mercredi 15 avril 2015

La mort c'est la fin du fini, c'est le commencement de l'infini


Il faisait soleil hier.
Il faisait soleil et pourtant mes voisines auraient préféré qu'il pleuve.
Pour l'avoir vécu, il est extrêmement irritant que le soleil brille alors qu'on enterre quelqu'un qu'on aime.
Xavier était un voisin, ancien collègue de mon mari, pas vraiment un ami, juste celui à qui on dit bonjour ou comment ça va.
Xavier avait avait 53 ans et son cœur a cessé de battre. Comme ça. Les secours n'ont rien pu faire. Il est parti pour le grand voyage dont on ne revient jamais. 53 ans, c'est trop jeune pour mourir. Il laisse épouse et deux filles qui devront apprendre à vivre sans lui. Elles ne vont pas aimer ce printemps 2015


Comme je n'avais pas le moral, je me suis replongée dans un texte que j'avais écrit en février 2012 lors de l'enterrement de la mère de mon amie Béa et il m'a fait sourire.


Hier, nous avons assisté aux obsèques de Renée, la maman de mon amie Béa. Moments émouvants et tendres mais aussi drôles parce que les sourires cachent souvent des larmes à venir... Je n'ai pas pleuré à grand renfort d'yeux levés vers le ciel et j'ai quand même beaucoup ri ou plutôt souri... Je crois que de là où elle est, elle a apprécié, elle qui aimait tant le faire.


Premier éclat dès la maison. Ne trouvant pas l'adresse de l'église où se déroulaient les obsèques ni sur Google, ni sur Google Street View, Dan a téléphoné aux pompes funèbres
- ??? On ne sait pas... il n'y a pas d'adresse a dit l'employé
Puis j'ai appelé le curé... un prêtre africain - (ceci dit pour mettre l'accent dans le dialogue qui suit).
- Ah mais Madame, je ne connais pas l'adresse de l'église. Je sais juste comment y aller... Vous venez de Charleroi. Et bien, à la frontière entre la province du Hainaut et la province de Namur, vous tournez à droite et puis je ne sais plus. Vous suivez la route.
- Vous êtes certain que je dois tourner à droite ? J'aurais plutôt tourné à gauche vers la rue du Centre.
- Ah oui, oui, c'est bien cela, la rue du Centre.
- Mais alors, j'ai tourné à gauche, pas à droite.
- Oui, oui, tournez à gauche et vous allez voir l'église...

Nous sommes arrivés à l'église bien à l'avance - une chance on a trouvé une place pour se garer. Il y avait beaucoup de monde déjà pour cet ultime hommage et même un chien. Franchement, j'aurais pu amener mon chat !
13:00 le cercueil entre suivi de la famille. Je me demande si la table qui le soutient est assez large. J'ai peur qu'il ne tombe. Son mari est effondré, tellement vieilli par son chagrin et tellement absent. Suivent mon amie, son frère, les beaux-enfants, les petits-enfants. Et puis il y a cette photographie de Mamy qui semble me regarder et me fait décrocher et m'évader tout au long des 37 années où je l'ai connue. C'est fou j'arrive même à entendre sa voix qui me parle et pourtant, je ne l'ai pas entendue depuis longtemps. Nos contacts, c'était une carte de vœux chaque année... en se souhaitant encore une fois une belle année et une bonne santé. Plutôt raté !


Le curé commence... "Le cierge qui entoure le cercueil"... Daniel n'ose pas me regarder parce que je ris. Il y a un seul cierge devant le cercueil et j'ai l'image du cierge qui se détend et s'enroule comme dans les films de Disney... Je me pince, je dois rester sérieuse !!!

Les petits enfants viennent chacun leur tour dire combien ils aiment leur grand-mère qui était attentionnée, aimante, à l'écoute...  puis le curé commence son homélie et reprend tout ce qui a déjà été dit avant - une fois, deux fois, trois fois. Il ne dit rien de plus. Rien sinon qu'elle aimait manger et recevoir ceux qu'elle aimait. Tiens, on dirait bien qu'il connait sa table :)

Au moment de l'offrande, on distribue une image de la défunte. La personne devant moi doit faire des collections car il  en demande plusieurs et retarde toute la file... Je retourne à ma chaise où une dame me regarde bizarrement. Elle est dans ma rangée, à ma place, à côté de mon sac. Qu'elle retourne donc d'où elle vient.

Quand tout le monde est assis, un employé des pompes funèbres passe dans les rangs et demande qui veut encore des images. Des mains se tendent. ON se croirait à Bercy. Daniel sort la sienne de sa poche pour regarder à l'arrière s'il y a pas un bon de réduction. Je me pince pour ne pas rire.

Une odeur désagréable arrive jusqu'à nous. Je crois que la voisine de la dame au regard bizarre s'est lâchée. Ça pue et je dois respirer dans le col de mon pull. J'adore les pulls à col roulé, c'est un peu comme les bandanas des cow-boys, ça protège !!!

Moment de la communion. Notre orthopédiste manque à chaque pas de se faire rentrer dedans par celui qui le suit. Il semble avoir de gros soucis de locomotion, Les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés!

Moment émouvant avec la chanson "Elle de Mélissa M." Non je ne pleure pas mais c'est limite.

Une heure de cérémonie, j'ai les mains glacées malgré mes gants.

Allons en paix !

La sortie de l'église est un peu chaotique. La famille est scindée en deux rangs à droite et gauche du parvis et tout le monde pousse pour les saluer. SI on va à droite, on ne peut aller à gauche.
Tant pis, on a zappé la moitié des gens puis on est rentrés.

Renée, je ne pourrai jamais t'oublier.

2 commentaires:

  1. Haaaa les délicieux sourires et rires interdits ....
    Je vous imaginais toi et Daniel retournant la photo pour regarder si c'était un bon de réduction au dos et toi essayant de te retenir de rire ^+^
    Très bel article Sylvianne !!

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    1. Outre que j'aimais beaucoup la dame, je ne pourrai jamais oublier son enterrement. Tant de choses dans un si petit espace de temps !

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