samedi 14 novembre 2015
Alain le fils rusé
Il était une fois au "pays des bonnets de coton", un homme qui n’avait pas d’argent. Loin de s’en préoccuper, il décide un beau jour de se faire construire une superbe maison à pans de bois, construction typique dans sa ville. Contrairement à ses voisins, il veut que les murs ne soient pas recouverts de crépi qui imite la pierre de taille comme il est de coutume de le faire pour cacher une façade " trop pauvre " pour être montrée. La maison est située dans un quartier qui porte le nom de "bouchon de champagne" car il épouse la forme d’un bouchon de champagne.
La maison est presque terminée lorsqu’il se rend compte de sa bêtise. Dans sept jours, les ouvriers vont venir chercher leur paie. Que va-t-il bien pouvoir leur dire ? Il n'a pas le sou... Il a beau tourner et retourner le problème dans sa tête, il ne trouve pas de solution. Désespéré, il quitte la ville et se dirige vers la forêt bien décidé à y rester pour toujours. Jamais il ne remettra les pieds chez lui. Il a une dernière pensée pour sa femme qu'il aime mais il est trop honteux.
Il marche longtemps dans la forêt. Il est toujours perdu dans ses pensées, quand au détour d’une clairière, il rencontre un démon.
-" Bonjour l’ami ! " dit ce dernier avec un sourire a damner un saint. " Tu sembles bien triste, raconte-moi tes soucis ".
D’abord surpris, il s’arrête mais comme il n'a plus rien à perdre, il entreprend de raconter son histoire.
-" Je voulais éblouir la ville et j’ai fait construire une superbe maison mais je n’ai pas le sou et dans sept jours, les ouvriers vont venir demander leur paie. Je ne sais pas quoi faire. Ma femme n’en sait rien et jamais plus je n’oserai rentrer chez moi ".
-" Je vais pouvoir t’aider. Fais une autre tête. Rentre chez toi ; je vais te donner un sac rempli de pièces d’or et un sac rempli de pièces d’argent mais en échange, tu devras me remettre dans vingt ans ce que tu trouveras dans ta demeure ".
Trop heureux d’un dénouement aussi facile, notre homme accepte avec empressement et rentre chez lui. Pendant son absence, sa femme a mis au monde un très bel enfant. C’est un garçon qu’ils prénomment Alain et qu’ils élèvent avec la plus grande attention. Il bénéficie de l’enseignement des meilleurs précepteurs, il est habillé avec des habits coupés dans les meilleurs tissus par les meilleurs tailleurs. Ils vivent très heureux. Tout pourrait être pour le mieux si l’enfant ne se rendait compte de la tristesse perpétuelle de son père. Un jour, l’enfant devenu un jeune homme perspicace, à l’approche de ses vingt ans, demande à son précepteur pourquoi son père est toujours aussi maussade et a souvent des larmes dans les yeux lorsqu'il le regarde.
-"Si tu veux le savoir, dit le précepteur, je t’engage à te promener avec lui dans la campagne et à le lui demander. S’il refuse de te parler, menace-le de partir au loin pour toujours".
Alain remercie son précepteur du conseil et invite son père à faire une promenade dans le campagne.
Après avoir marché quelques kilomètres, le fils demande à son père :
-" Comment se fait-il que vous soyez toujours aussi triste, mon père ? Pour l’amour de moi, donnez-moi la clé de votre secret ".
Le père ne sait pas comment expliquer à son fils le terrible pacte qu’il a passé avec le démon mais comme il l'aime tendrement, il se résout à lui parler :
-"Avant ta naissance, je t'ai promis au démon. Je dois te remettre à lui le jour de tes vingt ans. Dans sept jours, ce sera la date... Je ne veux pas te perdre, mon fils".Alain est rassuré et dit :
-"N’ayez pas de crainte pour moi mon père. Je vais aller le trouver moi-même et pas plus tard que demain. Rentrons maintenant, il se fait tard et ma mère va s’inquiéter ".
Le lendemain de bonne heure, Alain se dirige vers la forêt d’Orient où vingt ans plus tôt son père a rencontré le démon. A peine entré, il entend une voix qui l’appelle.
-"Bonjour, Alain, prends ceci est pour toi ". Un ange vient de lui apparaître et lui tend un rameau. "C'est un rameau merveilleux et tu pourras obtenir de lui tout ce que tu voudras".
-"Merci à toi, mon ange. J’en aurai certainement grand besoin car tu n’ignores pas où je me rends. Je vais sans crainte car devant la droiture, le démon ne peut rien".
Alain prend le rameau et poursuit son chemin. Après plusieurs heures de marche, il arrive enfin dans le repaire du démon. Lorsqu’il y pénètre, celui-ci s’exclame :
-"Mais tu es en avances, je cirais seulement mes bottes pour partir te chercher".
-" Tu t’es évité du chemin, je suis venu par moi-même mais donne-moi à manger, je meurs de faim, je suis parti tôt ce matin pour te rejoindre ".
Le diable fait servir des mets délicieux et en grand nombre à notre jeune ami. Il y a des poissons, des volailles, des viandes, des pains de toutes les sortes, des légumes en quantité des saucissons odorants et du vin de Champagne. Lorsqu'il a terminé soin repas, Alain lui dit :
-" J’imagine que je ne vais par rester les bras croisés à ne rien faire. Donne-moi de l’ouvrage ".
-"Sais-tu couper du bois ? demande le démon. J’ai justement besoin de charbon de bois. Commence par ce côté-ci de la forêt".
-"Avec plaisir. Mon père m’a appris à travailler dès mon plus jeune âge. Tu seras satisfait de mon travail".
Le démon rentre dans sa maison et Alain, d’un coup de son rameau merveilleux met à terre toute la forêt et à l’aide d’un charbon allumé, il transforme tout le bois en charbon. Il rentre dans le repaire du démon en chantonnant.
"Travailler ne me fait pas peur
car je le fait de tout mon cœur
Le démon sera content
Je n'ai pas mis trop de temps"
-"J’ai terminé mais donne-moi vite à manger, je meurs de faim, j’ai travaillé dur ce matin pour te servir".
-"Eh !mais tu manges beaucoup trop ; tu vas me mettre sur la paille. Tu as terminé, dis-tu. Que peux-tu avoir fait en si peu de temps ?"
Le démon, curieux comme la mère du diable, veut voir ce que le jeune homme a fait. A peine sa porte ouverte, il entre dans une colère terrible.
-"Mais tu as détruis toute ma forêt, tu es un inconscient".
-"Si tu n’es pas satisfait, rends-moi la parole de mon père et je partirai , autrement, donne-moi autre chose à faire".
-"D'accord. J’ai deux étangs ; l’un est rempli de boue, l’autre de poissons. Mets à sec celui qui est rempli de boue mais laisse intact l’autre".
Alain se dirige vers les étangs et d’un coup de son rameau merveilleux, il assèche l’étang rempli de poissons qui se retrouvent dans l’étang rempli de boue et meurent rapidement. Satisfait de son travail, Alain rentre au repaire du démon en chantonnant.
"Travailler ne me fait pas peur
car je le fait de tout mon cœur
Le démon sera content.
Je n'ai pas mis trop de temps"
"J’ai terminé mais donne-moi vite à manger, je meurs de faim, j’ai travaillé dur ce matin pour te servir".
-"Eh !mais tu manges beaucoup trop ; tu vas me mettre sur la paille. Tu as terminé, dis-tu. Que peux-tu avoir fait en si peu de temps ?"
Le démon, curieux comme la mère du diable, veut voir ce que le jeune homme a fait. Il se dirige vers ses étangs mais à peine arrivé, il entre dans une colère terrible.
-"Je ne t’ai pas demandé de vider cet étang là mais l’autre, tu es décidément un bon à rien".
-" Si tu n’es pas satisfait, rends-moi la parole de mon père et je partirai autrement, donne-moi autre chose à faire".
-"Fort bien. Puisque tu as si faim ; sais-tu cuisiner ?"
-"Évidemment, je sais tout faire".
Alain se met à l'ouvrage. Il pétrit la pâte après avoir allumé le four avec le charbon de bois. Mais pendant qu’il travaille, sept diablotins viennent le harceler et le piquent de leurs petites fourches.
-" Fais-nous des brioches ".
-" Fais-nous des gâteaux ".
-" Fais-nous des galettes ".
-" Fais-nous des tartes ".
-" Fais-nous des croissants ".
-" Fais-nous des macarons ".
-" Fais-nous des beignets ".
-" Vous m’ennuyez tous, dit Alain. Partez où il vous arrivera malheur".
En disant cela; le jeune homme attrape six des sept diablotins et les jette dans le feu mais le septième plus petit et plus agile réussit à rejoindre son père et lui raconte ce qui est arrivé à ses frères.
Le démon accourt en proie à une immense colère.
-"Tu as détruit ma famille. Tu n’es donc pas capable de faire du bien".
-"Si tu n’es pas satisfait, rends-moi la parole de mon père et je partirai sinon, donne-moi autre chose à faire".
Le démon trop heureux de se débarrasser de cet encombrant jeune homme lui rend la parole de son père et Alain sans se faire prier repart vers son village.
Il est tard. Lorsqu’il arrive à proximité d’un vieux château où personne n’ose entrer car la légende raconte qu'il est hanté. Alain a une idée. Il se rend chez les châtelains qui ont déserté les lieux depuis longtemps et leur demande la possibilité d’y passer la nuit. Les châtelains le mettent en garde mais acceptent et même comme ils ont une grande envie de se débarrasser des lieux, ils lui en font cadeau. Un notaire dépêché sur place dans l'heure établit même l'acte - on n'est jamais trop prudent.
Alain entre dans sa nouvelle demeure et allume un grand feu dans la cheminée de la cuisine.
Vers minuit, douze démons arrivent dans cette cuisine et se mettent à danser et à sauter dans tous les sens.
A l’aide de son rameau magique, Alain tue onze des douze démons. Le douzième n’est autre que celui qu’il vient de quitter quelques heures plus tôt qui ne semble pas très heureux de le revoir.
-"Qu’es-tu venu faire dans mon château ?" lui demande Alain.
-"Rien, enfin, pas grand chose... Nous gardons un trésor ici depuis cinquante ans et dans cinquante ans, il doit nous appartenir. C’est dans ce trésor que j’ai pris le sac d’or et le sac d'argent que j’ai remis à ton père".
Alain exige du démon qu’il lui montre l’endroit où se trouve ce trésor. Arrivé dans les caves, il fait sortir de terre à l’aide de son rameau merveilleux un coffre rempli des sacs d’or et de sacs d'argent. Il ordonne au démon de les porter sur son dos jusque dans la cuisine. Lorsque tout est terminé, Alain prend son rameau merveilleux et réduit le diable en un petit tas de cendre.
Tout heureux, dès le lendemain, il rentre chez ses parents chargé du trésor. Il raconte ses aventures et se décide à demander en mariage la plus jolie fille du village qu’il aime en secret depuis très longtemps. La noce a été très joyeuse. On y mangea très bien mais le menu, je ne le connais pas ; je n’y étais pas.
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