de la pierre.
Bientôt, les cavaliers sont devant lui. Le chef de la troupe s'approche à quelques mètres et Wang observe craintivement sa silhouette impressionnante, fièrement campée sur sa monture et soudain, il le reconnaît :
- "Yang! ", crie-t-il. "Yang, mon ami, est-ce vraiment toi?"
Il lui tend joyeusement la main pour le saluer. Un large sourire aux lèvres, Yang se pencha vers lui.
- "Tu acceptes donc encore de me parler, Wang?", demande-t-il, tout content. "Tu ne refuses pas de serrer la main à un voleur de mon espèce? "
- "Je n'ai jamais pu croire à un pareil mensonge", répond Wang.
- "Alors, laisse-moi te conter comment tout cela est arrivé", dit Yang en serrant fermement la main du jeune homme en signe d'amitié. "Pendant des années, j'ai vécu, à la cour, en tant que commandant de la garde impériale, au sein d'un monde de faste et d'apparat. Mais aussi dans un monde méprisable, comme je l'ai découvert plus tard car la plupart des membres de la cour n'ont pas gagné leur fortune honnêtement.
Pendant qu'ils parlent, les deux amis se tiennent toujours la main afin de se témoigner leur confiance. Puis, Yang descend de sa monture et tous les deux vont s'asseoir à l'écart. Yang poursuit :
- "La richesse dont jouissent ces riches seigneurs, ils l'ont volée aux pauvres gens. Car ils l'ont obtenue en imposant de très lourdes amendes pour de petits délits et en exigeant d'importants fermages. "
Wang acquiesce. Il connaît bien cette histoire... Depuis de longues années, la population vit opprimée à cause des cruelles mesures adoptées par les grands propriétaires terriens. De nombreux abus de cette espèce ont été commis dans les environs du Lu-Lung. Certains paysans, incapables de payer le fermage, envoient même leurs enfants mendier en ville.
- "C'est pourquoi", poursuit Yang, après avoir fait signe à ses hommes de mettre pied à terre pour se reposer un instant, "j'ai décidé que tout cela devait changer. J'ai résolu de quitter la cour et de devenir l'un de ces pauvres. Mais cela ne suffisait pas. J'ai alors réuni autour de moi un groupe d'hommes qui pensaient comme moi. Ensemble, nous avons commencé à voler les riches, répartissant ensuite notre butin entre de misérables paysans. C'est ainsi que je suis devenu un voleur. "
- "Et donc, ce noble, à Lu-Lung...", commença Wang.
Mais son ami l'interrompt aussitôt :
- "Voler ce noble faisait partie de mon projet. Il méritait bien une petite leçon! Car, dans la région d'où il venait, tous les paysans étaient complètement ruinés, tant les taxes qu'il leur imposait étaient élevées. En plus, les terres qu'il leur avait données en fermage étaient totalement incultes. Et, comble de malheur, le peu qu'elles produisaient venait d'être anéanti par les fortes pluies du printemps sans que lui-même veuille tenir compte de cette situation. Même lorsque les paysans lui demandaient un délai, il ne leur montrait aucune pitié! Tu comprends maintenant, pourquoi je lui ai dérobé ses biens? ", demande Yang.
Wang acquiesce sans mot dire et son compagnon poursuivit :
- "La prochaine fois que j'irai à Lu-Lung, ce sera pour Yu, l'usurier. Il est temps qu'il soit puni pour exiger des intérêts abusifs des malheureux qui, désespérés, ont recours à lui ou bien lui demandent de pouvoir différer un remboursement...Mais, toi-même, raconte-moi ce qui t'a conduit dans cette région inhospitalière."
En soupirant, Wang commence à expliquer son histoire :
- "Un serviteur du noble que tu as dépouillé t'a reconnu lorsque vous êtes entrés dans l'auberge, cette nuit-là. Et, l'usurier Yu, qui nous avait souvent vus ensemble, s'est servi de ce prétexte pour me causer une nouvelle fois des ennuis. Il s'était longtemps demandé comment j'avais bien pu obtenir de l'argent pour construire une maison, puisque ma mère et moi-même sommes pauvres, et il a saisi cette chance de me nuire, m'accusant sournoisement de complicité pour ce vol. "
Wang s'arrête quelques instants pour avaler une gorgée du vin de riz que lui tend Yang. Il a la gorge sèche d'avoir tant marché et parlé. Puis, il enchaîne :
- "Le responsable de l'ordre ne croyait pas que j'avais quelque chose à voir dans cette sombre histoire, mais il s'est vu obligé d'effectuer une perquisition chez moi et il a découvert dans ma maison tes beaux cadeaux. C'était la preuve de ma culpabilité et il m'a conduisit devant le juge. Evidemment, je lui ai raconté la vérité. Ce n'étaient que des présents et que je les avais acceptés sans faire la moindre objection, puisque je croyais que tu venais de la cour impériale. N'osant pas trancher, le juge a décidé de m'envoyer dans la capitale pour y être traduit en justice. Cependant, craignant que la lumière ne soit faite sur toute cette affaire, le vieux Yu a soudoyé les soldats chargés de me conduire en ville. Ces pauvres hommes, qui avaient bien besoin d'un peu d'argent supplémentaire, ont promis à l'usurier de se débarrasser de moi en cours de route. Seul le hasard a permis que je sois sauvé de la mort par un tigre, apparu au moment où ils voulaient me tuer. Et ce tigre m'a conduit auprès de la princesse des glycines, qui m'a ordonné de me rendre en ville pour prouver mon innocence. Voilà tout ! " dit Wang.
Et il ajoute piteusement :
- "Je ne l'ai pas écoutée et, maintenant, elle est fâchée contre moi. Ah! J'aurais dû attendre la pleine lune avant de commencer à construire notre maison ... "
Yang a écouté attentivement le récit de son ami :
- "Si je comprends bien", dit-il, "tu es donc en route pour la capitale, où tu seras jugé par le juge suprême. "
Wang boit encore une gorgée de la bouteille de vin de riz pour se donner du courage.
- "C'est bien cela", opine-t-il en se levant pour se remettre en route.
Il tend la main pour prendre congé de Yang, mais celui-ci secoue la tête.
- "Non, mon cher Wang", refuse-t-il paisiblement. "Je ne te laisserai pas partir comme cela. Un ami aussi fidèle que toi a droit à mon aide. Le voyage est encore long jusqu'à la ville et il est semé d'embûches! "
Et c'est ainsi que Wang parcourt le reste du chemin sous la protection des hommes de son ami Yang, qui le suivent à quelque distance.
Peu après, il atteint sans encombre la capitale et va aussitôt se présenter au palais de justice.
- "Je suis Wang et je viens de Lu-Lung", déclare-t-il, une fois mis en présence du juge suprême. "Je suis venu jusqu'à vous pour prouver mon innocence. "
- "Et où sont les soldats qui t'ont conduit ici? ", demanda le juge.
- "Deux d'entre eux ont pris la fuite à la vue d'un tigre", explique Wang. "Et les deux autres sont tombés dans un ravin. "
Comme le juge continue à le regarder d'un air interrogateur, Wang lui raconta toute son histoire.
- "Tu veux me dire que tu es venu sans escorte et de ton plein gré? ", s'exclame le juge, étonné, lorsque Wang termine son récit. "Mais tu aurais pu facilement t'échapper! "
Wang sourit :
- "Je suis innocent", assura-t-il. "Mais il y a des gens qui affirment le contraire. Ils prétendent que je suis complice d'un vol. Et je n'ai nulle envie de passer pour un malhonnête. C'est pourquoi je suis venu jusqu'à vous. Je veux prouver ma bonne foi! "
Tout en parlant ainsi, Wang joue machinalement avec la corde nouée à sa taille. Sans même s'en apercevoir, il défait un des nœuds.
Au même moment, le juge suprême déclara :
- "Même sans preuve, je suis convaincu de ton innocence, Wang. En effet, seul un homme à la conscience bien tranquille se présente de lui-même devant le juge sans y être contraint par la force. "
Il va ensuite chercher un morceau de parchemin et écrit en termes choisis une déclaration attestant de l'innocence du prévenu.
- "Et voilà! Tout est en ordre, Wang", conclut-il en lui serrant la main. "A partir de cet instant, tu es un homme libre. "
Soulagé, Wang quitte le tribunal. A présent, il doit retourner à Lu-Lung pour rassurer sa mère qui l'attend à la maison. Et ensuite... Il ose à peine y penser, de peur que quelque chose tourne de nouveau mal. Mais il espère de tout son coeur qu'il pourra épouser la très jolie princesse des glycines!
Serrant dans sa main la déclaration du juge, Wang entame le pénible voyage de retour. Plus il approche de sa petite ville natale, plus il marche allègrement. Il lui semble que toute fatigue l'abandonne ! Déjà, il aperçoit les premières maisons de Lu-Lung. Au milieu de celles-ci, se trouve celle de sa mère. A cette pensée, il se met à courir à perdre haleine, tant il a hâte de rentrer chez lui!
- "Maman! ", crie-t-il en se précipitant dans l'humble demeure. " Je suis là! "
La pauvre veuve a beaucoup maigri depuis le départ de son cher fils. Ses yeux sombres brillent fiévreusement dans sa figure pâle et ses mains tremblent. Mais, lorsqu'elle voit entrer Wang sain et sauf, un sourire rayonnant apparaît sur son visage aux traits fatigués et elle tend les bras pour accueillir son enfant bien-aimé.
Puis, les premières effusions passées la veuve lui pose mille et une questions, auxquelles Wang répond patiemment, jusqu'à ce que l'heure de se coucher arrive. La mère et le fils se souhaitent tendrement le bonsoir.
Mais, non loin de là, quelqu'un va, au contraire, passer une nuit fort agitée. C'est l'usurier Yu, brutalement tiré de son sommeil par une voix mystérieuse, qui lui dit :
- "Donne-moi les clés de ton coffre. Et pas un mot si tu tiens à la vie! "
Tremblant de tous ses membres, le vieillard remet le trousseau à Yang - car c'est lui qui a pénétré chez l'usurier avec ses hommes -et, quelques instants plus tard, Yu regarde d'un air furieux son coffre- fort complètement vide...
Pendant ce temps, Wang dort paisiblement. Lorsqu'il se réveille, il aperçoit sa mère qui le contemple, un étrange sourire sur les lèvres.
- "Il y a de la visite pour toi", annonce-t-elle.
Au même moment, le jeune homme sent le parfum qu'il attendait tant, le doux parfum de glycine...
Peu de temps après, les noces de Wang et de sa jolie princesse sont célébrées dans l'allégresse.
Le temps passe.
De cette heureuse union, naissent rapidement deux charmants enfants, qui ont les yeux mauves comme ceux de leur mère. Wang ne est tellement heureux qu'il ne peut imaginer qu'un tel bonheur soit possible Et par soir d'hiver, un triste soir d'hiver, le jeune homme, en revenant de son travail, voit sa femme qui l'attend sur le seuil de leur maison. Elle a revêtu le kimono qu'elle portait lors de leur première rencontre et qu'elle n'avait plus jamais remis depuis.
Wang se doute une tragique certitude que quelque chose d'horrible, de grave, d'irréparable va se produire. Quelque chose d'inévitable qui va bouleverser sa vie...
- "Nul bonheur ne peut jamais durer éternellement", dit la princesse, sans lui laisser le temps de parler. "Ma vie sur la Terre est terminée. Je suis obligée de te quitter, mais je ne t'oublierai pas. "
L'instant d'après, elle disparaît emportant avec elle les enfants.
- "Non! ", hurle Wang.
Mais aucun son ne sort de sa bouche. Les larmes aux yeux, il regarde autour de lui. Et, soudain, par un miracle inexplicable et malgré le froid de l'hiver, partout, des glycines se mettent à fleurir. Les lourdes grappes sont du même mauve que les yeux de sa femme et de ses enfants... Et lorsqu'il pénètre dans sa maison, il découvre avec bonheur que le plafond de la véranda, lui aussi, est paré d'un somptueux manteau odorant!
Wang malgré son immense chagrin sent que sa princesse tant aimée et ses chers enfants ne l'ont pas vraiment quitté, et que leur esprit et leur coeur demeurent à ses côtés. Et, dans chaque corolle, il voit briller leur tendre regard mauve, qui le suit et veille sur lui. Et il en est un peu consolé!

vendredi 29 janvier 2016

Restaurant Wagon Léo - Bastogne


En 1946, Léopold Bertholet installe un vieux wagon de tram Bruxellois au coin de la place Mac Auliffe à Bastogne. Il y fait des frites ! Les années passent, les générations aussi et 70 ans plus tard, le Wagon Leo est toujours là mais il a beaucoup grandi. Il compte aujourd'hui 250 places, un bistrot et un hôtel. Le Wagon Leo est une institution à Bastogne et ce n'était pas notre première visite... même si elle date de 20 ans.

De passage dans la région, nous avons repris le chemin du wagon. Fort heureusement, il n'y avait pas grand monde dans la ville en ce premier dimanche de janvier et nous avons pu obtenir une table alors que nous n'avions pas réserver. En saison, c'est une précaution élémentaire même si l'établissement compte 250 couverts.


En amuse-bouche, mousse de jambon.

Nous n'avions pas le temps de prendre une entrée et nous avons opté pour un plat/dessert


Noix de Saint Jacques snakées à la plancha
risotto de palourdes et moules fumées
pesto de basilic et coriandre
copeaux de Grana Padana


Carré d'agneau en croûte de persil citronné
tombée de jeunes pousses d'épinards
mousseline à la vieille moutarde
pommes de terre Pont-Neuf


Café liégeois


Dame blanche


Joli cadre, personnel en nombre et à l'écoute, service rapide et produits de qualité.
Large choix de plats de la petite restauration à des plats plus élaborés.
Incontestablement une adresse que je recommande.


Restaurant Wagon Leo
Rue du Vivier 4-6
6600 Bastogne
061/ 21 14 41

jeudi 28 janvier 2016

Premier voyage de l'année


Notre premier voyage de l'année nous a conduits au Grand-Duché de Luxembourg par un temps à ne pas mettre un chien dehors.


Nous nous sommes rendus à Clervaux (Klierf en luxembourgeois, Clerf en allemand), une petite ville du district de Diekirch encaissée dans la vallée de la Clerve. Clervaux est l'une des villes les plus visitées des Ardennes luxembourgeoises. Elle était réputée au XVIIème siècle pour son industrie de la draperie et aux XVIIIème et XIXème siècles pour ses tanneries.


Hélas en ce mois de janvier, la ville était morte et seuls quelques flocons et un pauvre bonhomme de neige ont survécu.




Clervaux est réputé pour son château médiéval datant du XIIème siècle superbement restauré au XVIIème siècle. Il abrite la fameuse exposition photographique « The Family of Man » d’Edward Steichen, photographe américain, natif du Luxembourg.


 





Des restes de la guerre ne sont jamais très loin dans cette région.



Autre endroit à visiter, l’église Saints-Côme-et-Damien, un édifice néoromane construit entre 1910 et 1912 et consacrée en 1913. La façade principale se distingue notamment par ses mosaïques murales. Le tympan du portail illustre les saints protecteurs de l'église. La partie supérieure représente un christ en majesté. A l'intérieur, les vitraux renvoient notamment aux saints et saintes vénérés par la piété populaire dans la région.



Tout comme à Londres, impossible de traverser n'importe où...


Ne de se soulager n'importe où...


Surtout quand de si belles toilettes sont mises à disposition :)


Il nous faudra revenir sous un ciel plus clément pour visiter vraiment un endroit aussi charmant.

mercredi 27 janvier 2016

Voilà pourquoi l'eau de la mer est salée... Conte de Chine - Version 2



En ces temps-là, il y a très longtemps, les hommes aimaient inventer des histoires pour expliquer ce qu’ils ne comprenaient pas. Voici ce qu’ils racontaient pour expliquer pourquoi l’eau de la mer est salée.

Il était une fois, un pauvre bûcheron. Un soir, alors qu’il préparait son dîner, un tout petit homme apparut et lui dit :

« Je suis le nain Flic-Floc, j’ai faim.

-Assieds-toi à côté de moi, répondit le bûcheron, nous allons partager mon repas. »

Ils se mirent à table et vidèrent ensemble une marmite de soupe de légumes bien chaude avec quelques saucisses grillées.

A la fin du repas, le nain Flic-Floc dit au bûcheron :

« Tu es généreux. Alors, je vais te faire un cadeau. Voici pour toi, un moulin magique. Il suffit de dire : Petit moulin, il faut me moudre ceci et le moudre bien vite pour qu’il se mette à moudre tout ce que tu désires. Pour l’arrêter, tu n’auras qu’à dire marala-matata-maliba. » Et le nain disparut très vite.

Le bûcheron posa le moulin devant sa vieille cabane et lui dit : « Petit moulin, il faut me moudre une belle maison et la moudre bien vite. » Et le petit moulin se mit à moudre la plus jolie des maisons. Comme le moulin finissait de moudre la dernière tuile du toit, le bûcheron s’écria : « Marala-matata-maliba ! » et le moulin s’arrêta. Emerveillé, le bûcheron porta le moulin dans le pré et lui dit : « Petit moulin, il faut me moudre des animaux et les moudre bien vite. » Et le moulin se mit à moudre des moutons, des chevaux et des cochons.

Comme le petit moulin finissait de moudre la queue du dernier petit cochon, le bûcheron s’écria : « Marala-matata-maliba ! » et le moulin s’arrêta. Ensuite, le bûcheron fit la même chose avec les vêtements : chaussettes, pantalons, tricots, bonnets…Si bien qu’à la fin, il eut tout ce qu’il lui fallait. Alors, il rangea le moulin magique et n’y pensa plus.

Un jour, le capitaine d’un grand bateau de pêche arriva chez le bûcheron. Il venait acheter le plus beau des arbres de la forêt pour remplacer le mât de son bateau cassé par la tempête. Il voulait aussi de belles planches bien solides pour réparer la coque de son bateau qui s’était percée sur des rochers. Le bûcheron l’écouta et lui dit : « Ne vous inquiétez pas. Dès demain tout sera prêt ! » Alors, il alla chercher le moulin magique et dit : « Petit moulin, il faut me moudre de belles planches et les moudre bien vite. » Et le moulin se mit à moudre les planches sous les yeux émerveillés du capitaine.

Le lendemain matin, le capitaine vint récupérer les planches et pendant que le bûcheron avait le dos tourné, il vola le moulin et courut jusqu’à son bateau. Dès qu’il fut en mer, le capitaine appela les matelots : « Allez chercher les tonneaux de sel, nous allons les remplir ! » Puis il prit le petit moulin et lui dit : « Petit moulin, il faut me moudre du sel et le moudre bien vite. » Et le moulin se mit à moudre, à moudre du sel, du beau sel blanc tout en poudre fine.

Quand les tonneaux furent pleins, le capitaine lui dit : « En voilà assez, petit moulin, nous avons de quoi saler toutes les morues et tous les harengs que nous pêcherons. » Mais le moulin continuait de moudre du beau sel blanc tout en poudre fine. Et le sel s’amassait sur le pont du bateau.

«  Assez, criait le capitaine furieux, assez ! » Mais le moulin ne voulait rien savoir. Et le sel commençait à remplir les cales du bateau. A la fin, comme le bateau trop chargé allait couler, le capitaine prit le moulin et le jeta par-dessus bord. Le moulin tomba au fond de la mer.

Et le moulin continua à moudre du beau sel blanc tout en poudre fine… C’est depuis ce jour, que l’eau de la mer est salée.

mardi 26 janvier 2016

Voilà pourquoi l'eau de la mer est salée... Conte de Chine



Il y a fort longtemps vivaient en Chine deux frères.
Wang-l'aîné était le plus fort et brimait sans cesse son cadet. A la mort de leur père, les choses ne s'arrangèrent pas et la vie devint intenable pour Wang-cadet. Wang-l'aîné accapara tout l'héritage du père : la belle maison, le buffle, et tout le bien. Wang-cadet n'eut rien du tout et la misère s'installa bientôt dans sa maison.
Un jour, il ne lui resta même plus un seul grain de riz. Il ne pourrait pas manger, alors, il se résolut à aller chez son frère dut aller chez son frère aîné.
Arrivé sur place, il le salua et dit en ces termes :
-Frère aîné, prête-moi un peu de riz.
Mais son frère, qui était très avare, refusa tout net de l'aider et le cadet reparti.

Ne sachant que faire, Wang-cadet s'en alla pêcher au bord de la mer Jaune. La chance n'était pas avec lui car il ne parvint même pas à attraper un seul poisson.
Il rentrait chez lui les mains vides, la tête basse, le cœur lourd quand soudain, il aperçut une meule au milieu de la route.
" Ça pourra toujours servir!" , pensa-t-il en ramassant la meule, et il la rapporta à la maison.
Dès qu'elle l'aperçut, sa femme lui demanda :
-As-tu fait bonne pêche ? Rapportes-tu beaucoup de poisson ?
-Non, femme! Il n'y a pas de poisson. Je t'ai apporté une meule.
-Ah, Wang-cadet, tu sais bien que nous n'avons rien à moudre: il ne reste pas un seul grain à la maison.
Wang-cadet posa la meule par terre et, de dépit, lui donna un coup de pied. La meule se mit à tourner, à tourner et à moudre. Et il en sortait du sel, des quantité de sel. Elle tournait de plus en plus vite et il en sortait de plus en plus de sel. Wang-cadet et sa femme étaient tout contents de cette aubaine mais la meule tournait, tournait et le tas de sel grandissait, grandissait.

Wang-cadet commençait à avoir peur et se demandait comment il pourrait bien arrêter la meule. Il pensait, réfléchissait, calculait, il ne trouvait aucun moyen. Soudain, il eut enfin l'idée de la retourner, et elle s'arrêta.

A partir de ce jour, chaque fois qu'il manquait quelque chose dans la maison, Wang-cadet poussait la meule du pied et obtenait du sel qu'il échangeait avec ses voisins contre ce qui lui était nécessaire. Ils vécurent ainsi à l'abri du besoin, lui et sa femme.

Mais le frère aîné apprit bien vite comment son cadet avait trouvé le bonheur et il fut assailli par l'envie. Il vint voir son frère et dit :
-Frère-cadet, prête-moi donc ta meule.
Le frère cadet aurait préféré garder sa trouvaille pour lui, mais il avait un profond respect pour son frère aîné et il n'osa pas refuser.

Wang-l'aîné était tellement pressé d'emporter la meule que Wang-cadet n'eut pas le temps de lui expliquer comment il fallait faire pour l'arrêter. Lorsqu'il voulut lui parler, ce dernier était déjà loin, emportant l'objet de sa convoitise

Il était très heureux, le frère aîné. Il rapporta la meule chez lui et la poussa du pied. La meule se mit à tourner et à moudre du sel. Elle moulut sans relâche, de plus en plus vite. Le tas de sel grandissait, grandissait sans cesse. Il atteignit bien vite le toit de la maison. Les murs craquèrent. La maison allait s'écrouler.

Wang-l'aîné prit peur. Il ne savait pas comment arrêter la meule. Il eut l'idée de la faire rouler hors de la maison, qui était sur une colline. La meule dévala la pente, roula jusque dans la mer et disparut dans les flots.

Depuis ce temps-là, elle continue à tourner au fond de la mer et à moudre du sel. Personne n'est allé la retourner.

Et voilà pourquoi l'eau de la mer est salée.

lundi 25 janvier 2016

Comment le ciel est devenu grand - Conte Apache


C’était il y a longtemps… lorsque les hommes avaient un gros problème ;  le ciel était trop bas.

Il était si bas qu'il n'y avait pas de place pour les nuages. Il était si bas que les arbres ne pouvaient pas pousser. Il était si bas que les oiseaux ne pouvaient pas voler. S’ils essayaient, ils se heurtaient aux arbres et aux nuages.

Mais ce qui était plus pénible encore, c’était que le hommes adultes ne pouvaient pas se tenir debout, bien droits comme leur corps le leur demandait. Ils devaient marcher tout penché, en regardant leurs pieds et ne voyaient pas où ils allaient.

Les enfants ne connaissaient pas ce problème. Ils étaient petits, Ils pouvaient se lever aussi droits qu’ils le souhaitaient. Ils ne marchaient pas en regardant leurs pieds et pouvaient voir où ils allaient.

Ils savaient par contre qu’un jour, ils deviendraient des adultes et qu'ils devraient marcher tout penchés en regardant leurs pieds à moins que quelque chose ne se passe.

Un soir, tous les enfants se sont réunis et ils ont décidé de relever le ciel. Les quelques adultes qui les écoutaient riaient sous cape mais soudain, ils ont vu les enfants lever de longs poteaux vers le ciel. Un, deux, trois, quatre…un cri énorme retentit - unnn-uhhhhhh.

Mais rien ne se passe. Le ciel reste comme il a toujours été. Les arbres ne peuvent toujours pas grandir. Les oiseaux ne peuvent toujours pas voler. Il n’y a toujours pas de place pour les nuages et les adultes marchent toujours courbés en regardant leurs pieds sans voir où ils vont.

Le lendemain, les enfants recommencent avec des poteaux plus longs. Un, deux, trois, quatre…un cri énorme retentit - unnn-uhhhhhh. Mais rien ne se passe.

Le soir suivant, les enfants qui sont persévérants essayent encore. Ils prennent des poteaux encore plus longs. Un, deux, trois, quatre…un cri énorme retentit - unnn-uhhhhhh. Mais rien ne se passe.

Le quatrième soir, ils ont trouvé de très très très longs poteaux, les plus longs qu'ils pouvaient trouver et ils se sont mis à compter :  un, deux, trois, quatre…un cri énorme a retentit - unnn-uhhhhhh et le ciel s’est soulevé.

Depuis ce jour, le ciel est à sa place. Les arbres peuvent pousser, les oiseaux peuvent voler sans se heurter aux troncs et aux branches. Les nuages ont de la place pour aller et venir et les hommes peuvent se tenir droit en regardant le ciel.

Mais le plus extraordinaire c’est que lorsque le soleil s’est couché la nuit suivante et qu’il a commencé à faire sombre, le ciel troué par les poteaux des enfants s’est mis à scintiller. Dans chaque trou, il y avait une étoile.

La prochaine fois que vous regarderez le ciel, vous saurez que c’est grâce aux enfants que vous pouvez admirer un tel spectacle. Vous repenserez de cette histoire et vous saurez que c'était vrai.

dimanche 24 janvier 2016

L'amitié des deux chacals - Conte d'Egypte



Il y a fort longtemps, vivaient dans l'immensité du désert deux chacals qui s'aimaient d'une amitié sincère, un peu comme s'aiment deux frères. Ils s'entraidaient et chacun pouvait compter sur l'autre en cas de coup dur. Ils partageaient les mêmes peines mais aussi les mêmes joies. Ils ne frayaient avec aucun autre animal préférant passer tout leur temps ensemble. Ensemble, ils recherchaient leur nourriture. Ensemble ils buvaient et mangeaient. Ensemble ils se rafraîchissaient à l'ombre des mêmes rares arbres du désert lorsque le soleil les tourmentaient de ses ardents trop ardents.

Or un jour, alors qu'ils étaient à la recherche de nourriture, l'un à côté de l'autre, sur un terrain aride et brûlé de soleil, ils virent surgissant devant eux un lion affamé qui était lui aussi à la recherche d'une proie. Plutôt que de fuir, les deux amis s'immobilisèrent et firent face à l'ennemi avec opiniâtreté. Le lion fort surpris ne put s'empêcher de leur demander :
- Eh bien, pourriez-vous m'expliquer par quel prodige vous ne vous êtes pas enfui à mon approche ? Etes-vous inconscients ? Ne voyez-vous pas que je suis affamé et à la recherche de nourriture ?
L'un des deux chacals prit la parole et dit :
- Pour sûr, ô seigneur ! Nous sommes fort conscients de cet état de fait. Nous avons vu que tu étais en chasse et que tu allais te jeter sur nous et nous dévorer. Nous avons cependant décidé de ne pas fuir. Quoi que nous fassions, aussi vite que nous puissions courir, tu nous rattraperais. Nous avons donc décidé de ne pas fuir. Nous préférons que tu ne sois pas épuisé au moment où tu décideras de nous dévorer. Nous préférons mourir rapidement et non souffrir par une mort lente.

Le lion qui avait écouté avec attention les paroles du chacal lui dit :
- Le roi des animaux n'est pas en colère d'entendre des paroles sincères. Il sait reconnaître le courage et l'audace de ses sujets. Il se doit d'être grand et généreux envers ses sujets sans défense.

Sur ce, le roi du désert disparut et depuis ce jour, il accorda la paix aux deux chacals.

samedi 23 janvier 2016

L'esprit Bouddha à Gosselies


Parce qu'il a reçu une note de 15/20 de Gault&Millau et titre d’asiatique de l’année et qu'il se chuchote que c'est le meilleur asiatique de Wallonie, j'avais très envie de découvrir L'Esprit Bouddha à Gosselies. C'est chose faite cette semaine grâce à notre souper des concierges, 6 filles dans le vent... Voici en photos et commentaires ce que j'en ai pensé.

L'Esprit Bouddha est situé sur la place des Martyrs, au numéro 30 et nous n'avons eu aucune difficulté à nous garer. Notre table était réservée en fin de salle, à proximité des toilettes mal chauffées, ce qui refroidissait l'espace à chaque ouverture de la porte. Le cadre agréable changeait des autres "chinois" même si quelques chinoiseries se retrouvent ça et là. Par contre, le bruit empêchait de nous comprendre. A déconseiller pour des soirées romantiques au calme.

La carte est superbe dans son habit rouge vif : champagnes, thés, whiskys, vins et plats qui permettent à tous les goûts et les budgets d'être satisfaits. Nous nous sommes majoritairement tournées vers un menu à 25 euros - annoncé à 24 euros sur le site Internet - potage, entrée, plat et dessert et en boissons, eaux plate et pétillante et vin en pichet. Le vin rosé était tout simplement imbuvable et servi chaud. Il a fallu demander des glaçons pour se rabattre ensuite sur du vin blanc. Pichet certes mais incroyable pour un établissement qui se veut au top de servir une telle vinasse ! Pour ce qui est des eaux, ne pas proposer des litres me semble inconcevable.

Potages sans grandes particularités

Crème de nids d’hirondelles

Royal piquant à la Pékinoise

Entrées : les brochettes et les nems étaient bons mais certains convives disent avoir mangé de meilleurs nems dans un autre établissement de la région. Là encore, rien de bien original.

Brochettes de poulet Teriyaky

Croquettes Impérial “Nems”

Plats :

Nouilles sautées aux scampis

Bœuf aux légumes croquants

Croustillant de poulet au curry de Madras et lait de coco

Dés de pluma ibérique aux épices de chine

Calamar aux légumes croquants

Desserts : Si le moelleux était excellent, la glace vanille présentait des cristaux assez peu agréables. Quant à la crème brûlée, elle était trop liquide, ne goûtait pas le jasmin et pour une des convives, elle n'était pas assez "brûlée".

Moelleux au chocolat et boule de glace vanille

Crème brulée au jasmin

Désolée pour Gault&Millau, nous avons bien reçu le calendrier-cadeau et pour la madame toute nue au fond du verre, nous n'en savons rien, il n'y a pas (à ma grande joie) de verre du patron.

Conclusions : Je n'ai pas été emballée par ma visite. La nourriture est bonne sans être exceptionnelle et les nombreuses critiques dithyrambiques semblent surfaites. Le service est correct mais sans attention particulière. Les plats gagneraient à être servis sur des réchauds à bougie. Ce n'est pas agréable de manger froid. Etablissement trop bruyant.
Note générale 11/20