lundi 10 novembre 2025

Citation de la semaine 46

 


Quand j'étais petit, ma mère m'a dit que le bonheur était la clé de la vie. Quand je suis allé à l'école, ils m'ont demandé ce que je voulais être quand je serais grand. J'ai répondu heureux. Ils m'ont dit que je n'avais pas compris la question. J'ai répondu qu'ils n'avaient pas compris la vie.

John Lennon

dimanche 9 novembre 2025

Un jour, une expression - Un va-nu-pieds

 


« Un va-nu-pieds » :

Sens & registre

  • Définition :

    1. Sens premier (littéral) : personne qui marche pieds nus, sans chaussures.

    2. Sens figuré : par extension, une personne pauvre, misérable, démunie.

  • Registre : littéraire, ancien ou soutenu. On le trouve beaucoup dans la littérature (Hugo, Balzac…), mais moins dans le langage courant actuel.

Morphologie & formation

  • Type : nom composé, de la famille des verbes à l’impératif + complément (comme sauve-qui-peut, va-t-en-guerre, passe-partout).

  • Structure : va (impératif de aller) + nu (adjectif = « sans ») + pieds.

  • C’est donc littéralement : « [qui] va sans chaussures ».

  • Genre : masculin par défaut (un va-nu-pieds), mais peut s’appliquer aux deux sexes.

  • Pluriel : des va-nu-pieds (invariable sauf le -s de pieds).

Origine & histoire

  • Attesté dès le XVIᵉ siècle.

  • Forme héritée d’un usage médiéval où « aller nu-pieds » signifiait marcher sans souliers → signe visible de pauvreté ou d’ascétisme (moines mendiants, pèlerins, ordres religieux dits « va-nu-pieds »).

  • Au XVIIᵉ siècle, il est devenu un nom collectif pour désigner les miséreux (équivalent de gueux).

  • Exemple littéraire : Hugo, Les Misérables : le mot est utilisé pour insister sur la misère des classes populaires.

Nuances d’emploi

  • Dans un contexte religieux : certains ordres (franciscains, carmes déchaux, capucins…) furent surnommés « va-nu-pieds » pour leur règle d’austérité.

  • Dans la littérature sociale : désigne la pauvreté extrême, la marginalité.

  • Aujourd’hui, il est rare, et son emploi est surtout stylistique ou poétique, parfois ironique.

Équivalents dans d’autres langues

Chaque langue a développé son image pour désigner le miséreux :

  • Anglais : barefoot (littéral, neutre), ragamuffin (vieux, péjoratif, « vaurien en haillons »).

  • Espagnol : descalzo (pieds nus, aussi nom : « un pauvre »), pordiosero (mendiant).

  • Italien : scalzo (pieds nus), ou straccione (gueux).

  • Allemand : Barfußgänger (marcheur pieds nus, neutre), ou Armer Schlucker (pauvre type).

  • Néerlandais : blootsvoets (pieds nus), mais pour la misère on dit plutôt arme sloebers (pauvres diables).

Expressions & dérivés

  • Adj. ou nom collectif :

    • une armée de va-nu-pieds → troupe de misérables sans ressources.

  • Variante : aller nu-pieds (ancien français, aujourd’hui vieilli).

  • A donné des images littéraires fortes : les va-nu-pieds de la Révolution, les va-nu-pieds des faubourgs.

Notes stylistiques

  • L’expression garde une charge pittoresque et poétique.

  • Elle évoque non seulement la pauvreté matérielle, mais aussi une forme d’humilité volontaire (les moines « va-nu-pieds » renonçaient au confort).

  • Elle se prête bien aux registres narratifs, historiques ou poétiques, mais son usage au quotidien serait perçu comme archaïque.

En résumé :
« Un va-nu-pieds » est un nom composé ancien, construit comme un impératif, qui désignait à l’origine celui qui marchait sans chaussures, et qui en est venu à symboliser la pauvreté et la misère sociale. C’est un terme aujourd’hui rare mais riche d’histoire littéraire et religieuse.

samedi 8 novembre 2025

Un jour, une expression - Un pied-noir

 




« Pied-noir » : sens et usage

1. Définition générale

  • « Pied-noir » désigne les Français d’Algérie rapatriés en métropole après l’indépendance de l’Algérie en 1962.

  • Par extension, il peut désigner leurs descendants, même nés après le rapatriement.

Le mot ne décrit pas un statut juridique officiel mais une réalité historique et sociale.

2. Origine du terme

  • L’origine est incertaine et débattue :

    • Certains pensent que cela vient des chaussures noires portées par les colons français, contrastant avec les sandales locales.

    • D’autres évoquent le noircissement des pieds des marins et soldats par les bottes ou le goudron.

    • Une autre hypothèse : une expression populaire en Algérie française, reprise après 1950.

Aucun consensus, mais toutes les hypothèses ont en commun une image concrète (les pieds) associée à une identité visible.

3. Usages historiques et sociaux

  • Le mot se diffuse surtout après 1954 (début de la guerre d’Algérie).

  • Après 1962, il devient la manière courante de désigner cette communauté arrivée en masse en France (près d’un million de personnes).

  • Il a pu être perçu :

    • Neutre, comme un simple marqueur identitaire (beaucoup de rapatriés se sont eux-mêmes dits pieds-noirs).

    • Péjoratif, dans des contextes de rejet, ou dans la bouche de ceux qui associaient les rapatriés à la colonisation.

  • Aujourd’hui, il est souvent employé de manière historique ou mémorielle, parfois encore comme signe d’identité assumée.

4. Subtilités contemporaines

  • C’est un mot chargé d’affect : il renvoie à l’exil, à la perte d’un pays natal, à la mémoire coloniale, et aux difficultés d’intégration en France.

  • Il faut donc l’utiliser avec prudence :

    • Dans un cadre historique, universitaire ou descriptif, il est légitime.

    • Dans un usage familier, il peut être perçu comme trop marqué si le contexte n’est pas clair.

5. Équivalents et comparaisons

  • Peu de langues ont un mot aussi précis :

    • En anglais, on traduit souvent par pied-noir (emprunt direct), ou plus longuement French settlers from Algeria.

    • En espagnol ou italien, on emploie aussi le français.

6. Dimension mémorielle

  • Pied-noir n’est pas seulement une catégorie sociologique : c’est aussi une mémoire collective, entretenue par des associations, récits familiaux, œuvres littéraires et cinématographiques.

  • On retrouve le terme dans des contextes où il exprime :

    • la nostalgie d’une Algérie perdue (« la nostalgérie »),

    • la souffrance de l’exil,

    • parfois un rapport compliqué avec l’histoire coloniale.

En résumé

« Pied-noir » est un mot qu’on ne peut pas réduire à une simple étiquette :

  • c’est à la fois une désignation historique,

  • une identité revendiquée par certains,

  • et un terme sensible, car il renvoie à une mémoire douloureuse et à un passé colonial.

En parler avec subtilité, c’est rappeler qu’il s’agit d’une réalité humaine complexe, faite de vies déplacées, de souvenirs contrastés et d’héritages encore vivants.


Chronologie du terme « pied-noir »

Avant 1950

  • Algérie française (1830-1962) : la colonisation installe une population européenne en Algérie (majoritairement des Français, mais aussi des Espagnols, Italiens, Maltais, etc., devenus Français par naturalisation).

  • Le mot « pied-noir » existe peut-être déjà dans l’argot local, mais il reste très marginal et oral.

Années 1950

  • 1954 : début de la guerre d’Algérie.

  • Le terme « pied-noir » commence à circuler dans la presse et dans le langage courant, pour désigner les Français établis en Algérie.

  • Il est encore ambigu : certains l’emploient avec une nuance ironique ou péjorative, d’autres comme simple repère.

1962 : un tournant historique

  • Accords d’Évian (mars 1962) → fin de la guerre et indépendance de l’Algérie (juillet 1962).

  • En quelques mois, près d’un million de Français d’Algérie quittent le pays. On parle alors de « rapatriés ».

  • Le mot « pied-noir » se fixe et devient la désignation la plus courante de cette communauté.

Années 1960-1970

  • Les pieds-noirs doivent s’installer en métropole, souvent dans la hâte, avec le sentiment d’avoir perdu leur pays natal.

  • L’expression prend parfois une connotation négative dans la société française, associée aux tensions politiques (OAS, guerre d’Algérie, arrivée massive de réfugiés).

  • Mais parallèlement, elle devient aussi une identité revendiquée au sein des familles et associations de rapatriés.

Années 1980-2000

  • Le terme se stabilise dans la mémoire collective.

  • La littérature, les témoignages, les films (par ex. Un balcon sur la mer de Nicole Garcia, 2010) entretiennent l’image des pieds-noirs entre nostalgie et histoire douloureuse.

  • On parle de « nostalgérie », ce sentiment de regret de l’Algérie perdue.

Aujourd’hui

  • « Pied-noir » est toujours employé, mais avec une portée surtout historique et mémorielle.

  • Beaucoup de descendants de pieds-noirs (nés en France) connaissent le mot, mais parfois sans le vivre comme une identité forte.

  • Dans l’espace public, on reste attentif à son emploi : il peut être neutre (historique, universitaire, témoignages) ou chargé (selon le contexte politique).

Conclusion

Le terme « pied-noir » a donc :

  • émergé surtout pendant la guerre d’Algérie,

  • pris toute sa force au moment du rapatriement en 1962,

  • puis s’est fixé dans la mémoire collective, oscillant entre identité assumée, nostalgie et stigmate.

C’est un mot qui raconte à lui seul l’histoire d’un déracinement.

vendredi 7 novembre 2025

Un jour, une expression - Un pied-de-biche

 


Le mot « pied-de-biche » est passionnant, parce qu’il est à la fois très concret (outil, animal, plante) et très imagé

1. Le sens principal : l’outil

  • Définition : barre de fer coudée, dont l’extrémité est aplatie et fendue, utilisée pour faire levier, arracher des clous, soulever ou forcer une ouverture.

  • C’est l’outil classique des menuisiers, charpentiers, ouvriers… mais aussi associé à l’image des cambrioleurs.

🐾 Pourquoi ce nom ?

  • L’outil est appelé ainsi parce que son extrémité recourbée et fendue ressemble au sabot fendu d’une biche (le cervidé).

  • D’où l’expression descriptive : pied de biche = « sabot de biche ».

2. Autres sens

  • En botanique : « pied-de-biche » est le nom populaire donné à plusieurs plantes, généralement à cause de la forme de leurs feuilles ou racines rappelant un sabot.

    • Exemple : l’aristoloche clématite est appelée ainsi dans certaines régions.

  • En zoologie (rare) : on peut désigner littéralement le pied d’une biche (l’animal), mais ce n’est pas l’usage courant.

3. Origine & étymologie

  • Le mot est attesté au XIXe siècle pour l’outil.

  • Il vient directement de l’analogie visuelle : l’extrémité recourbée rappelle un sabot fendu.

  • Le mot composé est formé de manière très française :

    • pied (du latin pes, pedis) → membre servant à marcher.

    • biche (du latin bīscia, via le gaulois bikkia, « cerf femelle »).

👉 Littéralement : « sabot de la biche ».

4. Expressions et usages

  • Contrairement à « mettre les pieds dans le plat », « pied-de-biche » n’a pas vraiment d’emplois figurés établis en français.

  • Il reste surtout :

    • concret (l’outil),

    • métaphorique par sa forme (analogie avec le sabot).

  • Cependant, dans le langage courant, il peut évoquer :

    • l’idée de force brute, levier, effraction (Il a ouvert ça au pied-de-biche).

    • Par extension : il est rentré dans le sujet au pied-de-biche → image d’un abord violent ou sans finesse (métaphore personnelle, pas codifiée).

5. Dans d’autres langues

Le mot n’a pas de traduction littérale partout, car le nom varie selon l’analogie choisie :

  • Anglais : crowbar = « barre de corbeau » (parce que la forme évoque le bec d’un corbeau).

  • Allemand : Brechstange = « barre de rupture/forçage » (plus technique).

  • Néerlandais : koevoet = « pied de vache » (encore un sabot fendu !).

  • Espagnol : pata de cabra = « patte de chèvre ».

  • Italien : piede di porco = « pied de porc ».

👉 On voit que les langues ont toutes eu recours à la même logique d’analogie animale pour décrire la forme recourbée de l’outil. Mais l’animal varie selon les cultures (biche, corbeau, vache, chèvre, porc).

6. Petite curiosité

  • En architecture, « pied-de-biche » désigne parfois un ornement de ferronnerie qui reprend la forme recourbée de l’outil.

  • Dans certaines régions rurales, on l’utilisait aussi comme surnom pour désigner quelqu’un d’ingénieux mais un peu brutal (rare, vieilli).

En résumé :
« Pied-de-biche » désigne principalement l’outil de levier, nommé ainsi par analogie avec le sabot fendu du cervidé. Son nom suit une logique partagée par d’autres langues, qui choisissent d’autres animaux pour la même idée de forme recourbée.

jeudi 6 novembre 2025

Un jour, une expression - Un pied-à-terre

 


"Un pied-à-terre" (nom composé avec traits d'union) :

Définition précise

Selon l'Académie française, un pied-à-terre est un "logement où l'on ne réside pas à demeure, que l'on occupe à l'occasion". Plus spécifiquement, c'est "une petite unité de vie, par exemple un appartement ou une petite villa, généralement située au cœur d'une grande ville, mais quelquefois dans la banlieue de celle-ci, à une certaine distance de la résidence principale d'un particulier et dans laquelle il ne réside que pour de courts séjours".

Origine et étymologie

Ce terme qui associe les mots "pied" et "terre", utilisé en français dès le XVIIIe siècle provient de l'idée littérale d'avoir un endroit où "poser le pied sur terre", c'est-à-dire un point d'ancrage temporaire.

Historiquement, le pied-à-terre désignait à l'origine "un logement modeste et temporaire pour un soldat" avant d'évoluer vers son sens immobilier moderne.

Distinction importante

Il faut bien distinguer :

  • "Un pied-à-terre" = nom composé (logement secondaire)
  • "Mettre pied à terre" = locution verbale (action de descendre)

Le pied-à-terre "se distingue de la résidence secondaire" car il est typiquement urbain et destiné à des séjours courts et fréquents, plutôt qu'aux vacances.

Caractéristiques typiques

Un pied-à-terre est généralement :

  • Petit (studio, petit appartement)
  • Urbain (centre-ville, quartiers d'affaires)
  • Fonctionnel (meublé, prêt à l'usage)
  • Temporaire (séjours courts et ponctuels)
  • Professionnel ou pratique (voyages d'affaires, études, etc.)

Usage contemporain

Le terme est largement utilisé dans l'immobilier moderne, particulièrement dans les grandes villes où il désigne un investissement immobilier spécifique répondant aux besoins de mobilité professionnelle.

Présence internationale

Adoption en anglais

Le terme français "pied-à-terre" est également employé tel quel en anglais pour décrire le même concept, témoignant de l'influence du français dans le vocabulaire immobilier international.

Équivalents dans d'autres langues

En allemand : "Absteigequartier" (logement d'étape)

Dans d'autres langues :

  • Espagnol : "apartamento de paso", "segunda vivienda urbana"
  • Italien : "appartamento di passaggio", "dimora temporanea"

Grammaire et orthographe

  • Masculin : "un pied-à-terre"
  • Pluriel : "des pieds-à-terre"
  • Invariable en genre : on dit toujours "un" pied-à-terre
  • Traits d'union obligatoires

Expressions connexes

  • "Avoir un pied-à-terre" = disposer d'un logement d'appoint
  • "Servir de pied-à-terre" = faire office de logement temporaire
  • "Chercher un pied-à-terre" = rechercher un logement secondaire urbain

Évolution sémantique moderne

Le concept s'est enrichi avec :

  • La mondialisation des affaires
  • L'augmentation de la mobilité professionnelle
  • Le développement des grandes métropoles
  • Les nouveaux modes de travail (télétravail, missions courtes)

Particularité culturelle

L'expression illustre parfaitement l'art de vivre français qui valorise l'idée d'avoir plusieurs "chez-soi", reflétant une conception sophistiquée de l'habitat et de la mobilité. C'est un concept très parisien à l'origine, qui s'est généralisé à toutes les grandes villes.

Cette expression montre comment le français a créé un terme spécifique pour un mode de vie urbain moderne, exporté ensuite dans d'autres langues sans traduction !

mercredi 5 novembre 2025

Un jour, une expression - Prendre son pied

 


"Prendre son pied" - est une expression qui a connu une évolution sémantique particulièrement intéressante ! Dans son usage contemporain le plus courant, elle signifie éprouver un plaisir intense, se faire plaisir, ou encore réussir quelque chose avec satisfaction.

L'origine de cette expression est débattue. Une hypothèse l'associe au vocabulaire de l'escrime, où "prendre son pied" désignait le fait de bien positionner ses appuis pour porter une botte efficace. Une autre théorie la rattache au monde de la navigation, où avoir un bon "pied" (point d'ancrage) était essentiel.

Depuis les années 1960-70, l'expression a acquis une connotation plus familière, voire argotique, pour exprimer un plaisir intense dans diverses situations - professionnelles, créatives, sportives ou autres.

Dans la littérature contemporaine, on la retrouve chez des auteurs comme Frédéric Dard (San-Antonio) qui manie ce type d'expressions populaires avec virtuosité. Elle apparaît aussi dans des romans plus récents qui captent le langage de leur époque.

Au quotidien, on l'emploie dans des contextes variés : "Il prend vraiment son pied à restaurer cette vieille moto" ou "Elle a pris son pied à présenter ce projet devant le conseil d'administration."

Cette expression illustre bien comment la langue évolue, une locution technique devenant progressivement une façon expressive de parler du plaisir et de la satisfaction personnelle.


Sens et signification

"Prendre son pied" signifie éprouver un plaisir intense, une satisfaction profonde ou une jouissance dans une activité. L'expression peut désigner différents types de plaisir : intellectuel, artistique, physique ou sensuel. Dans le langage familier contemporain, elle peut avoir une connotation sexuelle, mais son usage est beaucoup plus large et peut s'appliquer à toute source de plaisir ou de satisfaction intense, comme la musique, le sport, la gastronomie ou tout accomplissement personnel.

Origine et étymologie

Cette expression remonte au XVIIe siècle et trouve son origine dans le vocabulaire de la navigation et de l'escalade. "Prendre pied" signifiait initialement trouver un appui solide, une base stable pour se tenir. Par extension métaphorique, "prendre son pied" a évolué vers l'idée de trouver sa satisfaction, son plaisir, son épanouissement dans une situation. L'évolution sémantique s'est faite progressivement du sens concret (trouver un appui physique) vers le sens figuré (trouver son plaisir). La dimension sexuelle de l'expression s'est développée plus tardivement, au XXe siècle.

Registre et nuances

L'expression appartient au registre familier et peut parfois avoir une connotation triviale selon le contexte. Elle nécessite une certaine prudence d'usage selon les situations et les interlocuteurs, car elle peut être interprétée de manière ambiguë. Le ton peut varier de l'enthousiasme innocent à la confidence plus intime, selon l'intention du locuteur et le contexte de la conversation.

Exemples d'utilisation

  • "Il prend vraiment son pied quand il joue de la guitare."
  • "Elle a pris son pied pendant tout le concert de jazz."
  • "Tu vas prendre ton pied avec ce restaurant, c'est exactement ton style de cuisine."
  • "Il prend son pied à bricoler dans son garage le week-end."
  • "J'ai pris mon pied à résoudre cette équation complexe."

Expressions synonymes en français

  • "Prendre du plaisir"
  • "Se régaler"
  • "Kiffer" (argot moderne)
  • "Éclater" (familier)
  • "Se faire plaisir"
  • "Jouir de" (plus soutenu)
  • "Savourer"
  • "Apprécier"
  • "S'éclater"
  • "Avoir du bon temps"
  • "Être aux anges"

Équivalent dans d'autres langues

  • Anglais : "To get a kick out of", "To have a blast", "To enjoy oneself"
  • Espagnol : "Disfrutar", "Gozar", "Pasárselo bien"
  • Italien : "Godersela", "Divertirsi", "Provare piacere"
  • Allemand : "Spaß haben", "Sich amüsieren", "Gefallen finden"
  • Portugais : "Curtir", "Gostar muito", "Sentir prazer"

Variantes et dérivés

  • "Prendre son pied à faire quelque chose"
  • "Il prend son pied"
  • "Tu vas prendre ton pied"
  • "Prendre grave son pied" (argot)
  • "Ne pas prendre son pied"
  • "Faire en sorte de prendre son pied"
  • "Laisser prendre son pied"

Usage contemporain

L'expression reste très courante dans le français contemporain familier, particulièrement chez les jeunes générations. Elle est fréquemment utilisée pour exprimer l'enthousiasme et la satisfaction dans de nombreux domaines : loisirs, musique, sport, gastronomie, voyages, etc. Dans la culture populaire, elle apparaît souvent dans les conversations informelles, les réseaux sociaux et les médias jeunes. Cependant, son usage nécessite une attention particulière au contexte et à l'audience, car sa possible connotation sexuelle peut créer des malentendus ou des situations embarrassantes dans des contextes formels ou professionnels. L'expression illustre parfaitement l'évolution du langage familier et la richesse des nuances que peut porter une même locution selon les générations et les contextes d'usage. Elle reste un moyen expressif et vivant de communiquer son plaisir et son enthousiasme dans la langue française contemporaine.

mardi 4 novembre 2025

Un jour, une expression - Mettre les pieds dans le plat

 


"Mettre les pieds dans le plat" - est une expression qui évoque immédiatement la maladresse et l'indélicatesse ! Elle signifie intervenir de manière brutale, sans tact ni diplomatie, dans une situation délicate. C'est aborder un sujet embarrassant ou sensible avec une franchise qui peut choquer ou blesser.

L'image est savoureuse : imaginez quelqu'un qui, au lieu de se servir délicatement dans un plat avec les couverts appropriés, y plonge directement ses pieds ! Cette métaphore culinaire illustre parfaitement le manque de finesse et de savoir-vivre.

L'expression trouve ses racines au XVIIe siècle, où "mettre le pied dans le plat" désignait déjà cette façon brutale d'aborder les choses, sans les précautions d'usage.

En littérature, Molière excelle à créer des personnages qui "mettent les pieds dans le plat". Pensez à Alceste dans Le Misanthrope, qui par sa franchise excessive choque régulièrement son entourage, ou encore à certains personnages de Balzac qui, par manque de tact, compromettent leurs relations sociales.

Dans la vie quotidienne, on dira : "Il a vraiment mis les pieds dans le plat en évoquant leur divorce devant toute la famille" ou "Avec sa remarque sur son âge, tu as mis les pieds dans le plat !"

Cette expression capture merveilleusement cette tendance humaine à parfois manquer cruellement de diplomatie, même avec les meilleures intentions du monde.


Sens et signification

"Mettre les pieds dans le plat" signifie aborder un sujet délicat sans ménagement, dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas, ou encore commettre une maladresse en évoquant un sujet tabou ou embarrassant. L'expression évoque quelqu'un qui, par franchise excessive, naïveté ou maladresse, révèle une vérité gênante ou soulève une question que l'on préférait éviter. Elle peut être utilisée de manière positive (courage de dire la vérité) ou négative (manque de tact).

Origine et étymologie

Cette expression remonte au XIXe siècle et utilise une métaphore culinaire particulièrement expressive. L'image évoque quelqu'un qui, au lieu de se servir délicatement avec les couverts appropriés, plongerait directement ses pieds dans le plat, créant un désordre et un scandale à table. Cette métaphore de la grossièreté et de l'impolitesse extrême traduit parfaitement l'idée d'une intervention brutale et sans finesse dans une conversation ou une situation délicate. La référence aux "pieds" plutôt qu'aux "mains" accentue le caractère choquant et inconvenant du geste.

Registre et nuances

L'expression appartient au registre familier à courant. Elle peut véhiculer différentes nuances selon le contexte : admiration pour le courage de celui qui ose dire la vérité, reproche pour son manque de tact, ou simple constat d'une maladresse. Le ton peut être amusé, réprobateur, ou admiratif selon que l'on considère l'action comme nécessaire ou déplacée.

Exemples d'utilisation

  • "Il a mis les pieds dans le plat en demandant directement au patron pourquoi les salaires n'augmentaient pas."
  • "Elle a encore mis les pieds dans le plat en parlant du divorce devant toute la famille."
  • "Tu as mis les pieds dans le plat avec ta question sur son âge !"
  • "Quelqu'un devait bien mettre les pieds dans le plat sur ce sujet qui fâche."
  • "J'ai mis les pieds dans le plat sans le vouloir en évoquant son ex-mari."

Expressions synonymes en français

  • "Foncer dans le tas"
  • "Aller droit au but"
  • "Ne pas y aller avec le dos de la cuillère"
  • "Dire les choses crûment"
  • "Ne pas prendre de gants"
  • "Abattre ses cartes"
  • "Crever l'abcès"
  • "Mettre les pieds dans le plat"
  • "Sortir l'artillerie lourde"
  • "Ne pas mâcher ses mots"
  • "Appeler un chat un chat"

Équivalent dans d'autres langues

  • Anglais : "To put one's foot in it", "To open a can of worms", "To speak one's mind"
  • Espagnol : "Meter la pata", "Ir al grano", "Hablar sin rodeos"
  • Italien : "Mettere i piedi nel piatto", "Dire pane al pane"
  • Allemand : "Ins Fettnäpfchen treten", "Den Finger in die Wunde legen"
  • Portugais : "Meter os pés pelas mãos", "Falar sem rodeios"

Variantes et dérivés

  • "Mettre les deux pieds dans le plat"
  • "Il a mis les pieds dans le plat"
  • "Éviter de mettre les pieds dans le plat"
  • "Risquer de mettre les pieds dans le plat"
  • "Mettre les pieds dans le plat involontairement"
  • "Mettre carrément les pieds dans le plat"
  • "Qui va mettre les pieds dans le plat ?"

Usage contemporain

L'expression reste très vivante dans le français contemporain et trouve une résonance particulière à notre époque où les non-dits, les sujets tabous et la communication politique correcte sont omniprésents. Elle est fréquemment utilisée dans les contextes médiatiques pour décrire des journalistes ou des personnalités qui osent aborder des sujets sensibles, dans le monde professionnel pour qualifier des interventions directes sur des dysfonctionnements, ou dans la vie privée pour décrire des maladresses sociales. Sur les réseaux sociaux, elle peut être revendiquée comme une qualité ("j'assume de mettre les pieds dans le plat") ou utilisée pour s'excuser d'une maladresse. L'expression garde toute sa pertinence dans un monde où l'équilibre entre franchise et diplomatie reste un défi quotidien, et où le courage de dire certaines vérités dérangeantes est parfois nécessaire mais toujours délicat.