mercredi 10 décembre 2014

Mythe, conte et légende


Le mythe

Au sens étymologique, mythe veut dire parole. Il est un récit fondateur dont ceux qui le rapportent avouent en être les dépositaires et pas les auteurs. C’est un récit anonyme et collectif qui remplit une fonction socio-religieuse.  Il sert le plus souvent d’élément de cohésion entre les individus d’un groupe. Le mythe met en scène des personnages le plus souvent surhumains qui ont des pouvoirs surnaturels mais aussi des comportements et des sentiments humains. Le mythe est une parole, une fable qui se réfère à des événements anciens chargés de sens : dans les sociétés primitives, il sert d’explication du monde, comment les choses ont commencé et pourquoi les hommes en sont là aujourd’hui. Il est tenu pour absolument vrai et récité dans des circonstances bien précises ce qui le distingue de la fable, du conte et toutes les histoires inventées. Dans sa composition, il est le plus souvent très court et d’un agencement parfait. Chaque détail est chargé d’une signification intense. Les sociétés industrielles l’ont relégué dans le domaine de la poésie et de l’imaginaire. Les mythes restent cependant l’expression d’une culture, ils expriment les aspirations profondes de l’inconscient humain et mettent en scène des situations éternelles. La pensée scientifique n’a pas réussi à les faire disparaître. Bien plus, dans toutes les productions littéraires se décèlent des soubassements d’images permanentes, une armature d’archétype qui manifeste sa lointaine parenté avec le mythe.

John William Waterhouse, Ulysses and the Sirens, 1891, National Gallery of Victoria, Melbourne, 201 x 99 cm
Le conte

Le conte est né de l’oubli progressif du caractère religieux du récit. Il nous introduit dans un univers enchanté dont la magie stimule notre imagination. Le conte apparaît comme le miroir de l’homme ; il dévoile ses défauts et ses haines mais il dit la force de ses idéaux. Dans toutes le civilisations, à travers les siècles, cette littérature orale se transmet de génération en génération dans toutes les sociétés. Que ce soit par la voix d’une nourrice ou celle d’un griot africain, le conte nous transmet un savoir (une initiation au monde), un espoir d’avenir meilleur car son dénouement est presque toujours heureux. Cet espoir si nécessaire à l’homme fait l’universalité du conte. Si sa forme dépend de son lieu géographique, sa matière est bien souvent la même. Merveilleux ou philosophique, le conte est une façon de voir la vie. Le conte est lui aussi un récit court qui se distingue de la nouvelle en ce qu’il n’est pas soumis aux contraintes de la vraisemblance. Il appartient à l’univers de la poésie. A partir de l’époque romantique, le conte s’est scindé en deux tendances : le registre du merveilleux et à partir du début du 19ème siècle le registre du fantastique. Le conte aime les décors fabuleux ou terrifiants. Dans les contes de fées, la magie intervient à tout moment. Ils sont peuplés de dragons, de licornes, de génies et d’elfes. Ils séduisent notre imagination mais nous ne sous sentons nullement inquiétés car d’emblée nous pressentons une dénouement heureux. Le conte nous emmène dans des contrées fabuleuses où le temps n’existe pas. Dans les contes fantastiques, l’irrationnel fait une apparition brutale dans notre univers cohérent. La mort, les fantômes, les vampires dans un climat d’angoisse font que le récit aboutit parfois à un dénouement fatal. Le rôle du conteur est de tenir son public constamment en haleine car il ne s’adresse pas à un public impassible. Il prend son auditoire à témoin, le fait se ressaisir et au besoin l’apostrophe. Il ne coupe pas le fils de son débit.

Hugues Merle, The storyteller, 1874
La légende

La légende - du latin legenda, choses qui doivent êtres lues - est un récit à caractère merveilleux où des faits historiques sont transformés par l’imagination populaire ou par l’invention poétique. Elle peut être crée de toute pièce par un esprit mystique ou poétique en communion avec les masses populaires : mais elle est le plus souvent l’éclosion même de l’imagination inconsciente de ces masses. Dans l’un comme dans l’autre cas, elle n’a pas cessé d’être en pleine formation parmi nous. La forme de la légende est simple et son objet d’évocation essentiel est le miracle. A l’origine, la légende racontait la vie des Saints et qui étaient lues dans les couvents. De nos jours, il s’agit plutôt de récits merveilleux d’un événement passé fondé sur une tradition plus ou moins authentique. La légende est plus soucieuse du détail que le conte.

Sandro Botticelli, The birth of Venus, 1486, Uffizi Gallery in Florence, Italy.

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