samedi 22 novembre 2025

Un jour, une expression - A pied d'oeuvre

 


"À pied d'œuvre"

L'expression "Être à pied d'œuvre" signifie :

  • Être prêt à commencer ou avoir déjà commencé un travail ou une tâche.

  • Être sur le lieu de travail et disposer de tout ce qui est nécessaire (outils, matériaux, etc.) pour se mettre à la tâche immédiatement.

  • Par extension, cela signifie être disponible et mobilisé pour une action.

Origine et Étymologie

  • Origine : Cette expression vient du vocabulaire de la construction et des chantiers, datant du Moyen Âge.

  • "Œuvre" : Désigne ici l'ouvrage, le travail, ou plus spécifiquement, le chantier (comme dans maître d'œuvre ou chef-d'œuvre).

  • "Pied" : Faisait référence aux fondations, au bas de la construction, ou par métonymie, à l'endroit exact où commence le travail.

  • Signification initiale : Être "à pied d'œuvre" pour un ouvrier, c'était être physiquement présent aux abords de l'ouvrage et prêt à utiliser ses outils. C'est l'étape juste avant l'action concrète.

Registre et Nuances

  • Registre : L'expression appartient au langage standard à soutenu. On la trouve souvent dans les rapports, les articles de presse, et le langage professionnel.

  • Nuances : Elle insiste non seulement sur la présence physique, mais surtout sur l'état de préparation et de disponibilité immédiate. Elle connote l'idée de promptitude et d'efficacité.

Exemples d'Utilisation

  • "Après l'arrivée des machines et des matériaux, l'équipe sera à pied d'œuvre dès demain matin 7 heures pour couler la dalle." (Présence sur le lieu de l'action)

  • "Tous les enquêteurs sont à pied d'œuvre pour retrouver la personne disparue le plus rapidement possible." (Mobilisation immédiate et totale des ressources)

  • "Nous avions prévu de commencer à 9h, mais nous sommes arrivés en avance et nous étions déjà à pied d'œuvre à 8h30." (Être prêt et commencer l'action)

Expressions Synonymes en Français

  • Être prêt à commencer. (Le plus simple)

  • Être sur le pont. (Surtout dans le sens de la mobilisation intensive, vient du vocabulaire maritime)

  • Être sur le terrain. (Met l'accent sur la présence physique)

  • Être aux commandes. (Surtout dans le sens de la direction)

  • Être au travail/à la tâche.

Équivalents dans d'Autres Langues

LangueExpressionTraduction Littérale
AnglaisTo be ready to start work. / To be on site.Être prêt à commencer le travail. / Être sur le site.
EspagnolEstar manos a la obra.Être mains à l'œuvre.
AllemandAn Ort und Stelle sein.Être sur place.
ItalienEssere all'opera. / Mettersi all'opera.Être à l'œuvre. / Se mettre à l'œuvre.

Variantes et Dérivés

La variante la plus courante et la plus proche est :

  • "Mettre quelqu'un à pied d'œuvre" : Donner à quelqu'un les moyens de commencer son travail ou l'envoyer sur le lieu du chantier.

Usage Contemporain

L'expression est encore très courante, surtout dans un contexte professionnel, journalistique ou officiel. Elle a conservé son sens précis de disponibilité et d'engagement immédiat dans un travail. C'est une manière concise et efficace de signaler que les préparatifs sont terminés et que l'action concrète va commencer.

vendredi 21 novembre 2025

Un jour, une expression - Couper l'herbe sous le pied

 


1. Sens et signification

Sens général : L'expression signifie frustrer quelqu'un d'un avantage ou d'une réussite attendue en agissant avant lui, en le devançant ou en le supplantant. C'est le fait de prendre l'initiative d'une action qu'une autre personne était sur le point de faire, la privant ainsi du bénéfice ou du succès qu'elle en espérait.

Signification détaillée :

  • Devancer les projets ou les initiatives de quelqu'un.

  • Contrecarrer les plans d'autrui.

  • Supplanter quelqu'un dans une affaire ou une compétition.

  • Retirer à quelqu'un ses moyens d'action ou ses arguments au moment où il allait s'en servir.

2. Origine et étymologie

  • Datation : Les premières attestations de cette locution remontent à la fin du XVIe siècle ou au début du XVIIe siècle.

  • Origine imagée : L'image est très parlante. Il s'agit d'une métaphore qui renvoie à l'acte de faucher l'herbe, base de l'alimentation animale et symbole des moyens de subsistance.

  • Sens initial : À l'époque, le nom "herbe" pouvait prendre le sens plus large de "vivres", de "nourriture" ou de "moyens de subsistance".

    • "Couper l'herbe sous le pied à quelqu'un" signifiait alors, au sens premier, le priver de sa nourriture ou de ses moyens de subsistance, en coupant littéralement ce qui poussait sous ses pieds. C'était l'empêcher de se procurer de quoi vivre.

  • Évolution du sens : Au fil du temps, le sens s'est élargi et a pris une connotation plus figurée, s'appliquant à des empêchements plus généraux (projets, succès, arguments, opportunités, etc.) dans tous les domaines. On la rapproche souvent de l'expression, légèrement postérieure, "couper les vivres à quelqu'un" (issue du vocabulaire militaire).

3. Registre et nuances

  • Registre : C'est une expression de registre courant à familier. Elle est très utilisée dans la conversation quotidienne.

  • Nuances : Elle implique souvent une idée de rapidité, d'anticipation, d'astuce ou parfois de manque de fair-play de la part de celui qui agit. L'effet ressenti par la personne qui la subit est la frustration ou le dépit.

  • Contexte : Utilisée dans des contextes variés : professionnel (obtenir un poste), politique (adopter une mesure avant l'opposition), personnel (dire quelque chose avant un ami), etc.

4. Exemples d'utilisation

  • "J'allais proposer la même solution ! Tu m'as complètement coupé l'herbe sous le pied." (Devancer dans une conversation/proposition)

  • "Le gouvernement a annoncé cette réforme avant la publication du rapport d'opposition, leur coupant l'herbe sous le pied et neutralisant leurs critiques." (Contrecarrer les plans)

  • "Elle convoitait ce poste depuis des mois, mais un concurrent a postulé et a été embauché en une semaine, lui coupant l'herbe sous le pied." (Supplanter, devancer pour un avantage)

5. Expressions synonymes en français

  • Cocher sur le poteau (plus familier, pour une compétition de vitesse).

  • Prendre de vitesse.

  • Devancer.

  • Faire capoter les plans de quelqu'un.

  • Savonner la planche (plus fort, implique souvent de nuire par la ruse).

  • Prendre les devants.

  • Avoir le pas sur quelqu'un.

  • Doubler quelqu'un. (dans le sens de le dépasser, le surclasser)

6. Équivalents dans d'autres langues

LangueExpression équivalenteTraduction littérale
AnglaisTo steal someone's thunder.Voler le tonnerre de quelqu'un.
Anglais (autre)To pull the rug from under someone's feet.Tirer le tapis de dessous les pieds de quelqu'un.
AllemandJemandem den Teppich unter den Füßen wegziehen.Tirer le tapis d'en dessous les pieds de quelqu'un.
ItalienTagliare l'erba sotto i piedi.Couper l'herbe sous les pieds. (Très similaire)
EspagnolQuitarle la alfombra a alguien.Enlever le tapis à quelqu'un.

7. Variantes et dérivés

  • Variantes du verbe : Il a existé des variantes avec d'autres verbes comme :

    • "Faucher l'herbe sous le pied"

    • "Tondre l'herbe sous le pied" (moins courant).

  • Variantes géographiques : On trouve l'expression dans d'autres régions francophones avec une forme très proche, par exemple :

    • Wallon (Belgique) : "Coper l' hièbe dizo l' pid" (Couper l'herbe sous le pied).

  • Dérivé (non) littéral : Le sens est parfois abrégé à l'oral en : "Tu me coupes l'herbe!"

8. Usage contemporain

L'expression est toujours très vivante et courante dans le français contemporain.

  • Elle est utilisée tant à l'oral qu'à l'écrit, dans la presse (pour décrire une manœuvre politique ou économique), dans la littérature et dans la vie de tous les jours.

  • Son usage a conservé son sens figuré : il est rare de l'entendre dans son sens littéral d'origine (couper la nourriture). Elle est principalement employée pour désigner l'acte de devancer, supplanter ou contrecarrer une action ou une intention.

  • Elle est souvent employée sous la forme d'une plainte (ex: "Il m'a coupé l'herbe sous le pied !") ou d'une constatation amusée ou dépitée.

jeudi 20 novembre 2025

Pourquoi ? L'escargot est le symbole de Namur

 

Pourquoi l'escargot est-il un symbole de Namur ?

L'escargot, que l'on appelle le "limat" en wallon, est l'un des symboles les plus populaires de Namur, et ce pour plusieurs raisons historiques et culturelles :

Le surnom des Namurois : Les habitants de Namur sont souvent surnommés les "escargots" ou "Namurois limats". Ce surnom remonte à loin et est lié à la réputation de calme et de sérénité des Namurois, qui prenaient (ou prennent !) leur temps, un peu comme un escargot se déplace. Ce n'est pas forcément péjoratif, mais plutôt un trait de caractère.

Une spécialité culinaire (historique) : Autrefois, l'escargot était une spécialité culinaire très appréciée dans la région, souvent préparée de manière spécifique. Même si cela est moins courant aujourd'hui, cela a contribué à forger l'identité culinaire de la ville.

Folklore et Mascotte : L'escargot est très présent dans le folklore namurois. On le retrouve par exemple sur le rocher de la Citadelle (comme dans l'illustration !), et il est devenu une mascotte de la ville, souvent représenté sur des souvenirs ou lors d'événements locaux. C'est un emblème de la ville, tout comme le coq pour la Wallonie.

Bref, l'escargot est un symbole d'identité pour les Namurois, alliant une touche d'humour à l'histoire locale !

mercredi 19 novembre 2025

Un jour, une expression - Mettre pied à terre


"Mettre pied à terre" est une expression particulièrement riche car elle a donné naissance à plusieurs concepts distincts. 

Définition principale

"Mettre pied à terre" signifie descendre de cheval ou de voiture. C'est l'action physique de quitter sa monture ou son véhicule pour poser le pied au sol.

Origine et étymologie

L'expression provient directement de l'équitation et des transports anciens. À l'époque où les chevaux et les voitures tirées par des animaux étaient les principaux moyens de transport, "mettre pied à terre" était un geste quotidien concret et nécessaire.

L'expression est très ancienne et remonte au moins au XVIe siècle, période où elle était d'usage courant dans la littérature et les récits de voyage.

Usage et contextes

Usage historique et littéraire :

"Le grand-maréchal et le général Gourgaud ont été obligés de mettre pied à terre et de pousser à la roue" (Las Cases, Mémorial de Sainte-Hélène)

Usage contemporain :

  • En cyclisme : "les cyclistes seront invités à mettre pied à terre pour pouvoir s'y engager" 
  • En équitation moderne
  • Figurément : s'arrêter, faire une pause dans un voyage

Particularité orthographique importante

Attention à ne pas confondre :

  • "Mettre pied à terre" (expression verbale) = l'action de descendre
  • "Un pied-à-terre" (nom composé avec traits d'union) = logement où l'on ne réside pas à demeure, que l'on occupe à l'occasion 

Le nom "pied-à-terre"

Le nom "pied-à-terre" (avec traits d'union) désigne un logement secondaire, un point d'attache temporaire. Cette notion vient de l'idée d'avoir un endroit où "poser le pied" lors de déplacements.

Expressions connexes

  • "Prendre pied" = s'établir quelque part
  • "Avoir un pied-à-terre" = disposer d'un logement d'appoint
  • "Remettre pied à terre" = redescendre, revenir à la réalité

Équivalents dans d'autres langues

En anglais : "to dismount", "to get off" 

Dans d'autres langues :

  • Allemand : "absteigen" (descendre), "zu Fuß gehen" (aller à pied)
  • Espagnol : "apearse", "desmontar"
  • Italien : "scendere da cavallo", "smontare"

Évolution sémantique

L'expression illustre parfaitement l'évolution des moyens de transport : d'abord liée aux chevaux, elle s'est adaptée aux véhicules motorisés, puis aux vélos. Elle conserve aujourd'hui sa vitalité dans des contextes spécialisés (cyclisme, équitation) tout en gardant son sens figuré de "s'arrêter, faire une pause".

Usage figuré moderne

Dans un sens métaphorique, "mettre pied à terre" peut signifier :

  • Faire une halte dans un voyage
  • S'arrêter pour reprendre ses esprits
  • Revenir à des préoccupations terrestres, concrètes

Cette expression montre magnifiquement comment le français conserve et adapte des expressions issues de pratiques historiques pour les faire vivre dans des contextes contemporains.

mardi 18 novembre 2025

Un jour, une expression - Avoir toujours un pied en l'air

 


🏃‍♀️ Avoir Toujours un Pied en l'Air

Sens et Signification

Cette expression signifie :

  • Être constamment en mouvement, actif, ou pressé.

  • Être toujours sur le point de partir, de s'en aller, ou de quitter un lieu.

  • Avoir une nature instable, vagabonde, ou peu sédentaire.

  • Par extension, cela peut désigner quelqu'un qui est rarement présent ou qui ne s'attarde jamais.

Origine et Étymologie

  • Origine : L'expression est tirée d'une observation physique simple. Lorsqu'on a un pied levé, on est dans l'action de marcher, de courir, ou de se préparer à partir.

  • Imagerie : Le "pied en l'air" symbolise l'état intermédiaire entre l'arrêt et le départ, la légèreté du mouvement. Si l'on est toujours dans cette position, cela traduit une incapacité à rester immobile ou à s'ancrer dans le temps ou l'espace.

Registre et Nuances

  • Registre : L'expression est du langage courant à familier. Elle est utilisée pour décrire le tempérament ou le mode de vie d'une personne.

  • Nuances : Elle connote souvent l'agitation, la légèreté ou, parfois, une forme de nervosité. Elle peut être dite avec admiration (pour une personne dynamique) ou avec une pointe de critique (pour une personne insaisissable ou qui ne prend jamais le temps).

Exemples d'Utilisation

  • "Depuis qu'elle a déménagé, elle est devenue une vraie globe-trotteuse ; elle a toujours un pied en l'air." (Nature vagabonde)

  • "Impossible de le retenir, il est très actif et a toujours un pied en l'air pour sa prochaine réunion." (Être pressé/dynamique)

  • "Ne vous attachez pas trop à ce chat, il est sauvage et a toujours un pied en l'air pour filer à la première occasion." (Peu sédentaire, insaisissable)

Expressions Synonymes en Français

  • Être toujours sur le départ.

  • Avoir la bougeotte. (Très familier)

  • Être volage / vagabond. (Si la nature est peu sédentaire)

  • Être hyperactif. (Plus moderne, axé sur la nervosité)

  • Être sur le qui-vive. (Axé sur la vigilance et la promptitude à réagir)

Équivalents dans d'Autres Langues

LangueExpressionTraduction Littérale
AnglaisTo be always on the go. / To have itchy feet.Être toujours en mouvement. / Avoir les pieds qui démangent (désir de voyager).
EspagnolEstar siempre de un lado para otro.Être toujours d'un côté à l'autre.
AllemandStändig auf Achse sein.Être constamment sur l'essieu (en route).
ItalienEssere sempre in movimento.Être toujours en mouvement.

Variantes et Dérivés

La forme est assez stable. On trouve parfois la variante "Avoir le pied léger" dans le sens de "prêt à partir", mais celle-ci est plus axée sur la grâce que sur la frénésie de mouvement.

Usage Contemporain

L'expression est moins fréquente que les classiques, mais elle est bien comprise. Elle est principalement utilisée pour décrire de manière pittoresque le caractère hyperactif ou le mode de vie nomade de quelqu'un.

lundi 17 novembre 2025

Citation de la semaine 47

 


« Pour connaître les amis il est nécessaire de passer par le succès et le malheur. Dans le succès, nous vérifions la quantité et dans le malheur, la qualité. » Confucius

dimanche 16 novembre 2025

Un jour, une expression - Avoir pied

 


L'expression "avoir pied" est fascinante et très riche. Laissez-moi vous présenter tout ce qu'il faut savoir sur cette expression française.

Définition et sens principal

"Avoir pied" signifie pouvoir toucher le fond avec les pieds lorsqu'on est dans l'eau. Plus précisément, cela désigne la capacité de rester debout dans l'eau en gardant la tête hors de l'eau grâce à ses pieds qui touchent le sol sous-marin.

Origine et étymologie

L'expression vient naturellement du domaine aquatique. Elle est d'origine très ancienne et découle logiquement de l'expérience physique concrète : quand on entre dans l'eau (mer, lac, piscine), on "a pied" tant qu'on peut se tenir debout en touchant le fond, et on "n'a plus pied" dès que l'eau devient trop profonde.

Usage et contextes

Usage littéral :

  • "Les enfants jouent dans la partie où ils ont encore pied"
  • "Je n'ose pas aller plus loin, je n'ai plus pied"
  • "Cette piscine fait 1m50, tu auras pied partout"

Formes courantes :

  • "Avoir pied" = pouvoir toucher le fond
  • "Ne plus avoir pied" / "Perdre pied" = ne plus pouvoir toucher le fond
  • "Reprendre pied" = retrouver une zone où l'on peut toucher le fond

Sens figuré et métaphorique

L'expression s'utilise aussi au sens figuré pour exprimer :

  • Se sentir en sécurité, maîtriser une situation : "Dans ce domaine, j'ai pied"
  • Comprendre, être à l'aise : "En mathématiques, il a pied, mais en littérature, il perd pied"

Expressions dérivées et connexes

  • "Perdre pied" (sens figuré) = perdre le contrôle, être dépassé par les événements
  • "Reprendre pied" = retrouver ses marques, reprendre le contrôle
  • "Ne plus avoir pied" = être complètement perdu, dépassé

Équivalents dans d'autres langues

Cette expression existe sous des formes similaires dans plusieurs langues :

  • Anglais : "to be out of one's depth" (littéralement "être au-delà de sa profondeur") pour le sens figuré
  • Allemand : "den Boden unter den Füßen verlieren" (perdre le sol sous les pieds)
  • Espagnol : "hacer pie" (faire pied)
  • Italien : "toccare il fondo" (toucher le fond)

Particularités linguistiques

L'expression est remarquable car elle illustre parfaitement comment une expérience physique universelle (la natation) devient une métaphore pour décrire des situations abstraites. C'est un exemple typique de la façon dont le français crée du sens figuré à partir d'expériences corporelles concrètes.

Comme le montre l'usage dans des méthodes d'apprentissage de la natation, cette expression reste très présente dans le vocabulaire aquatique contemporain, témoignant de sa vitalité dans la langue française actuelle.

samedi 15 novembre 2025

Un jour, une expression - Faire du pied

 



1) Sens et emploi courant

  • Signification principale : faire une avance amoureuse discrète, souvent lors d’un dîner ou d’une réunion, en touchant subtilement le pied d’une personne sous la table, pour manifester son intérêt. 

  • Connotations : flirt léger, séduction silencieuse, souvent à connotation érotique ou suggestive.

  • Usage typique : contextes familiers ou romantiques — non adapté aux situations formelles ou professionnelles.

2) Origine et évolution

  • Apparue au XXᵉ siècle, mais fondée sur une pratique bien plus ancienne— la drague discrète sous la table par le contact des pieds. 

  • Expressio (Reverso) mentionne même un exemple du XVe siècle (selon Les 100 nouvelles nouvelles, 1467), où un moine frôle le pied d’une femme pour exprimer son désir — cela déclenche la prise de conscience de son hôte.

  • Un utilisateur sur Expressio propose une origine prétendument médiévale, où les danses de cour exigeaient une bienséance stricte. Frôler le pied pouvait ainsi être un message amoureux discret.

  • Conclusion : l’expression s’est figée au XXᵉ, mais la pratique — et le sens — remontent à plusieurs siècles.

3) Nuances, contexte et registre

  • Registre : familier, un brin coquin. À manier avec prudence selon le contexte.

  • Nuances :

    • Subtilité : geste discret, visible seulement de l’intéressé·e.

    • Volonté : signal amoureux timide, souvent implicite.

    • Réception variable : peut être charmant ou intrusif selon la situation.

  • Risques : en milieu professionnel ou en cas d’inconfort, cela peut être perçu comme inapproprié voire harcèlement.

4) Grammaire et graphie

  • Construction : faire + du pied (masculin singulier).
    Il lui faisait du pied sous la table.
    L’expression est figée et invariable.

5) Exemples d’usage

  • « Il lui faisait du pied pendant le dîner. » — flirt discret sous la table. 

  • « J’ai senti quelqu’un me faire du pied en réunion. » — usage potentiellement maladroit ou inapproprié selon le contexte.

  • Extrait littéraire : Marcel Proust mentionne un comportement équivalent, dans une phrase évoquant les avances par le pied pendant un repas. 

6) Expressions similaires et variantes

  • Frotter l’orteil (familier, figuré) — moins courant.

  • Jouer du pied — variante rare, même sens.

  • Expressions proches anglo­phones : to play footsie, to play footsie with someone (flirt discret sous la table).

7) Équivalents dans d’autres langues

LangueExpressionLittéralement / sens
Anglaisplay footsiejouer du pied, flirt discret
Allemandfüßelnpiétiner (faire du pied)
Italienfare piedinofaire du petit pied
Espagnolarrimar con el pie (Argentine) / dar con el pie (Espagne)approcher avec le pied
AutresDiverse périphrases similairescommuniquant la séduction subtile


8) Témoignage de perceptions contemporaines (Reddit)

Sur Reddit, un internaute questionne si certains (jeunes) pratiquent réellement le geste ou s’ils l’emploient comme expression “sans y penser” :

« Attends mais... Y'a vraiment des gens qui font du pied pour de vrai ? Pour moi c'est juste une blague "arrête de me faire du pied" quand tu touches sans faire exprès. »

Une autre discussion interroge si c’est perçu comme gênant ou gros lourd :

« C’est vu comme une méthode de gros lourd ou ça passe ? Ça dépend du contexte peut-être ? » 

Ces extraits illustrent que la perception varie fortement selon les personnes et les contextes : charme discret ou intrusion.

9) Tableau récapitulatif

AspectDétail
SensAvance amoureuse discrète par le pied sous la table
OrigineXXᵉ siècle, mais pratique ancienne (XVe…)
RegistreFamilier, coquet, à manier avec nuance
RisquesInapproprié dans un contexte professionnel
VariantesJouer du pied
ÉquivalentsPlay footsie, füßeln, fare piedino, arrimar con el pie
Témoignage contemporainUsage contesté ou humoristique selon génération

En résumé

« Faire du pied » = envoyer un signe amoureux discret en touchant le pied de quelqu’un, généralement sous la table. Origine ancienne mais inscription dans l’usage moderne au XXᵉ siècle. Registre familier, délicat, parfois mal perçu hors contexte complice. Plusieurs tournures et équivalents dans d'autres langues rendent compte de l’universalité du geste.


vendredi 14 novembre 2025

Un jour, une expression - Avoir bon pied, bon oeil

 

1) Sens et emploi courant

  • Sens principal : être en bonne forme physique et alerte, surtout en parlant d’une personne âgée qui marche bien (bon pied) et voit bien (bon œil).
    « À 82 ans, elle a encore bon pied, bon œil. »

  • Valeur pragmatique : compliment bienveillant sur la vigueur et la lucidité (marche + vue symbolisent la mobilité et la vigilance).

  • Registre : courant, idiomatique, légèrement figé; fréquent dans les contextes familiaux, journalistiques, biographiques.

  • Connotations : plutôt positives (vigueur, vitalité). Peut être ironique si le contexte s’y prête (« Il se dit fatigué, mais il a bon pied, bon œil ! »).

2) Étymologie et histoire

  • Construction binaire typique du français classique : « bon + [partie du corps], bon + [partie du corps] » pour exprimer une aptitude complète.

  • Motivation sémantique transparente : bon pied = bien se tenir/marcher; bon œil = bonne vue/sens de l’observation. Comme la marche et la vue déclinent avec l’âge, l’expression s’est spécialisée pour qualifier des seniors encore vaillants.

  • Attestée depuis l’époque moderne (XVIIᵉ-XVIIIᵉ s., registre proverbial), diffusée par l’usage courant et la presse.

3) Nuances, contextes, et portée

  • Typique : portraits, notices nécrologiques positives, témoignages familiaux, reportages sur le “bien vieillir”.

  • Portée : met l’accent sur l’autonomie (se déplacer) et la vigilance (voir/percevoir).

  • Limites : peut paraître paternaliste si adressé à quelqu’un de non âgé; éviter en contexte médical délicat.

  • Ironie : possible pour souligner une endurance inattendue ou une vue perçante (« Il a repéré la faute à 10 mètres : bon pied, bon œil ! »).

4) Grammaire et orthographe

  • Structure : verbe avoir + syntagme figé « bon pied, bon œil ».
    « J’ai / Tu as / Elle a bon pied, bon œil. »

  • Invariabilité : on garde le singulier (bon pied, bon œil) même au pluriel du sujet.
    « À 90 ans, ils ont bon pied, bon œil. »

  • Ponctuation : la virgule est usuelle (bon pied, bon œil), mais on voit aussi sans virgule (bon pied bon œil).

  • Graphie : œil s’écrit de préférence avec la ligature œ (tolérance : oeil).

    • Prononciation : [bɔ̃ pje bɔ̃ nœj]. (Le n de bon fait la liaison devant œil.)

5) Collocations et tournures fréquentes

  • Encore / toujours bon pied, bon œil.

  • À X ans, bon pied, bon œil.

  • Rester / demeurer bon pied, bon œil.

  • Ne plus avoir bon pied, bon œil (valeur euphémistique).

6) Exemples d’usage (variés)

  • « Malgré son âge, elle conduit prudemment et marche chaque jour : bon pied, bon œil. »

  • « À 95 ans, l’ébéniste est toujours bon pied, bon œil dans son atelier. »

  • « Après l’opération, il est revenu bon pied, bon œil. » (emploi élargi = remis sur pied et alerte)

7) Variantes et expressions proches

  • Proches/synonymes (sens voisin) :

    • être encore vert ; être alerte ; être en pleine forme ; être vaillant ; fringant ; d’attaque ; alerte et lucide.

  • Associations voisines (pas synonymes stricts) :

    • avoir bon pied (marcher fermement, être stable) ;

    • avoir l’œil / avoir l’œil vif (sens de l’observation) ;

    • avoir l’œil à tout (surveiller) ;

    • avoir le compas dans l’œil (évaluer d’un coup d’œil) ;

    • tenir la forme, avoir la pêche (registre plus familier).

  • Antonymes/contraires usuels (selon contexte) :

    • fatigué, diminué, affaibli ;

    • avoir la vue basse/faible, trébucher, ne plus avoir bon pied, bon œil ;

    • expressions fortes : chanceler, tirer la jambe (fam.), avoir un pied dans la tombe (très rude).

8) Champs d’application (au-delà de l’âge)

  • Professionnel/artisanal : expérience + dextérité + acuité (ex. métiers d’art).

  • Sport/loisir : pour féliciter une pratique régulière à un âge avancé.

  • Observation : parfois focalisé sur la vue perçante (photographes, guetteurs, naturalistes), par extension.

9) Traductions, équivalents et parallèles

Il n’existe pas partout d’idiome strictement isomorphe (pied + œil), on passe souvent par un équivalent global « vigueur + alerte ».

  • Anglais : hale and hearty, spry, fit as a fiddle, still going strong.

  • Allemand : rüstig und munter, (noch) gut zu Fuß und mit wachem Blick (périphrase).

  • Italien : ancora arzillo, in gamba e di vista buona (périphrase), in forma smagliante.

  • Espagnol : en plena forma, lozano, con buena salud y vista (périphrase), parfois como una rosa (plutôt “frais”).

  • Portugais : são e salvo ne convient pas; préférer cheio de saúde, em plena forma, vivaz.

  • Polonais (approx.) : rześki i żwawy, w pełni sił.

  • Néerlandais : kwiek en fit, nog goed ter been en scherp van blik (périphrase).

10) Micro-détails utiles

  • Pragmalinguistique : souvent précédé d’un encore/toujours, marque d’admiration bienveillante.

  • Sociolinguistique : légèrement vieilli de ton (au sens “proverbial”), ce qui lui donne une chaleur familière.

  • Rythme : binôme isométrique (2×2 syllabes accentuelles), agréable à l’oreille → d’où sa survivance dans la langue.

11) Mini-lexique associé

  • bon pied : équilibre, sûreté, endurance, mobilité.

  • bon œil : acuité visuelle, vigilance, discernement (et parfois “œil pour les détails”).


Résumé 

Avoir bon pied, bon œil = être vigoureux et alerte, spécialement à un âge avancé (marche sûre + vue vive).
Expression figée, singulier, compliment.
Équivalents : hale and hearty / rüstig und munter / ancora arzillo.
Proches : être encore vert, alerte, fringant ; contraire : affaibli.